| PATRICE |
| Samedi, 02 Avril 2022 | |||
 Relou...
Voix tapageuse.
Gesticulations de bateleur.
Allure ordinaire et banane sur le ventre.
Il fait du bruit en arrivant.
Il se veut intégriste de la règle.
Et vérifie la légalité de l’asiento.
Il signale que la fumée de cigarettes dérange maman.
Et ne salue pas.
Il étale les coudes.
Et marche sur les pieds.
Plein de suffisance.
Il est enfin assis.
Jumelles pour repérer les collègues.
Il appelle les mêmes sur le móvil.
Pour leur dire qu’ils sont là.
« Juste en face entre la grosse et le bronzé ».
Un Pecqueux aficionado au front bas.
Un médiocre Falstaff du tendido.
Un César Birotteau en casquette Ricard.
Un Félix Grandet en jeans.
Il détaille le cartelito de mano.
Et y ajoute ses commentaires.
Il connaît la chose.
Et le dit haut et fort.
Il a vu toute l’Espagne.
Et est copain avec Juan.
Il est inconditionnel des banderilles noires.
Et du fait que les gonzesses n’ont rien à faire au callejón.
Il n’a aucun doute.
Et beaucoup de certitudes.
Il sait.
Et on ne la lui fait pas.
 Il dénigre le palco.
Et attend les fausses notes de la banda.
Il porte une lourde gourmette en or.
Et tutoie le vendeur d’eau.
Un Ubu du cuento
Un Marcel Déat du vomitoire.
Hanouna chez Juan Pedro.
Thénardier chez la duchesse d’Albe.
Il siffle.
Parce qu’à sa montre son las cinco.
Et il claque des mains.
Pour accompagner la musique du paseo.
Il sent l’eau de toilette éventée.
Et l’ail de la rouille de midi.
Relou, il s’appelle…
Patrice Quiot
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