Vendredi 29 Mars 2024
Casanueva : L’esprit de famille autour des toros…
Mardi, 30 Août 2011

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Une bien belle histoire que celle des Bats, José, le père, et son fils Guillaume…

Certes, José était sauteur et les courses landaises n’avaient pas de secrets pour lui, les vaches non plus, certes Guillaume ne rêvait que de toros depuis son tout jeune âge, mais de là à penser qu’un jour ils deviendraient ganaderos, même eux ne l’auraient pas imaginé !

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Et pourtant, c’est à partir d’une circonstance malheureuse que les choses ont pris tournure, plongeant subitement une famille dans la détresse. En effet, un terrible accident qui a touché Guillaume de plein fouet allait curieusement se transformer en élément déclenchant… Au cours de l’entretien que nous avons eu, José ne pouvait pas ne pas évoquer cette nouvelle tournure prise par la famille Bats, alors qu’il aurait pu passer en compagnie de Marie-Hélène, son épouse, une retraite paisible en bord de mer, comme il l’avait initialement projeté ! 

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Après la visite de la ganadería, totalement montée à la force du poignet par famille et amis, une autre curiosité, j’ai longtemps écouté José me raconter cette émouvante histoire…

"Pourquoi Casanueva ? Tout simplement par rapport à la dénomination du lieu. Nous sommes sur la commune de Montsoué, à deux pas de Saint-Sever, et le lieu-dit s’appelle « Maysonnave », ce qui signifie évidemment maison neuve. Quand il a fallu trouver un fer, j’ai proposé à Guillaume d’hispaniser le nom, et c’est comme ça que c’est devenu « Casanueva » !

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Sur le domaine, dont la superficie englobant les deux parties de la colline tourne autour de cinquante hectares, il y a 120 têtes de bétail, dont trois sementales de Gallon, d’origine Sampedro. Nous sommes en étroite relation avec la famille Gallon avec qui nous procédons à des échanges, à des essais, en vue de faire avancer l’élevage… On a une quarantaine de vaches de ventre, le reste se répartissant entre femelles, veaux et erales… C’est surtout Guillaume qui s’occupe de l’élevage, étant donné que j’ai d’autres fonctions que je vous détaillerai un peu plus tard. Mais concernant la ganadería, même si je l’aide et si nous nous concertons pour les décisions, c’est lui qui est en première ligne…

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Pendant vingt-sept ans, j’ai été sauteur, longtemps avec Michel Agruna… Guillaume a suivi tout petit, il est rentré dans les arènes grâce à des numéros de charlots et à huit ans, il a mis l’école un peu de côté car il n’avait que la tauromachie dans la tête… jusqu’au jour où il partait en mobylette chez les uns ou les autres pour voir le bétail dans le campo ! Il s’appuyait contre les barrières et il regardait, il observait…

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En 2004, on est partis en Espagne voir des ganaderías du côté de Séville et là, il a fallu se poser partout, observer… J’ai pris des photos où il était en train de regarder les toros, ça durait pas moins de demi-heure ! Et un jour, il a fini par me demander de lui trouver des terres car il voulait devenir éleveur… On habitait alors à Mugron, on a vendu notre maison pour pouvoir s’installer ici, et on a foncé. Lui avait l’indemnité qu’il a touchée pour son accident, et on a fondé une société. Restait à trouver des toros, on s’est tournés alors vers plusieurs ganaderos de chez nous, mais on a eu des refus… jusqu’au jour où Guillaume est allé aborder Michel Gallon, ce qui ne voulait pas dire pour autant qu’il allait nous vendre des toros…

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Plus tard, on s’est décidé à aller chez eux et on est reparti le lendemain en ayant la confirmation qu’on aurait quelques vaches… Les négociations n’ont pas été faciles, mais on a fini par s’entendre et on y est retourné une seconde fois, avec ce coup-ci un accord pour quatorze vaches de ventre plus dix jeunes et un semental. Guillaume a tout choisi, je ne m’en suis pas mêlé, et quelque part, c’était le début de notre aventure…

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Le problème, c’était que dans le domaine des installations, nous n’avions rien, aucun équipement ! Et Gallon qui nous disait  d’embarquer le bétail… Mais où le mettre ? On n’y connaissait rien, personne n’est venu nous donner des conseils, et il fallait bien s’y mettre… Le 11 novembre 2006, ma femme, mon fils et moi, on a commencé par attaquer le balisage, il fallait traiter et placer les poteaux (il y a tout de même 3000 piquets !), tout clôturer, et le 5 décembre, c’est-à-dire moins d’un mois après, le bétail est arrivé ! Il a fallu acheter aussi le matériel, les tracteurs, les remorques… La veille de leur arrivée, on n’avait pas encore mis l’eau, on n’avait pas encore fini de clôturer, on a alors demandé de l’aide auprès de notre famille et nos amis - on leur doit beaucoup - et le jour J, quand Lescot est arrivé, on a mis des tracteurs un peu partout pour empêcher les vaches de sauter !!!

