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Mercredi, 26 Octobre 2022
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Tavernes madrilènes con historia…(2)
 
 Bar Miami. Gran Vía 31
 
Pendant la guerre civile, il y avait d'autres endroits très populaires, comme le Bar Miami, aujourd'hui disparu• situé sur la Calle Gran Vía 31, attaché au Café Zahara, les deux situés presque en face du bâtiment Telefónica.
 
Geoffrey Cox, l'un des premiers journalistes arrivés à Madrid au début du conflit, a décrit le bar de Miami comme l'un des bars les plus animés et les plus en vogue, dans une atmosphère à odeur de tabac.
 
« Los grandes sillones se ensuciaban con los uniformes y la ropa rugosa. La música un poco pasada de moda. Detrás de la barra había una pintura grande con hombres lánguidos y mujeres retozando en un mar azul y un yate que se deslizaba hacia el techo. El local a veces se quedaba sin cervezas ya que la distribución de producto no era siempre posible. »
 
C'était l'un des endroits où les combattants se rendaient fréquemment lorsqu'ils étaient en permission dans la ville. 
 
Parmi eux, John Cornford, un jeune poète brigadiste qui, en décembre 1936, se remettait de ses blessures à la tête résultant des combats dans la ville universitaire. 
 
Lorsque des bombes commencèrent à tomber sur le bâtiment Telefónica, ses amis lui suggérèrent de changer de rade, mais il rejeta l’idée.
 
L'endroit lui plaisait, mais « principalmente quería demostrar su confianza en la ruptura del asedio, gracias a la llegada de nuevos voluntarios. »
 
Le 28 de ce même mois de décembre, il mourra lors de la bataille de Lopera, sur le front andalou.
 
Après la guerre, le Zahara a continué à fonctionner mais sans le bar Miami et a définitivement fermé en 2010, les locaux étant reconvertis en magasin de vêtements.
 
Anecdote taurine sur la Gran Vía, à côté du bar Miami :  
 
« Le 23 janvier 1928, la temporada taurine de Madrid débuta d’une manière improvisée sur la Gran Vía de la capitale espagnole.
En effet, un toro et une vache s’échappèrent du troupeau qui se dirigeait vers l’abattoir, et c’est en plein centre-ville qu’ils se retrouvèrent après avoir fait bien des dégâts et des blessés sur leur passage. La vache fut vite immobilisée, mais le toro continua son chemin, semant la panique.
Sur la Gran Vía, les gens hurlaient, se bousculaient, tentaient de se cacher dans les encoignures des portes. Les cris alertèrent le diestro Diego Mazquiarán « Fortuna » qui se promenait avec son épouse. Utilisant son manteau comme muleta, il improvisa une faena tout en criant : « Allez me chercher un estoque ! » 
Pendant qu’on allait chercher une arme plus adéquate, « Fortuna » offrit pendant 10 minutes une faena qui provoqua l’enthousiasme des assistants, faena d’autant plus mémorable qu’inattendue dans un lieu aussi atypique. Enfin, c’est d’un ¾ d’épée que le toro s’écroula sous les applaudissements venus des balcons, fenêtres et trottoirs. On coupa une oreille au toro et « Fortuna » fut promené a hombros à travers les rues.»  (Sources : Toros en Mimizan).
 
 
Casa Labra. C. de Tetuán, 12
 
Une autre des tavernes emblématiques est la Casa Labra, où fut fondé le 2 mai 1879, le Parti socialiste ouvrier espagnol PSOE. Les beignets de morue en sont la spécialité.
 
La tajada de bacalao est facturée à 1,75 €.
 
Et la croqueta de bacalao à 1,20 €.  
 
Tetuán, quartier situé au nord de Madrid, possédait sa propre arène : la Plaza de Toros de Tetuán de las Victorias qui disparut dans les années 50, après avoir été endommagée pendant la guerre civile.
 
