Jeudi 28 Mars 2024
JOSELITO ADAME
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Avant d’entamer sa campagne européenne, le diestro mexicain Joselito Adame est revenu sur ses quinze ans d’alternative…
 
Compte tenu de ses attaches avec Luc Jalabert et Alain Lartigue, on a pu suivre de près le parcours Joselito Adame pratiquement à chacune de ses étapes. Récemment, il a présenté son livre dans lequel tous ses éléments de carrière sont évoqués, mais pour l’heure, son actualité ne va pas tarder à se dérouler sur le versant européen. Le Mexicain a fait le point avec Torofiesta revenant sur sa trajectoire et évoquant ses objectifs actuels, un temps perturbés par la pandémie…
 
LES DÉBUTS
 
-Dans ta famille, y avait-il des antécédents dans le milieu du toreo ?
 
Mon oncle Efren Adame était matador de toros et ses fils Efren et Teo ont été novilleros. Je suis de la troisième génération.
 
-Comment t’es venue la vocation ?
 
Elle m’est venue depuis tout jeune et je ne pouvais pas comprendre la vie sans cette émotion qui a jailli en moi depuis l’enfance. La première fois que j’ai affronté une becerra, j’ai ressenti une totale vocation et une nécessité de toros incroyable.
 
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-As-tu débuté dans des écoles taurines ? Qui t’a aidé à tes débuts ?
 
Il y a eu deux périodes, d’abord dans l’école taurine de ma ville natale au Mexique, Aguascalientes, puis pendant deux ans, celle de Madrid.
 
J’ai débuté comme becerrista en 2000 à La Chona, dans l’état de Jalisco. Ensuite, en novillada non piquée en France, à Palavas puis en piquée, toujours chez vous, à Millas, et enfin, encore en France, j’ai pris l’alternative à Arles !
 
15 ANS D’ALTERNATIVE
 
-Il est très rare qu’un torero mexicain soit apodéré par des français. Comment est née ta relation avec Luc Jalabert et Alain Lartigue ?
 
Oui, avoir pris l’alternative à Arles est très curieux, mais ça l’était encore plus qu’un torero mexicain soit apodéré par une empresa française ! Depuis mon époque de becerrista, j’ai obtenu la confiance de Luc Jalabert comme d’Alain Lartigue qui pour moi ont été deux personnes qui ont beaucoup marqué ma vie et que je considère comme des membres de ma famille. Pour moi, ça a représenté une grande expérience, ils m’ont ouvert de nombreuses portes, à commencer en France.
 
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-Qu’est-ce qui t’a décidé de les choisir comme apoderados ?
 
Comme je l’ai déjà dit, ils m’ont fait confiance et ils m’ont proposé un plan des premières années de ma carrière qui était pour moi le meilleur, et c’est ainsi que tout a commencé.
 
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Alternative très ventée à Arles...
 
- Comment as-tu vécu ton alternative à Arles, loin de ton Mexique natal ?
 
Je voulais la prendre en Europe pour retourner ensuite au Mexique en tant que matador de toros. C’était mon objectif, même si j’aurais bien aimé la prendre aussi dans mon pays, mais l’Europe restait ma priorité.
 
- Quelles ont été ensuite les grandes étapes de ta carrière ?
 
Dans ma vie de torero, j’ai connu pas mal d’étapes, mais il y en a sans conteste qui m’ont particulièrement marqué. La première, c’était mon époque de becerrista au Mexique, qui m’a beaucoup aidé et m’a apporté pas mal de connaissance, puis l’école taurine de Madrid avant mon époque de novillero super importante qui s’est passée pour l’essentiel en France. Après, comme matador, j’ai encore connu plusieurs étapes mais sans conteste, celle qui m’a le plus fortifié a été celle réalisée en Europe qui m’a ensuite permis d’arriver dans mon pays avec la capacité de réussir beaucoup de choses.
 
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Confirmation à Nîmes avec Denis Loré et José Tomás...
 
- Je suppose que tu as pas mal de grands souvenirs…
 
- Ils viennent essentiellement de ma période de becerrista, de toutes les grandes portes et de tous les triomphes obtenus come matador de toros, à Séville, Madrid, Mexico, mon alternative à Arles, ma confirmation à Nîmes. Il y en a beaucoup dont je me souviens…
 
TOREO Y TOROS
 
-Comment peux-tu qualifier ton toreo ? Quelles en sont les principales caractéristiques ?
 
