Samedi 20 Avril 2024
SANLÚCAR
Lundi, 22 Août 2022
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Quand les toros de Goya défient Sanlúcar…
 
Six toros de MIURA bien présentés (560 à 630 kg), surtout les quatre premiers de bravissimes à bravitos (12 piques) avec toutes les qualités et les défauts de l’encaste.
 
Octavio CHACÓN : oreille et oreille.
 
Manuel ESCRIBANO : oreille et oreille.
 
David GALVÁN : oreille et oreille.
 
Nous avons tous en tête les gravures de Goya, ce toro antique haut et long défiant le ciel, ce mythe c’est réincarné dans le « coso del Pino » de Sanlúcar de Barrameda, longs comme des jours sans pain, hauts comme la tour de Babel défiant jusqu’au dernier rang des gradas, c’est comme cela que sont sortis les quatre premiers toros tous droits venus de Zahariche. Sauf le cinquième qui avait le corps et le mental de ses frères, il était affublé d’une paire de corne tout droit sortie de chez Garcigrande, une erreur de la nature il y en a. Le sixième beaucoup plus bas avait lui l’encornure de la maison.
 
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Octavio Chacón reçut son premier par une belle série de véroniques, mis au cheval par chicuelinas rematées d’une revolera ; première pique en brave poussant longuement avec les reins. Octavio saisit alors toute la bravoure de son adversaire, il fit le vide dans le ruedo, renvoyant le réserve, limitant les hommes en piste, il alla placer l’animal dos aux planches, laissant seul son picador juste en face. A la deuxième sollicitation du cavalier, le toro s’élance au galop pour une pique d’anthologie ; le public est debout, associant dans son ovation toro et piquero. Muleta en main, Chacón était bien décidé à ne pas s’en laisser conter par son exigent adversaire après un brindis au public, il toréa au centre. Si à droite il peut lier, rien à faire à gauche et c’est là que nous assistons au combat d’un lion face à un tigre, ni l’un ni l’autre ne voulant céder. Reprenant à droite, il se découvrit un millième de seconde sur un pecho : il se fit voir et aussitôt prendre (c’est un Miura quand même) et jeter au sol. Renvoyant sa cuadrilla qui déjà se préparait à l’évacuer, il reprit le combat pour occire l’auroch d’une demie en place après un mete y saca. Mort d’un brave debout refusant de plier. Une oreille pour le torero qui partit à l’infirmerie (deux trajectoires dans la cuisse de 22 et 10 centimères) et, incroyable ! rien pour le toro, à peine quelques palmitas alors qu’à mon sens une vuelta al ruedo s’imposait. Trop d’émotion tue peut-être l’émotion…
 
Octavio revint pour tuer son second qui prit deux piques avec moins de brio, faena compliquée surtout à gauche. Une entière fit tomber l’oreille assurant la sortie à hombros.
 
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Manuel Escribano, certainement gêné par sa fracture du scaphoïde à la main gauche, a paru en dessous de ce qu’il avait démontré il y a peu au PUERTO. Son premier, magnifique à la sortie, est protesté par une partie du public suite à une chute provoquée probablement par le tapis de sel qui a un effet roulement à billes: il prendra ses deux piques en brave et ne remettra plus genou en terre avant l’estocade finale; bon à droite, plus compliqué à gauche  Escribano lui servit une fana intéressante, récompensée d’une oreille. Beau quite par chicuelinas rematé d’une serpentina à son second, le brocho de service, compliqué lui aussi comme tous ceux de son sang. Manuel s’en défit d’une entière après pinchazo à la suite d’une bonne faena.
 
David Galván nous servit à son premier le plus beau toreo de capote de la soirée, une série de véroniques au ralenti rematée d’une media superbe ; plus difficile fut la suite : David tenta tout et une faena méritoire bien conclue lui permit de couper une oreille au second Miura de sa carrière. Son second fut certainement le plus difficile de la tarde, le danger rodait du début à la fin, un toro apprenant le grec et le latin avec la rapidité d’un surdoué, faena de mérite et d’abnégation devant cet impossible : un pinchazo profond et deux descabellos. Histoire de ne pas faire de jaloux, il coupa lui aussi sa deuxième oreille lui permettant de sortir avec ses compagnons par la grande porte.
 
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Pour terminer la note folklorique des corridas du tour du monde de Magellan et El Cano : 22 tonnes de sel pour le tapis de l’arène, une œuvre d’art en soi, mais ce sont surtout les costumes qui font un peu sourire. L’aguazil du soir portait rapière 17ème, le côté salade des gardes de Philippe II en tête et la lance de don Quichotte tout droit sortie du « chino » du coin, et que dire des costumes des toreros et areneros, d’époque certes, mais laquelle, on ne le saura jamais… ?
 
Jean Dupin
 
PS : Octavio Chacón a été soigné pour une cornada de deux trajectoires de 10 et 20 cm à la cuisse gauche.
 
Triomphateur de la corrida, Trofeo Peña Cultural Taurina José Luis Parada, pour Octavio Chacón.
 
Meilleur Puyazo, Trofeo Grupo Belcón, pour Juan Francisco Peña au 5º.
 
Meilleure paire de banderilles, Trofeo Carmelo García, pour Víctor Nieto au 6º.
 
Meilleure Estocade, Trofeo Ofymar, pour Manuel Escribano au 5º.