Samedi 27 Juillet 2024
PATRICE
Mercredi, 15 Mai 2024
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Feria de Pentecôte : ou littérature en habit de lumières...(4)
 
Mieux que n’importe qui, Victor Hugo aurait pu signer l’exergue du premier chapitre de la quatrième page pour évoquer dans sa forme la matinale du lundi quand, dans une arène probablement pleine, Rui Fernandes, Diego Ventura y Lea Vicens tueront à cheval les Fermín Bohórquez.
 
« C'était le grand cheval de gloire,
 
Né de la mer comme Astarté,
 
À qui l'aurore donne à boire
 
Dans les urnes de la clarté ;
 
L'alérion aux bonds sublimes,
 
Qui se cabre, immense, indompté,
 
Plein du hennissement des cimes,
 
Dans la bleue immortalité.
 
Tout génie, élevant sa coupe,
 
Dressant sa torche, au fond des cieux,
 
Superbe, a passé sur la croupe
 
De ce monstre mystérieux.
 
Les poètes et les prophètes,
 
Ô terre, tu les reconnais
 
Aux brûlures que leur ont faites
 
Les étoiles de son harnais.
 
Il souffle l'ode, l'épopée,
 
Le drame, les puissants effrois,
 
Hors des fourreaux les coups d'épée,
 
Les forfaits hors du cœur des rois.
 
Père de la source sereine,
 
Il fait du rocher ténébreux
 
Jaillir pour les Grecs Hippocrène
 
Et Raphidim pour les Hébreux… »
 
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Et puis, en fin d’après-midi, on lira la dernière page de cette Pentecôte.
 
«En tout l’excès est un vice» écrivait Sénèque.
 
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Par moments Juan Leal peut paraître un torero de l’abus. Le courage est là, la volonté et le désir de faire des choses aussi. Mais, pour ce, Juan a quelquefois tendance à donner dans le torride ; l’exagération est alors son registre, l’emphase sa manière, l’hyperbole son corte ; dans ces cas là, pour passer la rampe du triomphe, il affriole, avive dans le fard et excite dans l’outrance. Quand il est ainsi devant le toro, Juan Leal s’exhibe, son corps exulte et son capote ou sa muleta brandis en turgescence donnent alors à son toreo un ton goulu de provocation marqué d’une dimension presque licencieuse.
 
Mais, si cette forme singulière plait et que Leal triomphe presque partout, alors que cette année, Bayonne l’a ignoré, cette façon déboutonnée dit-elle vraiment l’authenticité de Juan ? Et à Nîmes, donnera-t-il à voir autre chose ?
 
Il tuera le second et le quatrième.
 
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« Notre plus grande gloire n'est point de tomber, mais de savoir nous relever chaque fois que nous tombons » écrivait, cinq siècles avant JC, Confucius, le Chinois de la province du Shandong.
 
Fernando Adrián est né à Madrid et a grandi à Torres de la Alameda; jeune, Il court les encierros et les capeas des villages avant d’intégrer la “Fundación El Juli”, qui le fera débuter en 2008 à Paracuellos de Jarama et le conduira jusqu’à ses débuts avec picadors le 11 mars 2011 à Olivenza ; important cycle novilleril, triomphant entre autre à Nîmes avec le trophée de la Cape d’Or, à Dax, Mont de Marsan, Barcelone, meilleur novillero à Séville et vainqueur du Zapato de Oro à Arnedo, il prend l’alternative le 15 juin 2013 à Ávila avec El Juli pour parrain et Miguel Ángel Perera pour témoin... Et puis... Huit ans de galère sans pratiquement toréer, travaillant dans l’entreprise familiale tout en continuant à s’entraîner.
 
Mais il y eut la Copa Chenel de 2021 et en 2023, Fernando toréa quinze corridas pour quinze sorties en triomphe. La première à Valdetorres de Jarama le 30 avril, puis Anchuelo, Madrid le 31 mai en pleine San Isidro, Madrid encore le 18 juin pour la Corrida de la Beneficencia et, après être resté inexplicablement sur le banc de touche au mois d’août, Arenas de San Pedro, Cuenca, Cuéllar, Palencia, San Martín de Valdeiglesias, Valladolid, Navalcarnero, Murcia, Guadalajara, Vieux-Boucau et Las Rozas.
 
A Nîmes, ce lundi, en confirmant son alternative, Fernando saura rappeler que son soleil de gloire d’aujourd’hui a jadis connu l’ombre de la tapia.
 
Il tuera le premier et le cinquième.
 
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« Il était un homme condamné à guetter l'heure à une horloge sans aiguilles » écrivait Carson Mc Cullers.
 
Solal Calmet «Solalito» est nîmois et, il y a 244 jours, ici même, le «Juli » l’a fait matador de toros. Depuis, il a peu toréé et reste encore un point d’interrogation. On connait de lui une volonté farouche, un caractère bien trempé et des triomphes de jeunesse.
 
Si cela est le cas de beaucoup, cela n’est pas suffisant.
 
Mais Simon l’a élégamment invité à Nîmes. Aussi, il est certain que le dernier jour de la féria, Solal ne pourra se contenter du bas bout de la table de sa ville, voudra changer les choses, écrire lui aussi une page de toreo, faire d’un point d’interrogation un d’admiration pour pouvoir jouer un jour dans la cour des grands et mettre des aiguilles à sa pendule...
 
Il tuera le troisième et le sixième.
 
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« Virgen Maria »   : Divisa : Bleu ciel, Blanc et Bleu ciel Signal : senal : Horquilla à gauche et Punta de espada à droite; origine : Domecq via Jandilla, Victoriano del Río et Daniel Ruiz ; Fincas : “Pedrechada y Garlochi”  Constantina ; Gérant : Jean Marie Raimond.
 
« Virgen Maria » : Une ganadería à découvrir.
 
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Entre le vendredi et le lundi après-midi, la Pentecôte nîmoise donnera de quoi voir, donnera de quoi lire.
 
« Oui mais.. Quand même... C’est toujours pareil… On les a mille fois vus… Ça manque d’originalité… Il aurait pu mettre…Un tel y est deux fois… Et un tel n’y est pas… On aurait souhaité un peu plus de chispa » diraient les roundinaïres ; «On aurait aimé davantage de piment» diraient les roumégaïres ; «On aurait aimé voir autre chose» diraient-ils ensemble.
 
« La critique juste donne de l'élan et de l'ardeur. La critique injuste n'est jamais à craindre » écrivait Musset.
 
Les carteles de la Pentecôte me plaisent et ceux laissés entrevoir pour les Vendanges, j’en suis certain, enchanteront.
 
Fine, intelligente dans sa composition, riche dans ses couleurs, diverse de sens et avec un souffle, l’affiche de Swan Soto, des deux ferias en est le porte drapeau.
 
PAUSE POUR FERIA DE PENTECOTE - REPRISE DES LIVRAISONS MERCREDI 22 MAI.
 
 Patrice Quiot