Je conçois ma tauromachie de façon classique, mais aussi variée, avec un peu de magie, en faisant bien les choses au capote et en pouvant me poster dans les terrains où je sais que la majorité des toros va charger. C’est pour moi fondamental et basique.  
 
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- Quelles sont tes suertes favorites ?
 
Elles sont diverses, j’aime exécuter des véroniques, les passes à pieds joints, les gaoneras et les zapopinas, qui est un quite spécial et surtout, avec lequel les gens s’identifient beaucoup à mon style. A la muleta, j’aime le toreo réuni, lent, profond, c’est ça qui me plait, et si c’est de la gauche et sans ayuda, c’est encore mieux !
 
- A l’entrainement, y a-t-il des points que tu travailles particulièrement ? 
 
Je travaille surtout les points faibles, ceux qui me provoquent le plus de peur ou pour lesquels j’ai moins confiance. Mais au final, je pratique un peu tout, même si je m’entraine davantage avec les banderilles plus que l’épée. Ce que je fais le plus, c’est en outre du toreo de salon pour le capote et la muleta.
 
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- D’après toi, quels sont tes principaux points forts ?
 
- Je pense que c’est l’intuition avec laquelle je suis né pour comprendre les toros depuis leur sortie dans le ruedo, mais aussi mon charisme et ce que je transmets au public, ma ténacité et ma capacité à me mettre devant…
 
- Pour toi, quelles doivent être les qualités d’un bon toro ? 
 
La caste, la bravoure, l’entrega et la noblesse, voilà ce que je demande le plus à un toro.
 
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-Avec quels encastes te sens-tu le plus à l’aise ? 
 
- Quels sont tes élevages préférés ?
 
J’ai eu beaucoup de chance avec les corridas d’Alcurrucén, Jandilla, El Montecillo, Victoriano del Río, Garcigrande… Ce sont celles dont, sur le coup, je me souviens le plus.
 
- En quoi le toro mexicain est-il différent de celui d’Espagne ou de France ?
 
- Le toro espagnol recèle plus d’émotivité, il a davantage de fijeza et de fiereza, il vient plus vite à la différence du mexicain qui fonce plus doucement et de mieux en mieux, et qui dure davantage.
 
EL CAMINO A LA CIMA
 
- Qu’est-ce qui t’a donné l’idée d’écrire ce livre que tu as présenté l’an dernier ?
 
- J’ai voulu, par ce moyen, commémorer mes dix ans d’alternative, ce qui a été passablement compliqué car essayer d’écrire un livre en un an avec autant de matière était astreignant. C’est pour ça qu’avec le journaliste Juan Antonio de Labra, nous avons mis finalement quatre ans et demie pour le boucler. Une fois que nous l’avons terminé, nous l’avons présenté et pour évoquer comme prévu mes dix ans d’alternative, cette commémoration est arrivée au bout de… quinze ans !  
 
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- Quelles étaient tes motivations ? 
 
Ma principale motivation était d’exprimer au moyen de la plume et du crayon qui j’étais, faire savoir au public ce qu’a été ma vie comme torero et surtout de servir d’exemple aux générations qui n’ont pas autant de guides aujourd’hui, qui serve de motivation pour tous ceux qui veulent emprunter ce chemin dans leur vie et qui ne savent pas comment et où commencer.
 
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FRANCE
 
- Tu as pris l’alternative chez nous, mais d’une façon plus générale, comment juges-tu la France taurine ?
 
Pour moi, la France a été très importante, j’ai beaucoup d’anecdotes concernant ce pays, à commencer par mes débuts de novillero sans picadors, puis en piquée et mon alternative. Ici, j’ai confirmé en premier mon alternative et j’ajoute que c’est le premier pays qui m’a ouvert les portes des quatre coins pour me permettre de me faire connaitre et vivre ma vie dans le monde des toros.
 
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- Quelles sont les principales différences avec ton pays ?
 
Je ne juge pas l’aficion, au contraire, j’interprète son idiosyncrasie car notre forme d’interpréter la vie est comme on sent la tauromachie. Je vois beaucoup de sérieux et d’entrega, je vois aussi que les gens commencent par te toiser puis à s’ouvrir, ils ont des vertus barbares et ils aiment bien faire les choses. C’est ce qui me comble et ils répètent ceux qui triomphent, c’est pour ça que pour moi, la France est fascinante. C’est différent dans mon pays où les corridas sont un peu plus festives, colorées, où on apprécie davantage le muletazo templé et le toreo largo bien qu’il soit moins esthétique. Ce sont, je pense, les principales différences.
 
