Samedi 27 Avril 2024
TORERAS (2)
Mardi, 12 Avril 2022
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Deuxième volet de la Journée Campera « Toreras : Des femmes, une passion » avec l’entrevista de quelques protagonistes…
 
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De gauche à droite : Joe Gabourdès, Michel Barcelo, Mathias Forestier, Miriam Cabas, Yvon Verdier, Patricia Sacristán et Serge Alméras.
 
Pour rappel, après une tienta matinale avec Marie Barcelo et Graziella Bortolin qui ont testé deux vaches du cru, Miriam Cabas et Patricia Sacristán ont pris le relais l’après-midi, lidiant respectivement des produits de la Suerte et de Barcelo.  
 
Ce n’est pas tous les jours qu’on les a sous la main, aussi j’en ai profité pour recueillir les impressions de ces deux jeunes espagnoles visiblement pétries d’aficion…
 
PATRICIA SACRISTÁN
 
« C’était un jour très important pour moi car c’était la première fois que je mettais les pieds en France et je dois dire que j’ai été très bien accueillie et soutenue, que ce soit par le ganadero où les aficionados qui se sont déplacés. C’était une très bonne expérience qui m’a donné envie de revenir !
 
Je suis venue d’Espagne avec un bon mental et je me suis sentie bien car ce novillo m’a permis de toréer comme j’aime le faire. Ce n’était que la deuxième fois que je tuais et ça s’est avéré un peu compliqué, c’est une question de confiance et c’est un domaine qui peut s’améliorer. 
 
Je suis née à Logroño où je vis en périphérie, mais je suis inscrite à l’école taurine de Palencia, à deux heures de route, dirigée par Juan Cantora. C‘est la seconde année que je la fréquente, j’ai un peu toréé l’an dernier et cette année, je dois participer à des bolsíns et des classes pratiques par le biais notamment d’échanges… 
 
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On fait aussi beaucoup de campo et je participe à des entrainements comme il s’en fait dans toutes les écoles. Sinon, je suis au collège, dans une classe qui correspond à la troisième chez vous. 
 
Pour le moment, je n’ai pas encore de courses réellement arrêtées, j’y pense et ce que je voudrais surtout, c’est de pouvoir officiellement débuter en non piquée à la fin de cette temporada ou au début de l’autre. 
 
Pour conclure, j’insiste sur le fait que c’était une expérience que j’aimerais bien renouveler, tellement j’ai été chaleureusement accueillie, ce qui n’est pas toujours le cas chez moi… »
 
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A l’évidence, Patricia est repartie avec de bons souvenirs en tête. On lui souhaite une bonne continuation et progression avec son école, et pourquoi pas, qu’elle puisse revenir un jour chez nous, comme elle en a manifesté l’envie…
 
MIRIAM CABAS
 
Menant toujours de concert des études de vétérinaire à Cáceres et sa préparation de torera, Miriam a pas mal de mérite.  Toujours élève au Campo de Gibraltar, c’est visiblement avec plaisir qu’elle vient nous rendre visite dès que des toros sont programmés pour elle, comme ce dernier week-end…
 
« L’an dernier, c’était la première temporada qui te laisse des souvenirs pour toute une vie. Je l’ai vécue avec beaucoup de passion et d’illusion, et la première fois que je me suis habillée de lumières et que j’ai fait un brindis, c’était à Aracena le 24 juillet. Je suis sorti par la grande porte et je ressens intérieurement des choses très fortes. 
 
J’ai toréé cinq novilladas, comme au Puerto de Santa María où j’ai coupé deux oreilles, je suis consciente qu’il faut encore progresser mais je pense que la temporada qui arrive va être très belle pour moi. 
 
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Samedi à Arles, c’était assez compliqué, notamment à cause du vent assez violent, mais dimanche chez Barcelo, j’ai bien aimé le contexte des quatre femmes dans un ruedo. En ce qui me concerne, mon novillo est bien sorti et j’ai ressenti de bonnes sensations, ce que j’espère démontrer encore dans les rendez-vous à venir. 
 
La pique ? Franchement, je n’avais piqué qu’une fois dans ma vie, c’était donc la deuxième, mais je me suis régalée. J’ai mis trois piques de catégorie, non ? (rires) J’aime les tercios de varas, que ce soit à la plaza comme dans les tentaderos.
 
J’ai la chance d’être bien soutenue par l’aficion, surtout depuis Aracena, et ça aide beaucoup, chez vous aussi d’ailleurs. 
 
En ce début de temporada, je vais toréer à Aignan ce week-end, puis à Bougue pour le Bolsín, et chez moi à Villaseca de la Sagra, ainsi que pour la compétition de novilladas télévisées de Canal Sur.  Il y a d’autres dates en perspective des deux côtés des Pyrénées, mais mieux vaut attendre qu’elles soient officielles pour les évoquer. 
 
