Vendredi 29 Mars 2024
NÎMES
Vendredi, 18 Septembre 2020

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Triomphe d’Enrique Ponce au terme d’une corrida entretenue de Victoriano del Río avec un toro de vuelta. Belles prestations aussi de Curro Díaz et Emilio de Justo...

Les aficionados attendaient beaucoup de ce cartel et visiblement, ils sont repartis satisfaits, autant par les hommes que par le bétail. En effet, s’il aurait fallu encore à Enrique Ponce une preuve que sa remarquable trajectoire n’avait rien d’usurpée, l’occasion a été trop belle de faire taire une nouvelle fois ses détracteurs. Et de quelle façon ! Et comme autant Curro Díaz qu’Emilio de Justo ont étalé une torería par moment remarquable, il n’y franchement pas grand-chose à redire par rapport à leur prestation. Il convient en outre d’ajouter dans le domaine des satisfactions le bon jeu d’ensemble des toros de Victoriano del Río, inégaux toutefois de forces, avec au passage, une belle réplique qui leur a valu souvent des applaudissements à leur sortie... et à leur retour. Avec la palme au troisième, Creícido, crédité de la vuelta. Que demander de plus ?

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Environ 2/3 d’arène. Ciel progressivement couvert et menaçant. Toros de Victoriano del Río, le second du second fer de « Toros de Cortés », bien présentés, la plupart donnant un bon jeu, bien qu’inégaux de forces. Mention au troisième, crédité de la vuelta posthume.

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Enrique Ponce (oreille et deux oreilles) a confirmé l’excellent moment qu’il traverse. Appelé à saluer par le public en guise de pot de bienvenue, il a tenu ensuite à inviter ses deux compañeros. Bonne réception de son premier au capote par véroniques, deux rencontres en sortant seul de la deuxième, puis brindis à l’assistance d’une faena débutée par doblones suaves et suivie de plusieurs passages ajustés sur les deux bords, dont ressortira un sublime changement de mains qui a fait rugir les étagères. Une belle démo, par moments « a cámara lenta », qui lui permit après un final par poncinas d’ouvrir le tableau d’affichage après quasi entière un poil tombée. Le quatrième sortit « con gas » et après un bon capoteo de la maison Ponce, il prit deux puyas banales, le Victoriano étant quelque peu limité de forces. Avec lui, et Dieu sait comment il excelle devant ce type de toros, le maestro de Chiva a tutoyé les anges au son de « Mission ». Il n’aura manqué qu’un poil de plus de chispa pour donner encore plus d’importance à son trasteo, mais en conclusion, une entière a recibir contribua en toute logique à l’octroi du deuxième pavillon. Public aux anges lors d’une émouvante vuelta au son de l’Hymne Valencian qui prend toujours autant aux tripes...

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Curro Díaz (saluts et vuelta) a été trahi par les aciers, mais sa prestation du jour a été loin de passer inaperçue. Face à un premier adversaire très armé qui sembla s’endormir dans le peto sur le premier assaut, avec un second de moindre impact, Emilio de Justo se fit une belle frayeur sur le quite qui s’ensuivit, étant repris au sol, mais s’en sortant sans dégâts apparents. Bon second tercio puis brindis à Enrique Ponce d’une faena égrenée de gestes de grande classe, certes, mais face à un bicho noble qui afficha néanmoins quelques carences dans le domaine des forces. Le Linarense le travailla avec douceur et parfois profondeur, s’attirant les faveurs du conclave, mais comme mentionné plus haut, la conclusion n’a pas été exemplaire. Le cinquième prit deux piques, la seconde sur le réserve, puis Curro brinda au respectable. C’est alors que nous allions vivre l’un des plus beaux moments de cette course qui pourtant n’en a pas été avare. Comme aurait dit mon ami Jean-Marie Magnan, à qui j’en profite pour adresser un chaleureux hommage posthume, les premiers mouvements étaient... de Grande Musique ! D’ailleurs, l’orchestre se mit immédiatement à intervenir et par la suite, Curro donna la distance, distillant encore quelques échanges valeureux, sans toutefois que la partition soit interprétée d’un bout à l’autre sur le même corte. Entière au troisième envoi, mais l’ensemble de son œuvre aura été en plusieurs passages un authentique régal.

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Emilio de Justo (oreille et saluts) a pris en premier lieu un Toro de Cortés qui allait s’avérer le meilleur de l’envoi. Accueil par capoteo soigné avant deux rencontres, remarquable la première, entrecoupées par un superbe quite par chicuelinas mains basses puis rebolera. Ovation au piquero Germán González. Deux bonnes paires au second tercio qui a vu le bicho briser violemment quelques planches après la première de Morenito. Brindis aux travées avant un labeur comprenant plusieurs séquences méritant la mention, terminées par une série de naturelles de face puis une entière au second jet, le tout libérant une oreille et faisant tomber le mouchoir bleu. L’Extremeño mena le sixième à la cavalerie par chicuelinas marchées pour deux piques sans grande histoire, puis après un bon second tercio qui vit Gómez Odero et Pérez Valcarce saluer, entame décidée et suite par séries énergiques, mais sous la lumière blafarde des projecteurs et l’obscurité ambiante une fois la nuit tombée, il devenait de plus en plus difficile de donner encore plus d’éclat à ses évolutions. Toutefois, Emilio n’a pas lâché prise, mais une conclusion en trois tentatives est venue altérer sa prestation... au demeurant fort honorable ce jour.