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Dimanche, 13 Novembre 2022
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Los toros en el cine (1)…
 
Le cinéma taurin a fait son apparition à Madrid, en 1896, où une équipe d'opérateurs de Louis Lumière a présenté au public espagnol le cinématographe lors de la Feria de Madrid (devenue plus tard San Isidro).
 
En 1897, Francis Doublier, opérateur Lumière, filme une corrida à Barcelone.
 
Depuis lors, la corrida a été un thème traité tantôt sous forme de document, tel le « Arruza » de Budd Boetticher ou « Les Années Arruza » de Emilio Maillé (1996), tantôt sous forme de fiction comme le film de Pedro Almodóvar « Parle avec elle » ou sous forme de docu-fiction tel « Manolete » (2010) de Menno Meyjes.
 
Si la majorité des fictions taurines produites au cinéma ont été jugées secondaires par la critique spécialisée, bien que les scènes jouées par des acteurs soient entrecoupées de scènes de tauromachie réelles, les documentaires et reportages sont considérés par les mêmes comme des références importantes, tant pour l'histoire de la tauromachie que pour celle du cinéma. La Cinémathèque française en possède un grand nombre, parmi lesquels les documents Lumière sur les premières écoles taurines.
 
Les Frères Lumière ont été les premiers à faire réaliser de courtes bandes d'inspiration taurine aussitôt ajoutées au catalogue de vente de leur société.
 
Parmi celles-ci, le torero Luis Mazzantini est présenté avec sa cuadrilla. La bande tournée à Madrid en 1896 par l'opérateur de Louis Lumière, Alexandre Promio, s'intitule « Madrid, arrivée des toréadors ».
 
Le même Alexandre Promio tourne cette même année « Course de taureaux ».
 
En 1897, une corrida est filmée à Barcelone.
 
En 1898, à Nîmes, douze bandes taurines ont été tournées par des opérateurs Lumière, détaillant toutes les phases de la corrida depuis le transfert des taureaux aux arènes, jusqu'à l'arrastre.
 
La « préhistoire » du cinéma taurin français ne se limite pas aux productions des frères Lumière puisque dès 1908 la société Lux produit un documentaire naturaliste « Course de taureaux à Séville » ; la même année, la société Gaumont tourne « Corrida de taureaux » en Espagne avec Bombita, et les studios Raleigh « Corrida de Taureaux » à Barcelone en 1909.
 
En 1911, la société Gaumont a produit « Carolino toréador » et Max Linder inaugure le genre comico-taurin avec « Max toréador ». Georges Sadoul considère que « Max toréador » est le meilleur film de Linder.
 
L'ancien critique taurin de Lunel, Louis Feuillade, devenu cinéaste, tourne en 1906 dans les arènes de Nîmes « Jolies passes du toréador Machaquito » et réalise en Espagne: « Les Fiancés de Séville » (1915).
 
En 1916, il intercale des scènes taurines dans « Les Yeux qui fascinent ».
 
Vers 1921, l'actrice Musidora fut productrice et actrice du film « Soleil et ombre » dans lequel le rejoneador Antonio Cañero était conseiller artistique et acteur.
 
Elle réalise en 1923 « La Terre des taureaux », un documentaire sur la vie de élevages.
 
La même année, Henry Vorins adapte un texte de Théophile Gautier sur la corrida et il filme le matador Pedrucho.
 
Le document a un tel succès que Vorins produit l'année suivante un long métrage Pedrucho.
 
La plupart des films tournés ensuite ont été taxés «d'espagnolades», c'est-à-dire de films sans grande valeur, soit qu'il s'agisse de mélodrames larmoyants comme « Le Picador » de Lucien Jaquelux , soit de films burlesques comme « Arènes joyeuses » (1935), une opérette mise en scène par Karel Anton avec Alibert et Charpin comme acteurs. Ce même titre est repris en 1958 par le réalisateur Maurice de Canonge en 1958 avec Fernand Reynaud et un scénario différent du premier.
 
Dans les années 1950, un bon documentaire de Pierre Braunberger « La Course de taureaux » vient relever le niveau, un peu bas, de la cinématographie taurine.
 
La veine burlesque lancée par Max Linder est très vite passée à Hollywood avec « Rigolo matador » (Stan Laurel, 1924), « The Bullfight » (Mack Sennett ), « Le Terrible toréador » (parodie de Carmen de Raoul Walsh, 1927), et même dans les studio d'animation : Woody Woodpecker apparaît dans « Hollywood matador » de Walter Lantz (1942), Donald Duck devient un des « Trois caballeros » de Norman Ferguson (1945), Droopy devient « Señor Droopy » de Tex Avery (1949) ainsi que Dingo, Popeye et Tom et Jerry (1957).
 
Plus sérieuses et de meilleure qualité, les adaptations d'œuvres littéraires ont connu un certain succès ; notamment « Arènes sanglantes », le roman de Vicente Blasco Ibáñez, a inspiré quatre adaptations dont la première (1916) met en valeur l'ensemble du mundillo à titre documentaire.
 
En 1922, une version muette de Fred Niblo connaîtra un grand succès grâce à sa vedette : Rudolph Valentino.
 
D'autres versions suivent, mais la plus flamboyante est celle de Rouben Mamoulian avec Rita Hayworth et Tyrone Power dont le matador John Fulton dit que c'est après avoir vu ce film qu'il a eu la vocation de torero.
 
A suivre…
 
Patrice Quiot