Vendredi 03 Mai 2024
Timonero
Samedi, 26 Avril 2014

Condamné à mort par ses frères…

J’imagine la peine du mayoral Fabrice Torrito lorsqu’il a découvert le sort que ses frères ont réservé à Timonero. Après l’avoir bichonné pendant des mois, des années, on a envie de penser : tout ça pour en arriver là…

Mais c’est la dure loi du campo, de la nature, dès lors qu’il s’agit d’animaux sauvages, bravos, et la finca Mirandilla n’y échappe pas. On aurait aimé bien sûr voir combattre Timonero dans les arènes de Vergèze, mais le sort en a décidé autrement.

En ce moment, je pense aux détracteurs de la tauromachie qui n’ont pas peur de se couvrir de ridicule en proclamant que les toros de combat ne sont rien d’autre que des animaux apprivoisés, s’appuyant sur un individu qui s’étale sur la toile aux côtés de son toro, comme il y en a d’ailleurs dans beaucoup de ganaderías, un mâle pris à part dès sa naissance et sur lequel tout le monde se fait prendre en photo. Mais qu’ils aillent faire pareil avec les autres, et ils comprendront vite…

Il y a trois ou quatre ans, j’ai assisté dans la voiture de l’éleveur de Flor de Jara, Carlos Aragón Cancela, au combat entre deux toros, et malgré ses cris, ses coups de klaxon et tous les moyens employés pour les séparer, rien n’y fit. Puis, tout à coup, toute la manade a dévalé la colline et a poursuivi celui qui passait pour provocateur. Il s’est mis à détaler sans demander son reste, avec tous les toros à ses trousses.

Alors qu’on les avait perdus de vue, un silence étrange s’abattit sur le campo. Plus un seul bruit. L’éleveur se tourna vers moi et me dit : Je viens de perdre un toro ! ». Pas besoin de le voir, il avait compris...

Il y aura encore beaucoup de Timonero dans le campo, beaucoup de toros qui laisseront leur peau sous les coups de leurs frères, et beaucoup d’éleveurs et mayorales remplis de chagrin. En hommes rodés aux dures lois de la nature, je sais que tous l’acceptent comme une fatalité, même si la pilule est dure à avaler. La meilleure consolation pour Fabrice Torrito serait certainement que ses toros brillent le 18 mai à Vergèze. En souvenir de Timonero !!!