Vendredi 29 Mars 2024
Adrien, Manizales, Grana y Oro…

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Adrien Salenc : en route vers les sommets, avec l’objectif de faire fructifier le capital engrangé en 2016…

Dans la continuité d’une trajectoire ascendante, Adrien Salenc va entamer une année complète de novillero avec picadors. Déjà, l’an dernier, il a franchi le gué à mi-chemin et depuis, avec toujours comme mentors Ángel Gómez Escorial et Olivier Barratchart, il prépare ce qui devrait être une saison très importante pour lui dans cette catégorie.

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Rencontré à Nîmes - sa ville natale, faut-il le rappeler -, durant cette trêve avant de repartir à Madrid pour reprendre le quotidien de son entrainement, Adrien est revenu sur sa temporada passée, son passage dans la catégorie supérieure, puis a évoqué son bilan, ainsi que sa préparation et ses objectifs pour 2017…

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« Nous avons appliqué l’an dernier une stratégie bien établie, avec un début de temporada en novillada non piquée. J’en ai fait six, depuis Magescq jusqu’à Mimizan, j’en avais besoin pour me remettre un peu dans l’ambiance de la temporada. Je n’avais pas trop toréé au campo pendant l’hiver, et n’ai pas trop eu aussi  la chance de tuer beaucoup de toros en privé, et en outre, plusieurs novilleros ont débuté au début. J’ai donc préféré aussi me démarquer un peu pour arriver un peu plus tard dans cette nouvelle catégorie.

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Dans l’ensemble, ça s’est plutôt bien passé, j’ai coupé une oreille à Magescq puis j’ai notamment triomphé à Aignan, je suis passé aussi à Nîmes pour la novillada des Rendez-Vous en Terre d’Aficion où j’ai coupé à mon second. En Espagne, je n’en ai toréé qu’une à Las Matas, près de Madrid, où j’avais coupé deux oreilles à une novillada d’Alcurrucén. Tout cela a constitué pour moi une excellente préparation avant le passage dans la classe supérieure en juin à Captieux face aux novillos de Joselito…

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C’était une date très importante pour moi, évidemment, et je le répète, je n’avais pas eu trop d’occasion de tuer de vrais novillos, mis à part un toro un jour où El Juli m’a emmené au campo. A Captieux, le changement de catégorie de bétail m’a un peu surpris, entre le volume et le problème de la pique que je découvrais, ce qui a nécessité une adaptation, notamment à mon premier, alors qu’avec mon second, j’étais déjà plus à l’aise. J’ai coupé une oreille à chacun de mes novillos et compte tenu des difficultés, je m’attendais à moins bien pour mes débuts ! Les gens ont été beaucoup avec moi, ils m’ont motivé car ils ont vu que j’avais vraiment envie de triompher. Disons que le courant est très bien passé.

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Deux semaines plus tard,  je me suis retrouvé à Istres, c’était une date très importante pour moi, dans une superbe arène. J’ai pu montrer une partie de mon concept dans un contexte favorable face aux novillos de Patrick Laugier et je suis finalement sorti a hombros en compagnie de mes deux compañeros Andy Younes et Leo Valadez… Après les oreilles que j’ai coupées dans cette arène, les gens m’ont vu autrement, avec une nouvelle dimension et ce succès a d’ailleurs eu pas mal de répercussion, y compris en Espagne, preuve en est que la revue Aplausos m’a appelé le lendemain pour me faire une page…

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Je pense avoir fait un grand pas dans l’amélioration de ma tauromachie, en partie grâce au changement de bétail. En non piquée, ça a tendance à partir dans tous les sens, alors qu’au stade supérieur, le noovillo se pose davantage et on peut toréer de manière plus posée, ce qui te fait prendre en même temps de la maturité. Le toro t’oblige à être encore plus concentré, à faire moins de fautes techniques, c’est tout un processus qui se met en marche, avec la recherche de plus de lenteur, de profondeur.

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Tu dois donc montrer que tu as réussi ton adaptation avec le vrai novillo, qui assez souvent n’est pas loin du toro, d’autant plus qu’il y a pas mal de novilladas fortes. Après, il faut évoluer à chaque novillada, ce que je pense être parvenu à faire, et comme je n’ai pas de problème avec l’épée et que  j’ai acquis une bonne régularité dans la suerte suprême, ça m’a permis de couper pas mal d’oreilles…

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Si je repense à ma dernière saison, je me dois de citer Orthez où j’ai toréé une novillada d’El Retamar avec laquelle je n’ai pas coupé d’oreilles, mais où j’ai ressenti d’excellentes sensations. C’est d’ailleurs une des rares fois où j’ai pinché les toros ! Ensuite, je peux citer aussi le 15 août à Béziers, pour une substitution. J’étais à Madrid, on ne m’a averti que la veille, on a roulé toute la nuit pour arriver le matin à 9h ! J’ai eu juste le temps d’avaler un café et de mettre le costume, mais ça s’est très bien passé, j’ai coupé une oreille et remporté aussi le prix du triomphateur de la novillada…

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Après, le rythme s’est un peu accéléré en septembre, j’ai toréé à Arganda del Rey, où il y a une semaine très importante de novilladas, les novillos sont forts, et j’ai coupé deux oreilles à un novillo d’Osborne, je me suis senti a gusto et j’ai été déclaré triomphateur de la feria. Ça faisait trois ou quatre ans qu’il ne s’était pas coupé deux oreilles, ce qu’avait fait alors López Simón !

