Jeudi 28 Mars 2024
DIVAGATIONS DE PATRICE

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Figures de style...

Une figure de style est un procédé qui agit sur la langue et crée un effet de sens ; il y en a beaucoup.

Alors, vous avez compris, on va essayer d’en appliquer quelques-uns a las cosas de toros.

Anaphore : Répétition d'un même mot au début d'une série de phrases dans un but de renforcement (Exemple : « Paris outragé ! Paris brisé…. ! » Le Grand Carlos)

-          « Arrimate Paco ; arrimate chavalín ; arrimate coño ».

-         « Voy, voy, voy ».

-         « Mas pico, mas pico».

Pléonasme : Figure où l'expression d'une idée est soit renforcée, soit précisée par l'ajout d'un ou plusieurs mots qui ne sont pas nécessaires et qui sont synonymes (Exemple : « Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu, ce qui s'appelle vu... »  Molière, « Tartuffe ».)

-   « Alors, comme ça tu veux devenir torero, petit ? » demande Olivier Baratchart, le directeur des arènes de Bayonne. L’œil noir, le marmot décoche de cette voix que l’homme a gardée frêle : « Non, monsieur ; je  ne veux pas être torero, mais figura del toreo ! » (Sébastien Castella).

-   « Un Miura dangereux ;  un bajonazo tombé ; une espantada asustada ; un coche de cuadrilla enfumé ; une chambre de picadores mal rangée et malodorante  ».

L’élégance de Roberto Domínguez.

Allégorie : Figure de style qui permet de mieux comprendre un concept, une idée, une abstraction, grâce à une histoire ou une image. (Exemple : « Le temps mange la vie et l’obscur ennemi qui nous ronge le cœur ». Baudelaire )

-  « Les empoignades dionysiaques de Pampelune, les nuits de poivre et d’œillets à Séville où l’Amour monte en amazone, le chignon pris dans une résille » de Pierre Veilletet… en sont de belles.

-  De même lorsque Miguel de Unamuno affirme que l’amateur de corrida “vive sumergido en un océano de memez, sin fondo y sin orillas. Tiene el cerebro cornificado por ese cálido viento Sur que seca todo jugo

Métonymie : Figure de style qui, dans la langue ou son usage, utilise un mot pour signifier une idée distincte, mais qui lui est associée .(Exemple : «  Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe, ni les voiles au loin descendant vers Harfleur » Víctor, el de barbilla).

Monter au palco ; prendre les trastos ; s’accoupler avec le toro ; arrimar los machos ; taper le cointo….

-  Daniel-Jean Valade dépeignant Simon  comme "Un couturier présentant ses collections à chaque feria".

-  Ou les magnifiques : « Prendre une ration de fer par les hommes au castoreño » ou «Faillir avec l’estoc »,  heureusement encore assez fréquents pour être relevés.

Antithèse : Figure de style qui oppose deux termes. (Exemple : « Un noble s’il vit chez lui dans sa province, il vit libre mais sans appui ; s’il vit à la cour, il est protégé mais il est esclave. » (Juan de La Bruyère « El Brezo »).

-   Manuel Chavez Nogales : « J'ai conçu le toreo comme l'antithèse de la lutte, de la brusquerie, de la violence, de la rapidité. J'ai éprouvé le toreo comme cadence, rythme, suavité, lenteur. »

-  Simon Casas : « J’ai une vraie identité sur un authentique malentendu.»

Oxymore : Figure de style qui réunit dans une même expression des termes contradictoires (Exemple : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » Pedro Corneille.)

-   Une constance romerista ;

-   Une tranquilidad cordobesista ;

-   Une abnégation manzanarestita padre ;

-    Un baroque vitiesque ;

-     Un convenu morantista ;

-     Un tentadero qui commence à l’heure ;

-      Un socialiste honnête.

Chiasme : Figure de style qui joue au minimum sur quatre termes  qui sont inversés (Exemple : « Des cadavres dessous et dessus des fantômes » Víctor, el de barbilla).

