Vendredi 29 Mars 2024
Arles, Bautista, Dax, Serrano, Mehdi...
Samedi, 08 Septembre 2018

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Triomphes de Juan Bautista - après avoir annoncé sa prochaine retirada - et de Sébastien Castella, sortant tous les deux a hombros par la grande porte...

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Arènes pratiquement pleines, décoration de Domingo Zapata, orchestre Chicuelo II, soprano Muriel Tomao et chœurs Escandilhado...

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Six toros de Victoriano del Río corrects de présentation la plupart, donnant un jeu irrégulier. Meilleurs les 1 et 5, ce dernier, « Cantaor » (c’était bien de circonstance !) ayant les honneurs de la vuelta.

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Journée bien émouvante et paradoxale pour Juan Bautista qui après avoir annoncé le matin sa future retirada (voir plus bas), est venu une nouvelle fois triompher dans l’amphithéâtre arlésien qui lui est si cher...

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Juan Bautista (deux oreilles puis oreille) a signé un bon accueil capotero avant deux interventions d’Alberto Sandoval, bien pris la première fois avant une seconde en mode simulacre. Bon second tercio puis brindis à l’assemblée d’un labeur prenant surtout corps à tribord au son de « Caridad del Guadalquivir », sa faena essentiellement droitière étant conclue plus tard par un recibir au centre qui libéra deux mouchoirs. Si son second a été acclamé à sa sortie, il se montra par la suite juste de forces, obligeant l’Arlésien à puiser dans sa volonté et sa technique pour lui prendre le dessus malgré une charge limitée.

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Brindis à Zapata et trasteo décidé comprenant une belle dose de créativité avec notamment dans son final des muletazos exécutés sans l’estaquillador, notamment des naturelles de face faisant place à quelques adornos avant entière.

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Sympathique vuelta donnée en compagnie de ses enfants...

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Sébastien Castella (applaudissements et deux oreilles), vêtu d’une chaquetilla portant la mention « Pasión » dans le dos, prit un client qui alla deux fois au cheval pour un premier puyazo protesté et un autre mieux instrumenté. Belle entame de faena en se ployant face à un opposant certes noble, mais aux jarrets quelque peu défaillants. Le Biterrois traça néanmoins plusieurs séries ajustées, en donnant la distance, notamment à droite, son toro ne l’aidant pas vraiment sur l’autre flanc. Entière caídita. Avec le quinto, qui plus tard sera crédité de la vuelta posthume, Sébastien allait nous réserver le grand moment de cette tarde sous la forme d’un début de faena exceptionnel après un bon capoteo de réception, deux rencontres suivies d’un bon quite par chicuelinas puis un salut de José Chacón au second tercio pour avoir casqué deux bonnes paires. Et c’est à ce moment, après un brindis à l’assistance, que Sébastien allait faire rugir les étagères en faisant partir de loin le Victoriano pour exécuter au centre, pieds joints et dans le plus parfait stoïcisme, trois cambios sans bouger, avec au passage plusieurs mouvements ajustés dans un pouce de terrain. Musique !

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Ensuite, Castella aligna des mouvements harmonieux et templés, n’ayant peut-être que le tort d’avoir un peu trop prolongé. Estocodón, deux avis, le troisième n’étant plus très loin lorsque le bicho finit par décider de jeter l’éponge.

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Manzanares (silence aux deux) n’a pas dansé avec les plus belles ! Son premier ne s’est pas employé au capote et n’a pas tardé à exposer plus tard sa mansedumbre. A la muleta, il tenta bien de sauver les apparences grâce à son exceptionnelle gestuelle, mais ça sonnait un peu creux. Faillite aux aciers. On pensait que l’Alicantino pouvait réussir le desquite, mais après deux rencontres puis un bon tercio de banderilles, l’animal alla cogner fort contre un burladero, ressortant diminué de ce choc violent dont il ne se remettra pas. En effet, il s’affaissa à plusieurs reprises, Manzana devant dès lors se résoudre à abréger les débats faute de combattant. Entière.

BAUTISTA

Annonce de sa retirada par Juan Bautista le jour de sa corrida goyesque d’Arles...

Ce samedi matin dans le jardin de l’hôtel Jules César d’Arles, « no hay billetes » pour répondre à la convocation de Jean-Baptiste Jalabert à l’occasion de la réception de plusieurs trophées, mais surtout pour annoncer une grande nouvelle qui jusque-là se répandait dans le Landernau taurin comme rumeur, à savoir sa retirada à la fin de cette temporada... qu’il rendra totalement effective lors de la temporada 2019, celle de ses 20 ans d’alternative, avec pour unique course, la corrida goyesque d’Arles qui scellera définitivement sa carrière de matador de toros.