La plaza fut inaugurée le 11 octobre 1900, avec des toros de D. Félix Gómez pour Antonio Montes José Palomar.
 
L'époque la plus brillante de la Plaza a été celle où Domingo González, "Dominguín", en était l’empresa.
 
Domingo Ortega, Manolo Bienvenida, Antonio Márquez et Cayetano Ordóñez, y ont fait le paseo
 
C’est à la Plaza de Toros de Tetuán de las Victorias que le 1er mai 1935, Manuel Rodríguez Sánchez, Manolete, fit sa présentation de novillero.
 
Rafael Gaona y prit l'alternative le 31 mai 1908.
 
 
Casa Botin, 17 Cuchilleros
 
« Le Guinness Book » le référence comme le plus vieux bar au monde.
 
Ouvert en 1725 par le cuisinier français Jean Botin, le restaurant porte toujours le nom, légèrement hispanisé, de son créateur : Sobrino de Botín car, à la mort du fondateur, c'est son neveu qui a repris l'établissement.
 
On dit que Francisco de Goya, à l’âge de 19 ans, y aurait travaillé comme aide-cuisinier.
 
Jacqueline Kennedy, Charlton Heston, Michael Douglas, Pedro Almodóvar et Ava Gardner étaient des habitués.
 
Le restaurant a été cité de nombreuses fois par des écrivains espagnols, tels que Benito Pérez Galdós, qui mentionne l’établissement dans son roman Fortunata y Jacinta ou Arturo Barea qui, dans La forja de un rebelde, écrit : « …Elle va seule, ou avec l’un d’entre nous, au Botín, un vieux restaurant de Madrid, et leur demande de rôtir un cochon de lait. Elle le mange seule - si nous n’y allons pas avec elle - avec un grand plat de laitue et un demi-litre de vin. » 
 
Les écrivains espagnols ne sont pas les seuls à s’être inspiré de ce restaurant :
 
Graham Greene, cite la Casa Botín dans l’une de ces dernières œuvres « Monsignor Quichotte » (1982), un roman dans lequel Greene, bien qu’en utilisant un ton modéré, confronte le marxisme et le catholicisme. Lorsque Père Quichotte, le prêtre local du village espagnol d’El Toboso qui clame sa parenté avec le personnage fictionnel Don Quichotte de Cervantes, est élevé au rang de Monsignor à cause d’une erreur cléricale, il part en voyage à Madrid pour acheter des chaussettes violettes, appropriées à son nouveau statut : « … Je suggère qu’avant d’acheter des chaussettes violettes, nous nous offrions un succulent repas au Botín… »
 
Des écrivains plus récents mentionnent le Botín, comme le britannique Frederick Forsyth, dans ses romans Icon, qui se déroule dans la Russie agitée de la fin des années 90 et The Cobra, un thriller sur le trafic international de la cocaïne.
 
A la page 146 de The Cobra, on lit: « De Vega l’emmena dans un vieux restaurant qui servait déjà à manger lorsque les conquistadors arrivèrent de leurs foyers en Estrémadure sauvage pour obtenir du Roi qui leur accordât la faveur de partir pour le Nouveau Monde. Lorsqu’il lui raconta cette histoire – une pure invention puis que le Sobrino de Botín dans la rue Cuchilleros est vieux, mais pas aussi vieux que cela – Letizia frissonna et jeta un œil autour d’elle pour voir si les vieux aventuriers dînaient encore là. »
 
La Casa Botín apparaît aussi dans « Le soleil se lève aussi », dans lequel Hemingway le mentionne dans la scène finale de son roman : 
 
« Nous avons déjeuné à l’étage du Botín. C’est l’un des meilleurs restaurants du monde. Nous avons eu du cochon de lait rôti et bu du Rioja alta. Brett a peu mangé. Elle n’a jamais beaucoup mangé. J’ai mangé une grosse assiette et bu trois bouteilles de Rioja alta. »
 
Patrice Quiot