Vendredi 19 Avril 2024
PATRICE
Dimanche, 28 Février 2021

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José Gomez/Une/Première...

Nous sommes en 1986.

Au mois de mai.

Le 18.

Nous sommes à Nîmes.

En janvier, l’hélicoptère de Daniel Balavoine et Thierry Sabine s’est crashé au Mali.

En février, il a fait froid.

Jean, maire de Nîmes depuis 1983, a été élu député de la première circonscription du Gard le 16 mars avec 72819 voix ; à Montpellier, Georges, maire lui aussi, entame son second mandat au Palais Bourbon et, à Paris, François se voit obligé d’accepter la  cohabitation avec Jacques.

En avril, le 26 pour être précis, le réacteur numéro 4 de la centrale électronucléaire de Tchernobyl a explosé.

A 1h23 pour être encore plus précis.

Simone de Beauvoir et Marcel Dassault ne le sauront jamais dans la mesure où ils sont morts une dizaine de jours avant.

Mais, à Nîmes, ce 18 mai 1986 on a un peu beaucoup oublié tout ça.

Nous sommes le dimanche de Pentecôte, il fait un temps magnifique et la station météo de Courbessac annonce 28 degrés pour le début d’après-midi.

Claude Viallat a signé l’affiche de la Feria.

En compagnie d’Espartaco, Christian a toréé la veille des Buendía éteints et sans force.

Cette année-là, Christian, qui a trente-deux ans, toréera seize corridas de toros et Espartaco, qui a vingt-quatre ans, en toréera quatre-vingt-six.

A l’affiche de ce dimanche 18 mai 1986 : 7 Pablo Romero pour Gérald Pellen à cheval, Manolo Cortés, Dámaso González et José Luis Feria «Galloso».

Sur le coup de midi, devant « La Petite Bourse », après les embrassades, les tonterías et chistes d’usage, l’ami Julio Molina «Algabeño » qui toréait ce jour-là avec Manolo Cortés me précise que son torero était un peu emmerdé dans la mesure où le banderillero qui allait de troisième était indisponible et, à ce motif, était resté dans son pueblo.

Et me demande d’une façon tout à fait naturelle de voir comment remédier à la chose.

Genre de chose qui m’a toujours enchanté et qui continue à le faire.

C’est ainsi qu’avec la complicité du gros Manolo se fit la colocación de José Gomez, banderillero de son état et disponible ce jour-là.

José qui avait vingt-deux ans et n’avait jamais toréé de corrida de toros, se retrouva de la sorte troisième banderillero dans la cuadrilla du torero de Ginès.

A Nîmes.

Chez lui.

Un dimanche de Pentecôte.

Avec des Pablo Romero.

Dans la cuadrilla de Manolo Cortés.

Alfonso Ordóñez lidiando.

Et l’« Algabeño » de segundo.

Il y a pire comme présentation, non ?

Même si j’imagine ce qui devait se passer dans la tête de José Gomez quand, à «L’Imperator», il s’habilla de torero.

Costume bleu clair et argent de chez Emilio, Calle del Ave María, 21, 28012 Madrid, Espagne.

Le sastre de Christian.

Paseo en deuxième ligne, au milieu,  juste derrière «Galloso».

Arènes pleines hasta la bandera.

Le premier toro tua un cheval de Pellen.

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Le premier Pablo Romero qui échut à Manolo Cortés pesait 720 kg et pour sa première paire de banderilles, José entravé par la responsabilité du moment, passa à faux.

Alfonso lui dit : « Tranquille, José, le toro a de la douceur et du temple ; repasse une deuxième fois ».

Il  lui laissa son tour.

Et José mit les palos comme il convenait de le faire.

Tout se passa très bien pour lui.

Beau début pour José Gomez.

C’était le 18 mai 1986, à Nîmes, avec des Pablo Romero.

Le 18 mai 2018, à Nîmes, avec Juan Leal, José Gomez toréait des Partido de Resina (ex Pablo Romero).

A l’affiche : Rafaelillo, Juan Leal et Thomas Dufau.

Entre temps, exactement trente... deux années s’étaient écoulées...

Patrice Quiot