Vendredi 29 Mars 2024
DON MIGUEL

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De Miguelito à Don Miguel, du banderillero au paellero...

Si Miguelito est banderillero, je devrais plutôt dire était... En effet, celui que l’on a vu essaimer toutes les plazas de l’Hexagone au service de jeunes aspirants comme de maestros confirmés vient de négocier un important virage en mode changement de cap professionnel, délaissant le costume de plata pour le tablier de cuisinier...

Depuis quelques temps, il a lancé son affaire en proposant à la clientèle paella et rouille dans une structure ambulante à partir de laquelle la renommée de sa cuisine ne s’est pas fait attendre, preuve en est qu’il repart à chaque fois avec des poêles vides...

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« Pour revenir sur ma carrière, beaucoup de choses m’ont marqué, évidemment. Pour ne citer que quelques exemples, je tiens à mentionner ma première course à Las Ventas en feria, le paseo à Nîmes avec Enrique Ponce, d’autres corridas avec notamment Victor Mendes, Javier Conde, Ruiz Miguel, César Jiménez et dernièrement les Victorino Martín avec Emilio de Justo...

Bien sûr, j’ai aussi toréé avec pas mal de toreros français, débutants comme chevronnés. J’ai commencé en demandant à Christian Lesur de réintégrer le CFT pour accompagner les élèves, puis Brigitte Dubois a repris et c’est moi qui m’occupais de tous les échanges pour les jeunes. Chez les matadors, j’ai toréé avec Richard Milian, Stéphane Meca, Denis Loré, Cayetano Ortiz, en fait pratiquement tous, mon seul regret étant de n’avoir pas pu le faire pour Sébastien Castella et Juan Bautista !

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J’avais alors un bon emploi, mais dans ma tête, j’avais l’idée de ne vivre que des toros. Je gagnais bien ma vie, mais j’ai voulu vivre ma profession de banderillero à fond. Quand j’ai commencé à bien fonctionner, je faisais une cinquantaine de courses chaque année et pendant environ quinze ans, je n’ai vécu que des toros. Après, est arrivé le virus...

A partir de là, ma motivation a commencé à baisser, je me suis toujours bien entrainé mais là, j’ai commencé à lever le pied. Cela dit, on ne perd pas la main et ça ne m’a pas empêché de puntiller encore des toros. J’aurais pu continuer de toréer, mais j’avais d’autres envies. Je ne suis pas quelqu’un qui dort beaucoup et partout où je me trouvais, j’aimais beaucoup aller au marché. J’aimais cuisiner pour les autres et tous les toreros qui sont venus s’entrainer à côté de chez moi sont venus manger à la maison.

Si je me suis lancé, je le dois à Marco Leal qui faisait le marché à Arles avec son épouse Aurélie. Il m’a proposé de les accompagner, c’est lui qui m’a ouvert les yeux sur ce que je savais faire et pouvais faire ! J’ai alors créé ma micro société, « Paella Don Miguel », et j’ai débuté cette année le 10 avril sur deux emplacements. Le samedi, je m’installe devant la boulangerie-pâtisserie « L’Insolite » à Raphèle, dans le quartier Balarin, et le dimanche à côté du tabac-presse de Fourques. Depuis, ça marche très bien et j’ai même bon espoir de pouvoir obtenir un emplacement sur le marché le plus important de Nîmes...

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Je ne dis pas que je n’ai pas envie de toréer parce que j’ai commencé à 13 ans et que je vais en avoir 50, mais je ne ferai pas de despedida en me coupant la coleta car selon moi, on ne la coupe vraiment jamais ! J’ai bien tourné pendant plus de vingt ans, et maintenant, j’ai envie de vivre aussi autre chose En revanche, je peux dire qu’en ce début de saison, j’avais déjà au moins 25 courses jusqu’au 17 octobre.

Cette année sera donc une saison blanche, mais la suivante sera ma dernière. Andy m’a déjà dit de choisir la course que je voulais pour faire ma dernière avec lui ! J’ai envie de partir fort puis de passer à autre chose dans ma vie. J’ai d’autres rêves, que je n’ai pas conclus. Celui-là, il m’a procuré des émotions différentes, bonnes ou moins bonnes, dans les toros. J’irai toujours voir des toros, mais ma vie prend un tournant. C’est d’être proche des gens, de faire la cuisine, en proposant des paellas et  des rouilles...

Pour conclure, je tiens à remercier en particulier la famille Megias qui m’a beaucoup aidé et qui m’a offert mon premier barnum, Pascal, du restaurant du Pueblo, sur la route des Saintes, Domingo, le coutelier de Nîmes, mon kiné Frédéric, qui m’a offert une table, et bien entendu ma maman, qui sachant que j’allais arrêter les toros pour me lancer dans ma nouvelle activité, m’a offert tout le matériel nécessaire à la fabrication de la paella. Merci à tous, ainsi qu’à ceux qui sont venus ou qui viendront sur mes stands... »

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Parti comme c’est parti, il est évident que sa clientèle ne peut que s’étoffer. A ce sujet, on va quand-même lui dire « Suerte, Maestro don Miguel » !!!