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Vendredi, 16 Juillet 2021

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Manet y los toros...

 « Les premières places ne se donnent pas, elles se prennent » (Edouard Manet).

Edouard Manet était fasciné par les corridas.  

« Un des plus beaux, un des plus curieux, un des plus terribles spectacles que l’on puisse voir, c’est une course de taureaux. J’espère mettre sur la toile l’aspect brillant, papillotant et en même temps dramatique de la corrida ». (Courrier de Manet à Baudelaire, le 14 septembre 1865).    

 Pourtant, Manet n’avait jamais voyagé en Espagne, lorsqu’il a peint « Episode d’une course de taureaux ».  

Il la connaissait à travers les grands peintres espagnols collectionnés  en France, notamment Francisco Goya (1746-1828), Francisco de Zurbarán (1598–1664) et Diego Vélasquez (1599-1660), « le peintre des peintres », comme il l’a qualifié plus tard.  

Manet était attiré par la «propreté» de la peinture espagnole, notamment l’emploi d’un dispositif stylistique italien «le  ténébrisme », qui utilise une juxtaposition rigide de valeurs claires et sombres.  

Charles Baudelaire écrivait qu’avec Manet, «le génie de l’Espagne semble s’être réfugié en France».

 

L’homme mort (1864-1865).

 

L’œuvre, à l’origine, n’était en fait qu’une partie d’une composition plus vaste destinée au Salon de Paris de la même année, et intitulée « Épisode d’une course de taureaux ».  

Cet épisode lui avait été directement inspiré par la «Tauromaquia » de Francisco de Goya et par «Courses de taureaux» d’Alfred Dehodencq.  

Les critiques du Salon reprochaient à « L’Épisode d’une course de taureaux » son manque de relief, les proportions des personnages, ainsi que de l’espace irréaliste.  

Le peintre, mécontent des critiques qu’on lui adressait, découpa le tableau qui avait pourtant été accepté au Salon de 1864.  

Il garda les deux parties de son œuvre :  

L’une est intitulée « L’Homme mort » (à l’origine : « Le Torero mort »), elle est conservée à Washington.  

Après le découpage, Manet a longuement retravaillé le torero mort de manière à en faire une œuvre indépendante et puissante.

De la grande toile,  le peintre en extrait une de 76 × 150 cm.  

C’est Manet lui-même qui a décidé de donner au tableau un caractère plus universel en changeant le titre. Le torero mort devient L’Homme mort à l’exposition de 1867.

Manet a l’idée de génie de la découper pour ne retenir que le torero mort, en resserrant la focale autour de lui et en simplifiant les couleurs (1865).  

Il passe du spectacle à une épure, du bruit au silence.  

« Tel un romancier flaubertien, Manet maîtrise l’art du fragment, de l’ellipse, de la déliaison, il découpe et recompose, supprimant tout ce qu’il pouvait relever des recettes de la peinture d’histoire pour arriver au maximum des faits dans un minimum de forme » (Stéphane Guégan, conservateur au Musée d’Orsay).  

L’autre partie découpée par Manet est intitulée « La Corrida ».  

C’est une huile sur toile de 48 × 108 cm, portant la signature posthume de Manet.  

Elle est conservée à la Frick Collection à New York.    

 

Datos :  

 

Peintre et graveur français (Paris 1832-Paris 1883). Quoique souvent inspiré par les maîtres classiques, Édouard Manet est un peintre qui, contre son gré, révolutionne son art et devient le chef de file des impressionnistes.

Patrice Quiot