Samedi 04 Mai 2024
Pulsions
Mercredi, 30 Mai 2012

Quel est le pourcentage de bons aficionados dans une arène ?

C’est effectivement une question d’actualité que l’on peut se poser, suite à certaines réactions constatées dans l’amphithéâtre nîmois lors de la récente feria de Pentecôte. Car s’il y a une chose qui a évolué dans la corrida, c’est peut-être le public. Pour autant, si la tauromachie a besoin de tout le monde et qu’il n’est pas question de péter plus haut que son cul en se croyant plus calé que les autres, il est bien certain que la même corrida n’est pas perçue de la même façon chez les uns et chez les autres…

Aussi, quand on voit applaudir un picador qui ne pique pas, quand on voit applaudir un banderillero qui pose tout à cornes passées, quand on voit applaudir à l’arrastre un toro manso ou faible, quand on en voit certains conspuer une présidence qui résiste à des pétitions d’oreilles injustifiées ou systématiquement en demander une seconde quand la première est accordée, au point qu’ils en réclameraient trois si la présidence en accordait deux !... alors je me dis que tous les critères sont faussés, ou du moins qu’il n’y a plus vraiment de critères sur les travées. Dans ce contexte, faire partie d’une présidence devient de plus en plus complexe face aux divergences d’opinion et de réactions dans lesquelles il faut faire rapidement le tri. Et dans certains cas, la décision à prendre n’est pas aisée, car la satisfaction des uns va de pair avec la colère des autres…

Ce qui parfois complique encore plus les choses, outre la versatilité du plus grand nombre, ce sont les clivages internes à l’intérieur de l’aficion d’où naissent parfois certains excès de tous bords, alimentés par des aigreurs, des jalousies, des rancœurs, des convoitises, voire des différends personnels ou des connotations politiques. Et de maladresses en invectives, de pression incontrôlée à une soupape qui explose, il est clair que ce qui s’est passé lundi après-midi n’est pas fait pour apaiser le climat. Qui n’avait pas besoin de ça.

Derrière un geste qu’on ne peut pas approuver, mais peut-être comprendre dans le contexte de passions exacerbées, n’oublions pas tout de même ce que Simon Casas a apporté à ces arènes… et qu’il apporte encore. Personne ne fait du cent pour cent, personne n’est à l’abri d’une erreur, ni d’un excès de langage, mais par les temps qui courent, il est peut-être bon de rappeler tous les grands moments vécus dans cet amphithéâtre grâce à sa créativité, son intuition, pour ne pas dire son génie. Qui va forcément avec une pointe de folie, avec les excès potentiels que ça peut comporter… Aussi pardonnez-moi de ne pas hurler avec les loups, ça va conforter bien entendu ceux qui me traitent de lèche-cul, ce dont je n’ai que faire, d’autant plus qu’il n’est pas dans mes habitudes de manger à la table des empresas. Mais pour le bal des indignés, je cède aussi volontiers ma place…

Loin d’être une affaire d’état, tout au plus une tempête dans un verre d’eau (on en a connu d’autres… et on en voit bien d’autres sur les terrains le dimanche), mais qui va alimenter les conversions et certainement donner lieu à quelques communiqués, cet incident de parcours, pour fâcheux qu’il soit, n’est pas du genre à changer la face du monde, même pas de la planète taurine… Montpellier a bien été Champion de France et pourtant, certaines déclarations de l’emblématique Loulou ne sont pas passé inaperçues, que je sache… Tout au plus un peu de provoc, au second degré, et la caravane est passée…

C’est pourquoi, une fois la passion retombée, les pulsions calmées, il faut espérer que les prochaines Vendanges, pour lesquelles quelques cartels relevés sont attendus (annonce officielle le lundi 4 juin), se déroulent dans une sérénité retrouvée dont la Fiesta sortirait gagnante. Ce qui n’exclut pas la passion…

Pour que l’amphithéâtre nîmois, séculaire réceptacle des pulsions et des humeurs, bonnes comme mauvaises, ne devienne pas qu’un simple refouloir. Mais bel et bien la vitrine qu’il ne devra jamais cesser d’être.