Jeudi 28 Mars 2024
PATRICE
Samedi, 18 Décembre 2021
reb18ph
 
MANDERLEY...
 
« J'ai rêvé l’autre nuit que je retournais à Manderley. »
 
« Rebecca » (1938). Daphné du Maurier.
 
Cinq nuances d’étrange.
 
Tentadero
 
Colorada.
La capa de la vache.
 
Blanche.
La queue.
 
Les dents sont en fer.
 
Une voix inconnue me dit :
« A droite, en lui donnant du pico ».
 
J’y vais.
 
Il fait chaud.
Je sue des gouttes froides.
 
Ma main tremble doucement.
 
Je toque la colorada.
Elle me vient dessus.
 
Elle s’arrête.
Me regarde.
Et me mord le pied.
 
Le ganadero me fait une piqûre.
Le liquide comme du feu.
L’aiguille est glacée.
 
 
Mas
 
Il pleut.
 
Il s’appelle Henri.
Il porte une chemise gardiane.
Et une moustache.
 
Henri est coiffé d’un chapeau noir.
Ses mains sont fortes.
 
C’est une légende.
La légende me tient l’épaule.
 
« La 54, la grise et la berrenda, je te les offre.
Et, pour Noël, je t’offrirai.
Le semental.
Celui qui a triomphé à la concours de Beaucaire. »
 
Je me pose la question.
De savoir.
 
Quelles seront les couleurs de ma divisa.
Et la forme de mon hierro.
 
Pierre
 
Je marche sur un chemin.
Fait de cailloux jaunes.
 
Il y a des milliers d’escargots.
En cercle.
 
Cornes dressées.
Ils toréent.
 
Habillés de beaux vêtements.
Les cailloux applaudissent.
 
Au milieu du cercle.
Une grosse pierre.
 
Elle est noire.
 
Affiche
 
Blanche.
Longue.
Et collée sur le mur.
 
Mon nom.
Tout seul
Y est inscrit en rouge.
 
L’affiche dit.
Que ce sera demain.
A cinq heures.
 
Dans le bistrot d’en face.
Des gens rient.
Et boivent du vin.
 
 
Patio
 
Je suis ridiculement habillé de lumières
Et ne veux pas y aller
 
J’ai peur.
Et c’est terrible.
 
Je ne sais comment
M’échapper.
 
Je pourrais dire au président.
Que je ne veux pas.
 
Il demanderait à la police bleue.
De m’arrêter.
 
 
Mais je n’ose pas.
 
Je fais le paseo en boitant.
Et le public se moque de moi en sifflant.
 
Je suis ridiculement habillé de lumières.
 
J’ai peur.
Et c’est terrible.
 
 
 
Cinq nuances d’étrange.
Dont je ne suis pas certain de m’être un jour vraiment réveillé.
 
 
Datos 
 
Daphné du Maurier, née le 13 mai 1907 à Londres (Royaume-Uni) et morte le 19 avril 1989 à Par (Cornouailles, Royaume-Uni) est une romancière, nouvelliste et dramaturge britannique.
 
Un certain nombre de ses œuvres ont été adaptés avec succès au cinéma, comme les romans Rebecca et Ma cousine Rachel, ou encore les nouvelles Les Oiseaux (The Birds) et Ne vous retournez pas (Don't Look Now).
 
Elle fait partie des romancières les plus lues du monde britannique.
 
« Rebecca » : Une jeune femme travaille comme demoiselle de compagnie de Mme Van Hopper, femme mondaine et acariâtre, résidant dans un hôtel de Monte-Carlo. La narratrice, âgée de 20 ans, est très peu sûre d'elle. Elle rencontre Maximilien de Winter, âgé de 42 ans, veuf depuis peu. Tous deux développent une amitié qui, en quelques semaines, évolue vers l'amour malgré leur différence d'âge. Quand vient le temps pour Mme Van Hopper de quitter Monte-Carlo, Maxime propose à la jeune fille de l'épouser et de vivre avec lui à Manderley, son magnifique manoir en Cornouailles (sud-ouest de l'Angleterre). Elle accepte. À leur arrivée, ils sont accueillis par l'ensemble du personnel, dont la gouvernante, Mme Danvers, qui compare constamment la narratrice à Rebecca, la précédente épouse de Maxime, morte noyée quelque temps auparavant, et qu'elle admirait passionnément.
 
La « présence » invisible de Rebecca est immédiatement perceptible, comme de son vivant, lorsqu'elle dominait le ménage et la maisonnée. Présence toujours plus obsédante, renforcée en cela par Mme Danvers, « jouant » constamment avec Mme de Winter, la faisant développer nervosité et doutes sur son statut dans le ménage. L'on s'interroge sur le sort de Rebecca. Une embarcation de plaisance s'échoue sur les plages de Manderley, et les plongeurs retrouvent ainsi le bateau sur lequel se trouvait Rebecca lors de sa noyade : il y a un corps coincé dans la cabine... Tout le monde pense qu'une autre personne était dans le bateau avec Rebecca, mais l'identification est facile : il s'agit bel et bien de Rebecca. Maxime, désespéré, raconte la vérité à sa jeune femme et lui avoue qu'il a tué Rebecca dans un moment de colère et de désespoir, qu'il a fait couler le bateau avec le corps. Il lui raconte la vie de débauche de Rebecca, le pacte immonde qu'elle lui avait imposé juste après leur mariage. Il lui avoue enfin son amour, et se livre à elle entièrement. Avec soulagement et joie, la jeune femme comprend enfin que son mari n'aime qu'elle et qu'il n'a jamais aimé Rebecca que d'une passion éphémère, transformée en haine dès la révélation de sa personnalité perverse.
 
Maxime devient peu à peu un suspect aux yeux de la justice ; avec l'aide de sa femme, devenue plus mûre et courageuse à la suite de ses révélations, il tente de garder son secret. La conclusion de l'enquête est le suicide, mais le cousin de Rebecca émet des doutes sérieux quant à cette version et réclame un complément d'enquête… Il aboutit à la découverte que Rebecca était atteinte d'un cancer inopérable et, à court terme, fatal. Plus de doute : aux yeux de la justice, Rebecca s'est suicidée. Maxime et sa jeune femme, soulagés et enfin libres, roulent vers Manderley avec l'espoir d'y vivre enfin heureux. Mais Madame Danvers, désespérée, a mis le feu au manoir et au bout de leur route, le ciel est rouge et incandescent : Manderley brûle.