Vendredi 19 Avril 2024
PATRICE
Dimanche, 28 Mars 2021

trag28ph

The story of «Tragabuches» (1)...

« C’est une histoire pleine de bruit et de fureur qui ne signifie rien

Et racontée par un idiot»

Shakespeare/Macbeth/ (acte V, scène 5)

Il était une fois….

En l’an 1790, à Arcos de la Frontera, vivait un jeune gitan.

Cette année-là, nait Alphonse de Lamartine, le Marquis de Sade sort de prison et Emmanuel Kant publie «Critique de la faculté de juger».

Cette année-là donc,  à Arcos de la Frontera, vivait donc un jeune gitan….

Né le 21 septembre 1781, il s’appelait José Ulloa Navarro, mais pour tout le monde il était «Tragabuches», apodo qu’il avait pris de son papa qui, dit-on, dîna un jour d’un fœtus d’âne en sauce.

Voulant devenir torero, José quitta sa ville natale à neuf ans pour rejoindre Ronda et l’école de tauromachie de Pedro Romero.

Mais malgré ses dons très vite remarqués par Pedro, le garçon se heurta au caractère revêche de son maître et au peu d’affection que le Pedro portait à ceux de la race calé.

A ce motif, le «Tragabuches » le quitta pour s'engager dans la cuadrilla de José et Gaspar Romero, frangins de Pedro, dans laquelle il alla de sobresaliente.

Il se fit embrouiller par Gaspar dans une perspective d’alternative à Salamanque le 12 septembre 1802.

L’embrouille ne réussit pas à Gaspar qui, le jour de la cérémonie, se fit tuer par un toro et obligea le «Tragabuches» à estoquer le reste de l’encierro.

En plus, lorsqu’il revint à Ronda, le gitano de vingt et un ans apprit que son alternative n’était pas valable dans la mesure où le Gaspar n’était pas en droit de la lui conférer.

Il  se voit donc obligé de continuer à rester subalterne jusqu’à ce qu’une autre occasion se présente.

Occasion qui ne se présenta pas.

Et il restera sur cette demi-mesure professionnelle.

Mais la même année, dans une taverne, José rencontra María «La Nena», la plus belle hamadryade de Ronda qui s’y produisait comme bailadora.

Torero, danseuse, coup de foudre réciproque, un brin de cour…

Et hop, voilà le José à la colle avec la María.

Deux années passent.

Nous sommes en 1814.

Napoléon a abdiqué à Fontainebleau le 4 avril, Chateaubriand publie « De Buonaparte et des Bourbons », pamphlet antinapoléonien, Jane Austen « Mansfield Park » et «Le Corsaire», conte oriental de Lord Byron, se vend à dix mille exemplaires.

Après six ans de domination française, Ferdinand VII monte sur le trône espagnol le 6 mai.

Málaga honore l'occasion historique avec trois corridas.

Un vieil ami de l'époque Romero invite  le «Tragabuches» à venir à Málaga pour toréer l’un des festejos.

José Ulloa «Tragabuches», torero, matador de toros par moitié, a  bien un peu de mal à quitter les bras câlins de sa bien-aimée Nena.

Toutefois, après un adieu émouvant dont je vous laisse imaginer la forme, le gitano  prend la route de Málaga.

A 102,3 km.

Mais, comme le 12 septembre 1802, le sort frappe à nouveau.

À mi-chemin, José est pris dans un violent orage.

Pour aggraver les choses, son cheval tombe sur un tronc d'arbre.

«Tragabuches» est projeté au sol et se fait une entorse à l'épaule gauche. Il se rend compte qu'il est incapable de prendre part à la corrida et n'a d'autre choix que de rentrer chez lui, bien que la pensée de ses retrouvailles avec La Nena adoucisse la décision.

A son arrivée, il trouve la maison dans l'obscurité.

Elle semble vide et abandonnée, les portes verrouillées et les volets tirés.

"Toc, toc !   Il y a dégun ?"

José cherche des traces confirmant la présence de sa femme, il fait claquer les portes et jette des cailloux sur la fenêtre de sa chambre, mais rien ne bouge.

Enfin, il parvient à entrer dans la maison et trouve La Nena à l'étage dans la chambre.

Ses cheveux sont emmêlés et elle est à moitié nue….

(A suivre…)

Patrice Quiot