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Mercredi, 31 Août 2022
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De « Pepete » à « Manolete » : Toros y pesetas…
 
« Pepete I » (José Dámaso Rodríguez y Rodríguez/1824-1862) fut le premier « economista taurino », le premier gestionnaire.
 
Le 20 avril 1862, dans les arènes de Madrid, le taureau « Jocinero » de Miura ayant renversé un picador, « Pepete » se précipita au secours de celui-ci. Par malheur, si le taureau se détourna du picador, ce fut pour planter sa corne dans la poitrine du matador, lui lésant gravement le cœur. « Pepete » trouva la force de se traîner jusqu’à la barrière, d’où on le porta jusqu’à l’infirmerie. Mais il était déjà trop tard.
 
On lui dédia les vers suivants :
 
« Pepete » salió a la plaza
 
Como un torero valiente
 
Por salvar a un picador
 
El toro le dio la muerte »
 
On raconte qu’ayant été blessé à la poitrine et montrant la blessure à quelques amis, il leur dit : « Estas cosas me la curo yo mismo con esta medicina", que consistía en pasar por la herida la “moneda de oro” que había recibido en pago ».
 
Il était le grand-oncle de « Manolete ».
 
 
 Salvador Sánchez “Frascuelo” (1842/1898) issu de l'école “Pepete”, menait une vie austère et était connu pour son avidité.
 
Frascuelo excellait dans les quites. Il était aussi un bon banderillero, un muletero efficace et courageux, souvent blessé. Le 15 avril 1877, il reçut un coup de corne dans l'œil droit.
 
On retient de lui son talent à l'estocade dans deux faenas d'anthologies : le 4 juin 1882 et le 6 octobre 1889 lors de son dernier mano a mano avec Lagartijo.
 
Son dernier combat eut lieu le 12 mai 1890 devant des taureaux de Veragua. Ce jour-là, pour lui rendre hommage, Guerrita participait au cartel comme banderillero.
 
Il a combattu trois fois dans la grande arène de Paris, rue Pergolèse (dans le 16e arrondissement), devant des taureaux emboulés. Mais il a très vite renoncé à ce genre de corrida qu'il jugeait indigne de lui.
 
"Retirado para atender un negocio familiar en el pueblo madrileño de Torrelodones, volvió a la capital para morir en la casa de una de sus hijas, el 8 de marzo de 1898."
 
 
La vie de Rafael Molina "Lagartijo" (1841/1900) issu de l'école d’El Tato" fut faite de plaisir  « Le gustaba divertirse con sus amigos en especial los Piconeros» et de générosité « …fue generoso, con elevados sentimientos humanitarios que le llevaron a remediar muchas necesidades, pues su corazón estaba abierto para todos aquellos que se acercaban a pedirle una ayuda. »
 
« En 1893 se retiró tras intervenir en 1632 corridas » après avoir dépensé tout ce qu’il avait gagné.
 
 
L’afición et l'ambition se rejoignent chez Rafael Guerra “Guerrita” (1862/1941) qui sillonna les routes d'Espagne « sumando dinero y dinero ».
 
« “Guerrita” fue un magnífico negociante que mercantilizó la Fiesta de los toros. » 
 
Il facturait 6000 pesetas par corrida et lorsqu'il avait un jour de libre, dans un souci de thésaurisation et en raison de son ambition d'amasser de l'argent, il toréait pour ce qu’on lui donnait, refusant cependant de toréer gratuitement en festivals et corridas de bienfaisance.
 
Il fut le premier torero à se retirer millionnaire.
 
 
Son contemporain Luis Mazzantini y Eguía(1856/1926) est issu de l'école « El Tato ». Il fut un matador rompant avec l'image traditionnelle du torero, s’imposant comme un homme du monde, figure sociale et politique.
 
Ses revenus médiocres et son envie de réussir le poussent d'abord vers le théâtre où il échoue, puis vers la tauromachie.
 
Il gagna beaucoup d’argent dans le ruedo, ce qui lui permit de vivre sur un grand pied allant à l’opéra en habit à une époque où les toreros portaient toujours une veste courte et sachant soigner sa popularité par ses relations
 
Il perdit comme impresario ce qu’il gagna comme torero.
 
Il se retira des arènes, en 1904, après quelques courses d'adieu en Espagne, en France et en Amérique du Sud. Il devint ensuite conseiller municipal et député provincial de Madrid, gouverneur civil de Guadalajara et d’Ávila, puis commissaire de police jusqu’à l’arrivée au pouvoir du général Primo de Rivera en 1923.
 
On lui prête cette boutade : « Dans ce pays de prosaïques pois chiches, on ne peut être que deux choses : ténor d'opéra ou matador de toros. »
 
Ricardo Torres “Bombita (1879/1936) « Logró reunir setenta mil duros en los catorce años de primer espada en los que recibió catorce cornadas graves, pero tanto él como su coetáneo Rafael González “Machaquito”(1880/1955) se retiraron ricos ».
 
« Joselito » (1895/1920) et Belmonte (1892/1962), les remplaçants des précédents, gagnèrent en trois ans plus que « Bombita I » et « Algabeño » en quatorze ans.
 
“Joselito” dans sa huitième et dernière saison de matador de toros encaissa trois millions de pesetas.
 
Quand il prit sa première retraite en 1922 (avant de revenir en 1924-1925), Juan Belmonte était millionnaire en pesetas.  
 
« En una tertulia en la que asistía Belmonte, cuando alguien pregonó que “Manolete” había ganado en la temporada de 1944 tres millones de pesetas, Belmonte dijo « -Con lo que yo gané en el año 1925 compré la finca “Gómez Cardeña”. Me parece que todavía tendrá que torear Manolete algún tiempo más para poder comprar una semejante ».
 
Juan a dit un jour que "la meilleure affaire qu'il ait jamais faite dans sa vie était d'avoir été torero".
 
 
Marcial Lalanda (1903/1990), a également gagné plusieurs millions de pesetas. 
 
Rafael “El Gallo” (1882/1960) fut le plus insouciant dans la gestion de l’argent gagné devant les toros. Il dilapida les pesetas à un point tel que Belmonte lui organisa « un homenaje en la Maestranza con lo que pudo gozar de una renta vitalicia de 1350 pesetas mensuales. »
 
 
Et “Manolete” (1917/1947) gagna en une seule saison de quatre-vingt-deux corridas ce que “Guerrita” (1862/1941) avait gagné en douze temporadas à raison de soixante-dix corridas annuelles.  
 
Fuente : «Taurologia. Com»/ Mercredi, 16 juin 2021.
 
Patrice Quiot