-    « En bas dans le callejón, les professionnels, et en haut sur les étagères, les autres ». Lulu B.

-   « Deux euros les deux ou les deux à deux euros ». Jean-Pierre Isaïa.

-    Toñete ou Marcos : Bonnet blanc ou blanc bonnet.

Hyperbole : Figure de style qui amplifie les termes d’un énoncé afin de mettre en valeur un objet ou une idée (Exemple : « Dans des ruisseaux de sang, Troie ardente plongée » John Racine.

-   «  Con, tu ne l’as pas trouvé bien ? Putain, s’il a été bien, il a été super bien, ouais… » Aficionado de categoría qui s’engatse après huit jaunes.

-   13/05/1930/Madrid : « Dis-moi, Gitanillo, est-ce que ton cœur s'arrête quand tu torées ? » Gregorio Corrochano à Gitanillo de Triana.

-     En raison inverse, le 24/04/1979 à Las Ventas le : «Je ne me rappelle de rien de bon. De rien de moyennement torero et estimable. Avec la cape et avec la muleta : Une usine à passes lancée à plein rendement » de Navalón après la faena de deux oreilles de Paquirri au toro « Buenasuerte » de Torrestrella.

Litote : Figure de style qui exprime le plus de sens en disant le moins de mots, souvent à la forme négative ; (Exemple : «  Va, je ne te hais point ». Pedro Corneille « Le Cid » (Celui de  Rouen et pas le Manuel Jesús  de Salteras).

-    « Le « Charco » ;

-     « No ha tenido suerte » ;

Tiene menos detalles que la Seat Marbella ! »

Euphémisme : Figure de style atténuant une notion dont l'expression directe aurait quelque chose de déplaisant, de choquant (Exemple : « Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine» (Les Bucoliques /André Chénier ; este tío tiene un detalle muy torero : Attendant son tour devant l'échafaud, il lit une pièce de Sophocle. Lorsque le bourreau l'appelle pour lui lier les mains, le André remet son livre en poche, non sans avoir corné la page ; bien, non ?)

-   Parler d’« incommodité» à bien saisir le lexique de Françis Wolff ;

-   Parler d «appétence» pour nommer le rapport de « Zocato » à la gamelle ;

-   Parler de «pas folichon» pour définir le plaisir de grimper au dernier rang des amphis ;

-    Parler de «juvénile» pour évoquer le toreo de Marcos.

Prétérition : Figure de style qui fait semblant de ne pas vouloir dire quelque chose, mais on le dit quand même (Exemple : « Je n’ai aucune arrière-pensée. Je ne veux pas t’influencer… Mais si une épée comme celle-là tuait ta sœur, nous serions bien tranquilles » Giraudoux- Electre.

-   Ce n’est pas parce qu’on lit « Terres taurines »  ou qu’on affiche dans sa chambre  un poster  de Javier Conde à poil qu’on est automatiquement un mauvais aficionado ;

-   Le « Julipié » n’est peut-être pas la plus mauvaise façon de porter un coup d’épée.

-   Un « Seul contre six » de Guillermo Hermoso de Mendoza  venant en remplacement de Talavante un après-midi de dimanche de Pentecôte présente un intérêt certain.

Gradation : Figure de style qui ordonne les termes d’un énoncé  selon une progression croissante ou décroissante (Exemple : «  C’est un roc, c’est un pic, c’est un cap, que dis-je c’est un cap, c’est une pénisule !» ER/Cyrano de B.

-   « El artista es bohemio, inconstante, barroco y tiene cosas de locura, quizás ». Morante de la P.

-  "Se torea a compás, como se baila y se canta, a compás, pero también como se vive, o ha de vivirse, a compás”, Rafael de Paula.

Pour terminer, il y a une figure de style que je ne suis pas arrivé à classifier :

C’est le « «Je suis celui-ci ou celui-là et, en même temps, je ne le suis pas tout à fait».

Et vous savez à qui on la doit ?

A Simon….

Pardi !

Patrice Quiot