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Juan Bautista a d’abord  reçu plusieurs distinctions qui ont marqué ses récents triomphes, à commencer par celui de l’Association des critiques taurins du Sud Est en tant que triomphateur de la temporada 2017.

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Ensuite, celui de la meilleure faena de la feria pascale 2017 par le site Actu Toro.

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Enfin, des mains de l’incombustible José Caparros, le Trophée César Girón par le Club Taurin Paul Ricard d’Arles.

Outre toutes ces diverses récompenses ô combien méritées, c’est par la suite sa venue seul sur une estrade qui allait constituer le moment le plus émouvant de son intervention. En effet, visiblement très ému, il s’est lancé dans la lecture qui en trois pages résumait ce qu’il a été dans les toros, de sa jeunesse aux plus hautes marches de sa  profession, avec une touchante attention pour son père Luc, un figurón de la torería locale en de nombreux domaines qui lui a tracé la voie...

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Après avoir chaleureusement remercié tous ceux qui l’ont soutenu tout au long de sa trajectoire, famille, autorités, apoderados, professionnels, presse comme aficionados, Jean-Baptiste a effectivement révélé son intention de tourner la page dans les ruedos, précisé que depuis le décès de son père, plus rien n’était pareil et que c’est au prix de nombreux efforts qu’il est parvenu à assumer cette temporada, avec déjà derrière la tête l’idée bien arrêtée de bouleverser l’ordre des choses dans sa vie professionnelle...   Il a encore indiqué qu’il allait boucler les sept rendez-vous qui l’attendent, le dernier se situant à Saragosse pour le Pilar. Après, il sera temps pour lui de ranger les trastos, sauf exceptionnellement l’an prochain pour une dernière corrida goyesque à Arles pour marquer à la fois ses vingt ans d’alternative et son retrait définitif du toreo...

Il sera alors temps de consacrer encore plus de temps à son épouse et ses enfants, mais aussi à ses autres prérogatives, son élevage comme la gestion d’arènes, sans parler de ses affaires privées.

Une chose est sûre, d’un biais ou d’un autre, on n’a pas fini de rencontrer Jean-Baptiste qui nous a bien fait comprendre qu’il serait encore là dans le monde des toros pour poursuivre et honorer l’œuvre de son père et de sa famille. Au nom des Jalabert...

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Comme c’était prévisible, son intervention s’est conclue par une ovation de gala, de celles qui honorent les maestros les jours de tardes mémorables. Enhorabuena y suerte, Maestro !!!

Lire sur le site Feria TV la communication de Jean-Baptiste en cliquant ICI

DAX

Trois quarts d’arène. Beau temps. Six toros de Victorino Martin très bien présentés, nobles mais manquant chispa.

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Curro Díaz : silence et bronca.

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Emilio de Justo : une oreille et une oreille.

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José Garrido : silence, un avis et silence.

Douze piques, cavalerie Bonijol.

Salut d’Ángel Gomez au cinquième.

Président : Jean Charles Boué.

Le torero révélation de l’année a confirmé une nouvelle fois qu’il a des atouts et le public avec lui. Deux oreilles coupées, une à chaque Victorino. Son premier fut le meilleur de la corrida, un peu « tardo » à l’appel, mais au second muletazo le Victorino faisait l’avion de la corne droite, avec le museau au ras du sol. De Justo en profita pour construire une faena vibrante, pugnace, avec des passes senties. Son second fut beaucoup plus compliqué et l’émotion s’empara des arènes. Passe à passe, en se jouant littéralement la peau à chaque muletazo, il parvint à s’imposer au Victorino avec une caste de torero qui a faim.
 
Le public se montra froid avec Curro Díaz à son premier. Pourtant, ce fut une faena de maestro, bâtie avec temple, devant un toro qui n’était pas évident et que Curro soumit en douceur avec un très bon placement. Il dessina de belles passes, mais ce public en était à son premier toro et demandait davantage d’émotion. Le torero de Linares fut débordé à la cape par le toro le plus compliqué du lot. Il n’insista pas longtemps à la muleta et fut sifflé.
 
Silence après deux prestations sincères et engagées de José Garrido. Il manqua un peu de temple à son premier, il brilla aux véroniques au dernier et n’intéressa pas les gradins malgré son insistance. Ils avaient été conquis par De Justo et n’en avaient que pour lui.
 
A. Arévalo

(Corridasi – Photos : Ferdinand de Marchi)

SERRANO

Barbastro (Huesca). Dimanche. Corrida de Féria. Quasi lleno.

Six Toros du Camino de Santiago ; un sobrero en cinquième de Gallon frères.  

Marc Serrano : ovation après avis et oreille.

 Antonio Nazaré : oreille et silence.  

Joaquín Galdós : deux oreilles et ovation.

