Vendredi 19 Avril 2024
Nîmes, Vic…
Mardi, 10 Juin 2014

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Triomphe d’Andy Cartagena le matin, fracaso des Miura pour la clôture…

Arènes pleines, temps chaud. Six toros de La Capea, cinq de San Mateo et le quinto de San Pelayo, corrects de présentation, inégaux de comportement, meilleur le 4.

Andy Cartagena (oreille et deux oreilles et la queue) a été le plus en vue, et après avoir déjà obtenu une récompense à son premier, on le vit encore plus en verve face au quatrième, offrant une prestation de haut niveau avec ses différentes montures, multipliant quiebros et pirouettes, et surtout templant ses passages, transmettant beaucoup d’alegría sur les étagères.

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Diego Ventura (silence et oreille) a été plus en retrait, notamment à cause des conclusions, pinchant sa premier faena après avoir exécuté une partition somme toute  correcte, et perdant à cause du descabello un deuxième trophée lors de son second trasteo qui l’a vu cependant très templé sur deux tours complets avec Nazari, le grand moment de sa seconde prestation. A noter qu’au tout début, son opposant a sauté dans le callejón…

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Leonardo Hernández (oreille et oreille) a montré beaucoup d’envie face à deux toros distraits. Spectaculaire dans la plupart de ses passages, il s’est attiré les faveurs du public pour son entrega et sa décision…

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Après-midi. Arènes quasiment pleines, canicule. Six toros de Miura et trois sobreros, deux de Garcigrande (1 et 5) et un d’Alcurrucén (6). Un ensemble décevant, avec trop de toros faibles, qui a mécontenté un public qui s’attendait à tout autre chose au niveau de la présence et du jeu…

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Manuel Escribano (vuelta et silence) venait confirmer et chose curieuse, il le fit avec deux sobreros, n’ayant en définitive aucun Miura à lidier ! Avec le Garcigrande, mué en toro de la cérémonie, le maestro de Gerena se mit en évidence au capote. Après deux piques d’inégale intensité, il reçut une grosse ovation palos en mains, avec notamment un quiebro millimétré dans les planches. Brindis à son apoderado Robert Pilès et trasteo méritoire à droite en plusieurs séries ajustée. A gauche, il n’insista guère et retourna rapidement sur l’autre bord pour administrer encore quelques muletazos valeureux avant les bernardinas finales puis une entière. La pétition resta sans effet, le palco essuyant une bronca, mais il faut dire qu’il est parfois difficile de faire la part des choses entre le décompte des mouchoirs et ce que l’on appelle une pétition sonore. Un problème qui n’a d’ailleurs jamais été réglé… et qui ne l’a pas plus été aujourd’hui ! Cela étant, selon moi, Escribano méritait un trophée, car ici comme ailleurs, on en a vus attribués pour moins que ça ! Avec l’ultime, un manso d’Alcurrucén piqué en deux fois, Manuel se fit encore ovationner avec les bâtonnets et brinda au Juli une faena faite de plusieurs séquences méritoires, mais qui ne décolla jamais totalement, d’autant plus que chez le public, à l’évidence déçu, voire désabusé, le cœur n’y était plus…

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Rafaelillo (saluts et silence) se distingua sur trois largas cambiadas de rodillas pour accueillir son opposant qui ne tarda pas à montrer des signes de faiblesse. Affichant vaillance et entrega, il composa une faena  décidée, avec au passage un plat de corne sur la face. Entière, longue agonie puis descabello. Avec le quatrième, qui poussa sur le premier assaut, Rafaelillo ne put réussir le desquite, son adversaire s’avérant à son tour trop limité de forces pour donner quelque consistance à son labeur, l’affaire tournant court prématurément. Pinchazo, entière et descabello.

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El Juli était au centre de l’attente car ce n’est pas tous les jours qu’une figura prend des Miura. Disons tout de suite que ni sa prestation, pas plus que la corrida dans son ensemble, ne passeront à la postérité ! Son premier prit quelques bons capotazos, alla deux fois au cheval, la deuxième pour la forme, puis Julián lui arracha des muletazos certes valeureux, mais n’allant pas plus loin qu’un succès d’estime à cause des conditions de son adversaire, lui aussi  limité dans ses forces comme dans ses charges. Entière. Au cinquième bis, El Juli distilla quelques bons capotazos et après un premier bon puyazo et le second en mode homéopathique, puis un tercio de banderilles minable, il essuya l’ire d’une partie du conclave, et même sa dérision sous la forme de « olés » moqueurs, ce qui ne l’incita guère à aller plus loin, malgré une poignée de muletazos bien tracés. Demie.

