Samedi 27 Avril 2024
PATRICE
Lundi, 11 Avril 2022
pq11ph
 
Figures de style…
 
Une figure de style est un procédé qui agit sur la langue et crée un effet de sens ; il y en a beaucoup.
 
On va essayer d’en appliquer quelques-unes a las cosas de toros.
 
Anaphore: 
 
Répétition d'un même mot au début d'une série de phrases dans un but de renforcement (Exemple : « Paris outragé ! Paris brisé, Paris martyrisé !!! Charles De Gaulle).
 
- « Arrimate Paco ; arrimate chavalín ; arrimate coño !!! »
 
- « Más pico, más pico !!! »
 
Pléonasme : 
 
Figure où l'expression d'une idée est soit renforcée soit précisée par l'ajout d'un ou plusieurs mots qui ne sont pas nécessaires et qui sont synonymes (Exemple : « Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu, ce qui s'appelle vu... »  Molière, « Tartuffe ».
 
 - « Alors comme ça tu veux devenir torero, petit ? » demande Olivier Baratchart, le directeur des arènes de Bayonne. L’œil noir, le marmot décoche de cette voix que l’homme a gardée frêle : « Non, monsieur ; je ne veux pas être torero, mais figura del toreo. » (Sébastien Castella).
 
- « Un Miura dangereux ; un bajonazo tombé ; une espantada asustada ; un coche de cuadrilla enfumé ; une chambre de picadores mal rangée ».
 
- L’élégance de Roberto Domínguez.
 
 Allégorie : 
 
Figure de style qui permet de mieux comprendre un concept, une idée, une abstraction grâce à une histoire ou une image. (Exemple : « Le temps mange la vie et l’obscur ennemi qui nous ronge le cœur ». Baudelaire)
 
- « Les empoignades dionysiaques de Pampelune, les nuits de poivre et d’œillets à Séville où l’Amour monte en amazone, le chignon pris dans une résille » de Pierre Veilletet… en sont de belles.
 
- De même, lorsque Miguel de Unamuno affirme que l’amateur de corrida “vive sumergido en un océano de memez, sin fondo y sin orillas. Tiene el cerebro cornificado por ese cálido viento Sur que seca todo jugo
 
 
Métonymie : 
 
Figure de style qui, dans la langue ou son usage, utilise un mot pour signifier une idée distincte mais qui lui est associée (Exemple : « Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe, ni les voiles au loin descendant vers Harfleur » Victor Hugo).
 
- Monter au palco ; prendre les trastos ; s’accoupler avec le toro ; arrimar los machos ….
 
- Daniel-Jean Valade dépeignant Simon comme "Un couturier présentant ses collections à chaque feria".
 
- Ou les magnifiques : « Prendre une ration de fer par les hommes au castoreño » ou « Faillir avec l’estoc » heureusement encore assez fréquents pour être relevés.
 
 
Antithèse : 
 
Figure de style qui oppose deux termes. (Exemple : « Un noble s’il vit chez lui dans sa province, il vit libre mais sans appui ; s’il vit à la cour, il est protégé mais il est esclave. » (La Bruyère)
 
- Manuel Chavez Nogales : « J'ai conçu le toreo comme l'antithèse de la lutte, de la brusquerie, de la violence, de la rapidité. J'ai éprouvé le toreo comme cadence, rythme, suavité, lenteur. »
 
- Simon Casas : « J’ai une vraie identité sur un authentique malentendu. »
 
 
Oxymore : 
 
Figure de style qui réunit dans une même expression des termes contradictoires (Exemple : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » Pierre Corneille.)
 
-Une constance romerista ;
-Une tranquilidad cordobesista ;
-Une abnégation manzanarestita padre ;
-Un baroque vitiesque ;
-Un convenu morantista ;
-Un tentadero qui commence à l’heure.
 
 Chiasme : 
 
Figure de style qui joue au minimum sur quatre termes qui sont inversés (Exemple : « Des cadavres dessous et dessus des fantômes » Victor Hugo).
 
- « En bas, dans le callejón, les professionnels et en haut, sur les étagères, les autres ». Lulu B.
 
- « Deux euros les deux ou les deux à deux euros ». Jean-Pierre Isaïa, vendeur de pralines aux arènes.
 
 
Hyperbole : 
 
Figure de style qui amplifie les termes d’un énoncé afin de mettre en valeur un objet ou une idée (Exemple : « Dans des ruisseaux de sang, Troie ardente plongée » (Jean Racine).
 
- « Tu ne l’as pas trouvé bien ? Putain, s’il a été bien, il a été super bien, ouais… » Aficionado qui s’engatse.
 
- « Dis-moi, Gitanillo, est-ce que ton cœur s'arrête quand tu torées ? » Gregorio Corrochano à Gitanillo de Triana, le 13/05/1930 à Madrid.
 
- En raison inverse : « Je ne me rappelle de rien de bon. De rien de moyennement torero et estimable. Avec la cape et avec la muleta : Une usine à passes lancée à plein rendement » (Alfonso Navalón après la faena de deux oreilles de Paquirri au toro « Buenasuerte » de Torrestrella le 24/04/1979 à Las Ventas).
 
 
Litote : 
 
Figure de style qui exprime le plus de sens en disant le moins de mots souvent à la forme négative ; (Exemple : « Va, je ne te hais point ». (Corneille « Le Cid »).
 
- « No ha tenido suerte. » 
 
 
Euphémisme : 
 
Figure de style atténuant une notion dont l'expression directe aurait quelque chose de déplaisant, de choquant (Exemple : « Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine » (Les Bucoliques ; André Chénier) 
 
(Attendant son tour devant l'échafaud, André Chénier lit une pièce de Sophocle. Lorsque le bourreau l'appelle pour lui lier les mains, André Chénier remet son livre en poche, non sans avoir corné la page).
 
- Parler d ’« incommodité » à bien saisir le lexique de Francis Wolff ;
 
- Parler de « pas folichon » pour définir le plaisir de grimper au dernier rang des amphis ;
 
- Parler de « juvénile » pour évoquer le toreo de Marcos.
 
 Prétérition : 
 
Figure de style qui fait semblant de ne pas vouloir dire quelque chose, mais on le dit quand même (Exemple : « Je n’ai aucune arrière-pensée. Je ne veux pas t’influencer… Mais si une épée comme celle-là tuait ta sœur, nous serions bien tranquilles. » (Giraudoux- Electre)
 
- Le « Julipié » n’est peut-être pas la plus mauvaise façon de porter un coup d’épée.
 
- Un « Seul contre six très attendu » de Guillermo Hermoso de Mendoza venant en remplacement de Talavante un après-midi de dimanche de Pentecôte présente un intérêt certain.
 
 Gradation : 
 
Figure de style qui ordonne les termes d’un énoncé selon une progression croissante ou décroissante (Exemple : « C’est un roc, c’est un pic, c’est un cap, que dis-je c’est un cap, c’est une péninsule » (Edmond Rostang-Cyrano de Bergerac).
 
- « El artista es bohemio, inconstante, barroco y tiene cosas de locura, quizás. » Morante de la P.
 
- « Se torea a compás, como se baila y se canta, a compás, pero también como se vive, o ha de vivirse, a compás”, Rafael de Paula.
 
Et pour terminer :
 
Une figure de style difficilement classifiable : 
 
« Je suis celui-ci ou celui-là et, en même temps, je ne le suis pas tout à fait. » (Simon Casas)
 
Patrice Quiot