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J’ai aussi  un excellent souvenir de Dax pour Toros y Salsa, je suis sorti a hombros après avoir coupé deux oreilles lors de la novillada de La Quinta qui est bien sortie, même si mon second a été plus difficile, ce qui m’a permis de montrer les deux facettes de mon toreo ! En France avec Istres et Dax, ça a constitué mes meilleurs souvenirs et en définitive, je suis globalement satisfait de ce passage en piquée qui s’est soldé par une quinzaine de novilladas au total…

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Maintenant, je me prépare pour la prochaine temporada qui va être déterminante pour l’orientation de ma carrière. Je tiens à préciser que par rapport à mon passé à la Fundación El Juli, je ne suis plus élève puisque j’ai franchi le cap de la piquée, mais j’ai gardé d’excellentes relations avec tout le monde, à commencer par le Maestro El Juli, son père et son frère Ignacio, d’autant plus qu’Ángel Gómez Escorial est toujours à mes côtés en tant qu’apoderado avec Olivier. Je peux y aller quand j’en ai envie, c’est d’ailleurs ce que je fais de temps en temps pour m’entrainer, et comme le temps passe vite, je suis devenu un peu le « grand frère » ! C’est encore quelque part ma maison, l’ambiance est très agréable et je m’y rends avec plaisir. Sinon, je vais aussi à la Casa de Campo, avec Ángel et Joaquín Galdós, puis j’ai pas mal d’amis dans le milieu et avec d’autres novilleros, on se rencontre aussi.

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Galdós, c’est come un frère pour moi, il m’a pris au début sous son aile et m’a beaucoup appris. Quand il st venu en Espagne, il a commencé à la Fundación, et comme on partageait un appartement à plusieurs, c’était mon compagnon de chambrée ! C’est un très grand ami, on vivait ensemble au quotidien et il m’a beaucoup apporté…   L’entrainement, ça ne s’arrête jamais ! Il faut s’entretenir dans tous les domaines et tenter de corriger nos éventuels défauts. A ce propos, je m’aide beaucoup de la vidéo, j’aime revoir mes séances filmées en tientas ou les vidéos de mes novilladas, c’est un outil extraordinaire qui fait ressortir tous nos gestes vus parfois différemment que ce que l’on a éprouvé en piste. Je suis très critique envers moi-même et ce qui est paradoxal, c’est que parfois je me rends compte que je n’ai pas été aussi bien que ce que je le pensais, mais parfois aussi, c’est le contraire, je ne me sentais pas très bien alors que sur la vidéo, je me dis que finalement c’est mieux que ce que je pensais !!!

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Il y a encore énormément de choses que je dois travailler, notamment avec le capote où  je travaille beaucoup la véronique, le fait de bien sortir les bras, de tenir le capote plat, d’essayer de ne pas changer la hauteur lors des mouvements d’envoi et de ne pas perdre les pas… Parfois, j’ai tendance à trop lever la cape, je n’ai pas le droit de lever les bras, sinon j’accentue encore plus ce défaut ! A la muleta, j’essaie de toréer lentement. Après, c’est une recherche personnelle, je suis en train de trouver le concept que je veux interpréter, c’est un travail au quotidien, mais pas qu’à l’entrainement, il faut y réfléchir tout le temps et c’est aussi en cela que l’apport de la vidéo est important.

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Un des plus importants changements avec la non piquée, c’est évidemment… la pique ! Ce n’est pas facile et j’ai eu du mal  au départ car je n’avais pas eu trop d’occasions de travailler cette phase au campo. Dans ce domaine, Ángel m’a beaucoup apporté, il a pas mal d’expérience et il me guide dans le dosage et le nombre de rencontres car c’est un domaine où il faut trouver ses repaires. Je ne l’ai pas toujours écouté et j’ai eu tort ! Dans ces cas-là, c’est moi qui me suis trompé et je l’ai payé par la suite, mais ça fait partie de l’apprentissage. Le jour de ma présentation en piquée, j’ai fait mettre deux puyazos à mon premier, puis il s’est arrêté au bout de quatre séries ! J’aurais dû écouter Ángel, mais sur le coup, ça va très vite pour bien analyser la suerte et c’est ce que je dois encore maitriser.