 Un fort contingent d’aficionados français avait, malgré la concurrence de Dax et Arles, fait le déplacement jusqu’à Barbastro, au pied des Pyrénées, où se maintient coûte que coûte la tradition taurine grâce à une poignée de jeunes très déterminés. Il y avait pour nous deux bonnes raisons de faire le déplacement : les toros de Jean-Louis Darré et le retour attendu de Marc Serrano qui compte beaucoup de supporters.

 La corrida du Camino était superbement présentée et plusieurs toros, les second, cinquième et sixième, ont été applaudis à leur sortie. Elle a été discrète sous le cheval, mais noble dans l’ensemble par la suite, avec deux grands toros permettant de faire le "toreo grande": le second et le sixième. Elle a toujours donné de l’intérêt, solide sur ses pattes et sa noblesse n’a jamais tourné à la mièvrerie ; cette sosería ennuyeuse. C’est donc une nouvelle démonstration des capacités du ganadero de Bars qui devrait faire taire les sceptiques – hélas, pour beaucoup, ils n’étaient pas venus...

Marc Serrano, le torero indépendant, à l’aficion monstre, exemplaire en cela, a montré que malgré son peu d’opportunités, il était encore puesto. Capable de résoudre les difficultés de ses deux Camino qui se montrèrent coriaces ; le second surtout. Il prit d’ailleurs une forte palliza à la cape, le toro l’envoyant bouler contre la barrière mais, malgré la frayeur faite dans le callejón, il revint comme si de rien n’était... toujours solide et décidé à ne pas laisser passer cette opportunité. A la muleta, ses deux faenas, bien construites, allèrent de menos à más et il connecta, grâce à son courage et à son entrega, avec les tendidos qui l’encouragèrent tout au long de la journée. Lucidité ! Oficio ! Quelle injustice qu’un torero de cette qualité n’ait pas plus d’opportunités ! Sans doute est-ce le prix à payer de l'indépendance… Avec un peu de réussite à l’épée, il serait sorti en triomphe. Ceci dit, à son second passage et au deuxième essai, il plaça l’estoconazo de l’après-midi. C’est donc un retour gagnant pour Marc.

Nazaré toucha un premier Camino qui avait de la classe et de la transmission, il en a lui aussi : un toreo vertical très typé et en cela spectaculaire. Forte personnalité que l’adversaire lui permit d'exprimer à la muleta surtout. Il y eut de belles séries des deux côtés. Une entière tombée limita son succès à une seule récompense. Il eut moins de chance par la suite, après que le cinquième Camino fut changé, sans raison réelle, et remplacé par un toro de Gallon violent à la pique, réservé par la suite, protestant sans cesse et avec lequel il était impossible de s’accoupler. Il ne put rien faire malgré son désir et le tua mal de surcroît.

Joaquín Galdós, nous le savions, est le pendant austère de son ami péruvien Roca Rey avec lequel il a grandi. Il n’a pas son charisme, mais comme lui, il a un courage de lion et malgré sa jeunesse un réel officio qui lui permet de se tirer des situations complexes. Il hérita de deux exemplaires qui lui permirent de montrer ces qualités : un toreo posé, courageux, sans brillant démagogique, mais avec un sérieux qui montre son sens des responsabilités ; un type sur lequel on peut compter. Belle démonstration de ce sérieux à son premier passage avec une faena qui ira de menos à más, un peu accrochée mais engagée. Il aurait pu couper une oreille à son dernier toro si l’animal n’avait pas tardé à tomber.

Le bilan est positif pour les organisateurs heureux de recevoir de nombreux français du Sud-Ouest comme du Sud-Est et qui font une entrée satisfaisante, il l’est aussi pour le ganadero qui trouve plus d’échos positifs au-delà des Pyrénées que chez nous (un de ces paradoxes du milieu taurin) et pour Marc Serrano qui a montré qu’il fallait toujours compter avec lui.

Pierre Vidal - Corridasi

MEHDI

Mesdames, Messieurs, Chèr(e)s Aficionados,

C'est avec une vive émotion et après mûre réflexion que je décide de troquer l'or pour l'argent en tant que banderillero dès la temporada 2019.

Je prends cette difficile et douloureuse décision non pas par manque de soutien et d'envie mais uniquement par manque de contrats !

Il est primordial pour moi de retrouver au plus vite la joie et l'enthousiasme qui m'animent depuis mes débuts.

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Le respect l'amour du public et des toros ont toujours été essentiels pour moi.

Je prendrai donc à cœur de ne pas laisser ces valeurs s'éteindre.

Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui m'ont fait confiance depuis mes débuts à l'école taurine d'Arles et qui ont continué à croire en moi, mais il faut savoir partir au bon moment...

Cette nouvelle aventure est attrayante et elle me permettra de continuer à vivre mon Aficion... ma Passion.

Je vous dis à très bientôt...

Mehdi Savalli