Samedi 20 Avril 2024
PATRICE
Samedi, 25 Décembre 2021
nav24ph
 
Navidad gris…
 
Le sapin.
Qui sera jeté au matadero de la déchiqueteuse.
 
Les paquets.
Et les papiers de la mort des arbres.
 
Les lumières.
Qui ne sont pas celles du Siècle.
 
Et la chaleur ouatée qui dit.
Le ventre jamais oublié des mères terribles.
 
L’agitation.
Des enfants braillards.
 
Dans l’ambiance tapageuse.
D’une bodega d’un hiver de Brueghel
 
Les parents.
En habits de paillettes.
 
Les eux en cravates criardes.
Les elles en chemisiers brillants du maquillage de l’outrance.
 
Repas de famille.
Des secrets maudits.
 
Des rires.
De circonstance.
 
Et des vieilles rancunes.
Du testament de la pauvre tata.
 
La neige.
Et le froid.
 
Des nuits sans fin.
Du solstice.
 
 
Les toreros.
En Rois Mages de la Cabalgata.
 
Sur les ânes.
De la soumission.
 
Et le meuglement.
Des vaches au poil d’hiver.
 
Au coin des braseros.
Des tentaderos de Salamanque.
 
Le « Gordo ».
De la Lotería de Navidad.
 
Tiré en chantant.
Par les élèves dans l’ancien orphelinat San Alonso.
 
Huîtres à la coquille en fossile.
Foie rosé de palmipède empli de maïs.
 
Dinde qui ne sera jamais oiseau.
Et bûche à la glace confite.
 
Au pays de Montaigne.
 
Consommé au Jerez d’Álvaro.
Gambas al ajillo des matins de toros 
.
Cordero asado d’un mois d’avril à Séville
Y mazapanes caseros.
 
Dans celui de Calderón de la Barca.
 
Champagne ici.
Y cava por allá.
 
Pognon trimé sur les chaînes de montage.
Et gaspillé dans les gondoles des zonas de compras.
 
Pour brûler.
La part maudite.
 
Rennes de madera aux yeux idiots.
Et aux cornes en fundas de feutre.
 
Branches du houx.
Qui dissimula le trio aux troupes d’Hérode.
 
Et tiges du lierre.
Des druides gaulois.
 
Dévoyés pour servir de support.
Aux calcetines colorées remplies de papillotes.
 
Camions de pompiers rouges.
Et muñecas blondes.
 
Eaux de toilette pour corps bodybuildés.
Et « Embrujo de Sevilla » des dévotes du Caudillo.
 
Cantiques en CD de plastique.
Pour saetas de salle à manger.
 
« Petit Papa » d’un Tino gominé.
En jaleo de comique troupier.
 
Crèche de plâtre.
Avec le bœuf soufflant sa mansedumbre.
 
Sur le fils d’un carpintero.
Et d’une vierge en azul purisima.
 
Estrambord inconvenant.
De l’oubli.
 
Bombance d’une nuit d’enfant Jésus.
Et les pauvres des trottoirs des maraudes et des chabolas.
 
Ripailles de joie béate.
Et le sin verguenza concomitant des traders en chemises à manches courtes.
 
Ventres rebondis de suffisance.
Et le bras manchot de Cendrars.
 
Têtes lourdes de vin.
Et la flaque d’agonie de Sánchez Mejías.
 
Cheminée aux braises qui s’éteignent
Et l’asile de l’Artaud de Rodez.
 
Retours repus.
Et les jambes tordues de Juan Belmonte.
 
Dans un petit matin.
De caminos escarchados.
 
Joyeux Noël, compères.
Feliz Navidad, amigos.
 
Patrice Quiot