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Ce que j’ai appris aussi, c’est d’être très attentif pendant ce tercio et après le premier puyazo, de le tester au capote pour décider de la suite à donner selon son comportement. Tout cela nécessite une grande connaissance du toro et il est justement très important de se sentir bien épaulé. On apprend petit à petit, d’où l’importance de l’observation et de la capacité à prendre les bonnes décisions car la suite en dépend… Les banderilles ? Comme je le dis souvent, c’est une suerte que j’aime bien, mais je ne veux pas que ce soit systématique. Cette année, j’ai banderillé quelques novillos, notamment à Istres, à Orthez et à Millas. C’est moi qui décide, ça dépend du comportement de l’animal et parfois du public, mais ce n’est pas une règle établie. Cela dit, à la Fundación, je travaille cette suerte au carretón car évidemment, ça requiert une technique particulière qu’il faut bien assimiler. Mais dans le fond, c’est un geste technique que j’aime bien exécuter…

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Concernant le nombre de courses, il y a eu quelque chose de curieux : les deux dernières temporadas, on s’en était fixé un, et en fin de compte, il s’est trouvé que l’on est tombé pile !!! L’an dernier, j’ai donc toréé 22 courses, 15 en piquée, 6 en non piquée et un festival. Si l’on tient compte de la situation actuelle, surtout en novillada, ce n’est déjà pas si mal ! En non piquée, je voulais terminer avec une quarantaine de courses, mais avec picadors, il y en a beaucoup moins qu’à une époque. J’ai pris de l’ambiance l’an dernier en tant que torero et je pense qu’il me faut maintenant confirmer et démontrer dans les grandes arènes de France et d’Espagne que je peux être un torero important. D’ailleurs, à ce propos, j’aimerais bien toréer cette année à Madrid. Il faudra bien sûr que je me sente prêt et toréer avant quelques novilladas, mais ça constitue pour moi un objectif important. Chaque fois que je passe devant Las Ventas, je ne peux m’empêcher d’y penser ! Et quand je suis assis sur les gradins, je n’y vais plus avec le même ressenti car je me dis que bientôt, ce sera moi qui serais en bas !!!

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Cela dit, il ne faut pas s’emballer. Ángel et Olivier sauront et feront ce qui sera le mieux pour moi. Je pense que je vais toréer pas mal de courses qui sont en ce moment en pourparlers, je suis content quand les empresas appellent pour que je torée dans leurs arènes et j’espère ne pas les décevoir. J’espère évidemment être notamment à Nîmes pour la Cape d’Or à Pentecôte et toréer dans d’autres grandes arènes françaises. J’ajoute que j’ai déjà pris pas mal de plaisir à toréer des ganaderías françaises et que j’espère que ce sera encore le cas cette année ! 

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L’alternative ? Je savais que tu allais me poser cette question !!! Et contrairement à ce que tu penses peut-être, eh bien oui, j’y pense ! Je l’ai vraiment dans la tête, même si je suis bien conscient que ça va dépendre de beaucoup de choses et qu’il n’est pas toujours bon de brûler les étapes. Mais si les choses se passent bien, il est clair que ma saison peut prendre une autre tournure et là, il faudra réfléchir. J’ai encore énormément de choses à prouver, mais bon, si ça se passe bien, le mieux serait peut-être de l’envisager en début de prochaine temporada. Après… où ? Il y a pas mal d’arènes pour lesquelles j’ai beaucoup d’affection. Ça dépendra aussi des dates et des propositions que l’on nous fera… Pour le moment, on n’en est pas encore là. Je n’ai rien contre personne, mais bon, allez, pour conclure, entre toi et moi… tu sais bien que je suis Nîmois !!! Alors… »

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Comme le dit si bien Adrien, on n’en est pas encore là. Et pour l’heure, on va lui dire suerte… non sans préciser que sa peña taurine organisera sa traditionnelle fiesta campera le dimanche 29 janvier à la ganadería Sainte-Cécile. Le programme complet sera publié sous peu…

MANIZALES

Dans des arènes pleines, bonne corrida de Santa Bárbara avec vuelta al ruedo au sixième, « Malicioso » après pétition d’indulto.

Oreille puis saluts pour José Arcila et saluts puis oreille pour José Garrido.

Silence aux deux pour Luis Bolívar.

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(Photo : Julián Velasco/Mundotoro - Vidéo : Agnès Perronet)

GRANA Y ORO

L’émission propose son dernier flash-back avec des entrevistas de David Salvador, Gómez del Pilar, Varea et Octavio Chacón, ainsi que des reportages sur les ferias de Tafalla, Salamanque, Navaluenga, Riaza et Aranda de Duero…

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