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COVID
 
- Comment as-tu vécu les périodes les plus critiques de la pandémie et où ?
 
- Je l’ai vécue différemment, d’abord de façon incrédule et ensuite avec plus de clairvoyance. On a vu comment certains s’enfermaient et le troisième volet, c’est quand des personnes proches perdaient la vie. Heureusement, personne de ma famille n’a été dans ce cas, mais des gens de notre entourage, et c’est là que nous avons compris que c’était assez grave. Nous avons pris les choses en mains en nous protégeant totalement, mais sans aucun doute le plus important était de rester en vie sur le plan taurin, rester fort, s’entraîner et se concentrer.
 
- Par rapport à ta carrière, dans quels domaines a-t-elle eu des conséquences négatives ?
 
- J’ai vécu quelques conséquences négatives, mais ce qui m’a le plus attristé, c’est qu’en certaines occasions, je n’ai eu aucun retour et l’on ne m’a pas repris dans des arènes où j’avais triomphé. Mais on continue tout de même à se préparer, on va réussir des choses et on va progresser jour après jour. 
 
- Il semble à ce sujet que les beaux jours reviennent, même si ce n’est pas encore vraiment gagné. Ressens-tu un regain d’enthousiasme dans le milieu ?
 
Heureusement, les nouvelles sont meilleures, des dates vont être publiées et d’une manière ou d’une autre, ça me motive et je le ressens beaucoup. Maintenant, on va être positifs, on va y croire, nous allons prendre soin de nous et essayer d’être en bonne santé et trouver un moyen de ne pas rechuter.
 
- Ta motivation s’en est-elle ressentie ?
 
- Sans aucun doute, en certaines occasions ça nous a affecté car après la deuxième vague de Micron, on a dû retarder ma réapparition en Europe, ce qui a représenté un coup dur.
 
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PERSPECTIVES
 
- Quelle est ta stratégie pour cette temporada 2022 ? 
 
Ça fait trois ans que je n’ai plus toréé en Europe et actuellement mon principal objectif est de réussir des choses et de m’ouvrir encore le chemin pour m’y repositionner. Mais je veux aussi maintenir ma position au Mexique et même en Colombie où l’an dernier j’avais connu un important triomphe.
 
- Quelles sont tes arènes de prédilection dans lesquelles tu aimerais te produire au cours de cette temporada ?
 
Il y en a beaucoup qui m’enchantent, mais sans aucun doute, Arles est une de mes favorites pour ce qu’elle signifie, pour mon alternative, pour le temps passé ici. C’est une arène très spéciale pour moi. 
 
- Tu as déjà toréé plus de 500 corridas de toros. Le nombre est-il le plus important pour toi, ou au contraire, privilégies-tu davantage d’autres éléments dans le montage d’un cartel ? 
 
- En vérité, ces 500 corridas de toros sont pour moi très importantes, surtout pour l’actualité, pour leur nombre, ce qui signifie que la trajectoire a été bonne, mais en même temps je peux dire que j’aime la qualité, c’est pourquoi je n’ai pas plus toréé à cette époque de ma vie. Je crois que j’ai pas mal marqué la croissance puis la sélection du nombre de courses. 
 
- Peut-on imaginer voir un jour un cartel avec les trois frères Adame, Joselito, Luis David et Alejandro ?
 
- Je crois que mes frères ont un bel avenir, une grande trajectoire. Les deux ont des qualités et des conditions extraordinaires et j’espère que cette affiche des trois frères puisse se réaliser pour la première fois pour l’alternative d’Alejandro et qu’elle se répétera en de nombreuses arènes… et pourquoi pas en France ! Ce serait quelque chose de magnifique…
 
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Le nom de Joselito Adame commence à revenir dans les premières affiches et chez nous, on a au moins une certitude, son engagement pour la corrida de clôture de la feria pascale d’Arles avec la corrida de Jandilla qu’il lidiera aux côtés de Juan Leal et El Rafi. Suerte !!!
 
(NDLR : lundi, compte rendu de la journée taurine d’Arzacq avec notamment le succès de Cristiano Torres qui a coupé les deux oreilles de son premier Gallon, contre une pour Raquel Martín…)