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En définitive, une corrida à bien vite oublier, ce qui ne sera pas bien difficile…

VIC

Alberto Lamelas, héros vicois…

Dimanche, dernière de feria. 3/4d'arène. Toros de Dolores Aguirre âgés de cinq ans et plus. Pétition de vuelta au second, ovation aux troisièmes, cinquièmes et sixièmes.

Fernando Robleño : ovation et salut du callejón et silence après avis. Javier Castaño : palmas et pitos. Alberto Lamelas, ovation après une pétition d'oreille et oreille avec pétition de la seconde et deux vueltas al ruedo.

Salut de David Adalid au second et de Daniel Otero au troisième. Salut final d'Alain Bonijol.

Vic a trouvé son héros : Alberto Lamelas, et un épilogue qui renoue avec le passé glorieux de l'arène gersoise. Ce dernier toro de Dolores Aguirre fut le grand moment de cette féria gersoise. Un moment gâché, il faut le dire, par la pingrerie d'un président qui a manqué de sentiment et qui n'a pas récompensé par un double trophée l'immense courage d'un torero modeste, transcendé par les circonstances et qui mérite mieux que son rang actuel.

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Ce sixième toro, long comme un jour sans pain, haut comme un immeuble new-yorkais et armé jusqu'aux dents a d'abord mis la panique dans le callejón où il a tenté de sauter à plusieurs reprises - tous aux abris ! Puis il a renversé Gabin Rhehabi, picador héroïque lui aussi, lors d'un batacazo terrifiant au centre de la piste. Il a terrorisé ensuite les cuadrillas qui eurent bien du mal à poser quatre banderilles, une par une. Dans le stress général, Alberto s'est alors planté au centre de la piste et arracha quatre séries de trois passes à l'Aguirre. Certes, elles furent accrochées, un peu désordonnées, mais le toro - dont on n’attendait rien - finit par se soumettre à la volonté du torero. Douze passes, pas une de plus, toutes émouvantes, soutenues par un public en transe avant un estoconazo en place et un descabello qui envoyèrent le monstre ad patres. Grand moment et grande ovation d'une arène électrisée par la sauvagerie de l'affrontement, hurlant "torero! torero!".

"Vic es otra cosa" et nous avons touché là l'essence même de la corrida: ce dur combat où seuls les héros triomphent. Pour le reste, la corrida de Dolores était fort bien présentée, avec du bois, lourde, haute, dans le type. Le second fut le plus complet et se laissa toréer, les troisièmes et quatrièmes le furent à un degré moindre. Le cinquième et le sixième surtout étaient terriblement dangereux: mansos au cheval, violents, coupant le terrain, refusant les leurres et encensant sur les deux bords. Ce n'était vraiment pas des cadeaux...

On a vu Robleño plus à l'aise dans ce type de situations. Il nous donna des sueurs froides à son premier passage, trébuchant sans être blessé, par la suite la faena bien entamée baissa d'un ton. Il fit un gros effort à son second. Le public vit-il la difficulté de l'adversaire ? Sa faena construite par bribes méritoires ne monta pas aux gradins et comme il n'eut pas de réussite avec l'épée il se contenta d'applaudissements.

Javier Castaño entendit une dure bronca après son second passage. Le toro, durement châtié par Tito Sandoval, il est vrai avait bien peu de possibilité. Le Salmantino le doubla par le bas et le tua rapidement d'un pinchazo hondo, ce qui ne plut pas au respectable. Sa cuadrilla, dont on sait qu'elle frôle l'excellence, pour une fois ne fut pas à la fête. Seul Marco Galán surnagea à la brega.

Alberto Lamelas avait brillé à son premier passage. On avait pu mesurer sa décision. Le toro était sérieux, mais noble aussi de cette noblesse piquante. Lamelas lui servit des séries courtes, mais templées par le bas, et on vit ainsi les qualités de l'animal. Il tua d'une lame légèrement tombée, mais il y eut une forte pétition que le président ne prit en considération. Alberto, à défaut de convaincre un palco buté, aura séduit par son courage et sa force morale le public gersois. Sa prestation s'inscrit dans les grandes heures de ces arènes vicoises. Il conclut par le haut une bonne féria.

Pierre Vidal (Corridasi)