Aignan va être ma première borne importante ici car ce sera la première fois en France que je vais faire le paseo d’une course officielle alors que jusque-là, il ne s’agissait que de campo, de fiestas. C’est pour ça que je pense que cette course va représenter pour moi un challenge important qui pourrait m’ouvrir pas mal de portes en cas de succès…
 
On pense toujours à voir plus loin, mais il ne faut pas brûler les étapes et je pense que pour le moment, il faut encore que je prenne de l’assurance en enchainant si possible les opportunités. La novillada piquée attendra donc encore, mais il est vrai qu’il faut toujours regarder devant… »
 
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Pour l’heure, on va dire suerte à Miriam pour l’échéance de dimanche prochain à Aignan, en formulant le souhait de la voir rapidement de nouveau sur nos terres en traje de luces…
 
JOE GABOURDÈS
 
« J’ai réussi à convaincre la Coordination des Clubs taurins de Nîmes et du Gard d’organiser un Bolsín Taurin féminin, c’est ce que l’on a fait au Clapas en scindant les participants en deux groupes, hommes d’un côté et femmes de l’autre. Après avoir fait trente heures de bus, Miriam est arrivée à Nîmes et elle s’est qualifiée pour la finale de Caveirac, avec un garçon, Juanito, les deux étant déclarés vainqueurs ex-aequo.
 
A partir de là, elle a sympathisé avec des clubs taurins et elle est revenue ensuite faire un stage Erasmus à Nîmes pendant quatre mois. On l’a hébergé et elle a pu découvrir le pays et appris le français. 
 
Pour les toros, c’est pareil, je lui donne un coup de mains pour lui faciliter les choses, tout comme des amis d’autres clubs taurins, comme ceux qui ont monté cette journée chez Barcelo, Yvon Verdier et Christian Martin. Puis, Serge Alméras lui apporte une aide efficace dans le relationnel et les engagements… »
 
 SERGE ALMÉRAS
 
« Dans cette histoire, il faut savoir que j’avais pris du recul avec les toros et que je n’avais plus l’intention de m’occuper de qui que ce soit, tout en gardant l’aficion. Le Covid avait peut-être accentué les choses, puis Joe Gabourdès et Yvon Verdier qui se sont investis auprès de Miriam pour l’aider, m’ont fait un appel du pied que ne pouvais pas refuser. En effet, ils m’ont toujours aidé quand j’ai eu besoin de soutien dans la préparation des toreros dont je me suis occupé. En quelque sorte, c’était donc un renvoi d’ascenseur et je les remercie, ainsi que Christian Martin et les clubs concernés pour le soutien qu’ils apportent à Miriam.
 
On ne peut pas faire les choses à moitié, on les fait complètement ou on ne les fait pas et ce qui m’a décidé, par rapport à Miriam, c’est que je l’ai vue face à un toro de La Suerte chez Turquay, alors qu’elle avait un niveau technique peu élevé, avec une volonté de fer, faisant fi des accrochages et il a même fallu la lever du milieu pour éviter que ça tourne mal. Mais elle avait étalé un courage et une décision étonnants et plus tard, lors d’une tienta chez Barcelo, elle avait pris un plat de corne sur le menton avec une coupure qui s’est mise à saigner, continuant toutefois sans se regarder. 
 
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Dans les novilladas andalouses, elle a été jetée dans la fosse aux lions sans le bagage nécessaire, se retrouvant de surcroit chef de lidia, conséquence d’une inscription précoce au carnet qui la défavorise. Mais bon, elle a montré des ressources morales, malgré son inexpérience, qui sont de bon augure pour la suite. 
 
On a d’ailleurs pu constater dimanche, chez elle comme chez ses compañeras du jour, qu’elles n’ont rien à envier à ce niveau-là à d’autres novilleros. Actuellement, plusieurs jeunes novilleras semblent donner une impulsion qui peut être un facteur bénéfique, comme Rocío, Raquel, Estrella, Patricia et sûrement d’autres, et bien sûr Miriam. Sans compter que ça peut encore susciter des vocations, au moins de la novillada non piquée. Mais je suis certain qu’il va se passer des choses avec les femmes dans les toros. Les gens sont venus les voir au début par curiosité, mais ils sont en train de s’apercevoir qu’elles ont un niveau estimable. D’ailleurs, si on m’avait dit il y a deux ou trois ans qu’un jour je m’occuperais d’une fille, je ne l’aurais pas cru ! Et pourtant… je reste encore persuadé que l’on peut avoir des surprises en cours de saison.
 
En ce qui concerne Miriam, une grosse échéance l’attend dimanche à Aignan avec une novillada sérieuse, à la limite de la piquée, puis Bougue, Villaseca, le circuit de novilladas d’Andalucía, des challenges importants qui vont être déterminants pour la suite…
 
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Pour clarifier le rôle de chacun, je suis en osmose avec Ruiz Miguel qui la chapeaute à partir de l’école qu’il dirige. Je représente Miriam en France et dans certaines régions de l’Espagne. J’ai rencontré le maestro dans l’hiver et nous nous sommes mis d’accord, Miriam continuera à représenter son école taurine, celle du Campo de Gibraltar. 
 
Ce que je compte faire, c’est de la mettre dans de bonnes conditions, mais il est évident que la balle sera dans son camp et que de ses résultats dépendront beaucoup de choses en termes de progression. Après, si les choses se passent bien, tu ne peux pas faire du surplace et lasser les gens dans la même catégorie. Ce sera sa seconde année en non piquée et on fera alors le point en tenant compte de son bilan. Dans l’idée, bien entendu, d’aller de l’avant…»
 
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C’est bien sûr ce que l’on souhaite à Miriam, sans brûler les étapes, certes, mais sans non plus trop trainer en chemin. Les cartes sont à présent dans ses mains… Suerte !