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C’était parti… Les premiers veaux sont nés en octobre 2007, ce qui pour nous était un événement et qui marquait le vrai démarrage de la ganadería, repris d’ailleurs par la presse, ce qui nous a permis de nous faire connaître. Ensuite, on a acheté d’autres vaches en plusieurs fois, toujours chez Gallon. On suit une ligne de conduite, maintenant on sait ce qu’on a, et peut-être que plus tard on prendra autre chose pour compléter ou faire un deuxième fer, comme on le souhaiterait avec Guillaume.

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Toutes les décisions au niveau de la ganadería, c’est lui qui les prend, celles concernant les structures et le fonctionnement des poules (il y en a 6000 !), c’est moi, mais évidemment, on se consulte pour tout ! Nous, on l’aide à tous les niveaux, Guillaume sait où il veut aller, je le laisse faire, c’est son avenir, pas le mien…

A l’origine, j’étais assez inquiet par rapport aux séquelles de son accident, mais à présent je suis rassuré, il gère tout bien comme il faut et ça va un peu mieux à tous les niveaux, d’autant plus que des amis éleveurs viennent maintenant nous donner quelques conseils, et on y voit un peu plus clair… Je ne dis pas ça parce que c’est mon fils, mais à ma connaissance, à seulement vingt-trois ans, je ne connais pas d’autres jeunes qui partis de rien se sont autant investis ! Ce qui m’a définitivement convaincu, c’est à la fois son niveau de connaissances et de passion…

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Au départ, c’était surtout pour lui faire plaisir, pour le récompenser et améliorer son état, pour l’aider à remonter la pente. Nous avons passé des moments très difficiles, mais ensuite, je reconnais que je me suis pris au jeu et maintenant, on investit. Nous travaillons à côté tous les deux, ma femme et moi, et en plus, nous avons monté un élevage de poules bio, qui nous prend pas mal de temps… lorsqu’on rentre du travail !!! Il est donc le seul à être à temps complet avec les toros et j’espère que l’on pourra à présent sortir des revenus de manière à compléter les installations…

Pour le moment, nous sommes sortis l’an dernier à Aire sur l’Adour, ce sont les premiers qui nous ont fait confiance, avec notamment un excellent novillo de l’avis général, et à Castelnau Rivière Basse pour la concours, où notre novillo a fini second !

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Ensuite, on a eu deux novillos, un à Bayonne en mai, qui est bien sorti, lidié par Julien Lescarret, et le deuxième a été toréé à Tyrosse par Mathieu Guillon, il a pris beaucoup de passes et s’est bien comporté. Nous avons aussi sorti le novillo prévu à Mont-de-Marsan lors de la novillada matinale finalement annulée, c’est Louis Husson qui l’a lidié et qui s’en est bien sorti. Pour nous, c’est le meilleur novillo que nous avons eu jusqu’à présent…

Ce qui est curieux, c’est que pour le moment, les résultats ont été meilleurs en novillos qu’en vaches tientées ! Sur une douzaine, je crois que l’on va en garder seulement trois. Il faut dire qu’on a placé la barre assez haute, des fois je ne suis pas d’accord avec Guillaume, mais bon, ce sera peut-être mieux pour nous plus tard… D’ailleurs, ce qui est encourageant, c’est que des comités et de empresas commencent à nous demander des toros, ça a un côté rassurant, d’autant plus que nous n’en sommes qu’aux tous débuts.

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Comme j’ai vu que Guillaume faisait ça à fond, j’ai décidé d’aller encore de l’avant en rachetant des terres sur l’autre versant. Dans trois ans, je serai à la retraite, je pourrai l’aider davantage et nous aurons alors la ganadería que nous avons souhaitée. On s’est fixé un seuil, soixante mères, en restant a priori sur de la non piquée, du moins pour quelques années encore. Il veut trouver un équilibre, fixer le sang, et après, il sera toujours temps d’essayer de franchir un autre palier…

Dans le domaine des installations, nos projets tournent autour de la construction de la placita de tienta et d’une salle de réception. On a fait un prévisionnel, on sait que ça va apporter un plus, d’autant plus que c’est très demandé par ici, d’ailleurs, pour le moment, on est obligés de refuser alors que la demande est là…

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Nous sommes soutenus par pas mal de personnes, à commencer par le maire, mais aussi des aficionados et même des gens qui au départ ne sont pas forcément portés sur les toros. Je crois qu’ils veulent encourager Guillaume et depuis qu’il y a la ganadería, je crois qu’on n’a jamais autant parlé de notre village ! Moi qui suis commercial - dans le domaine des produits chimiques agricoles - et qui tourne dans la région, je ne peux pas faire un pas sans qu’on me parle des toros, pas des poules, des toros !!! Je tiens d’ailleurs à préciser que ça m’a permis aussi d’ouvrir des portes, certains clients m’ayant confirmé qu’ils passaient commande parce que j’étais ganadero !

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Même si on n’était pas fait pour ça, il a bien fallu s’y mettre. Nous qui rêvions d’aller passer notre retraite en bord de mer, on est passé à une tout autre réalité ! Mais on ne regrette rien, on est bien contents, même s’il a bien fallu mettre les mains dans la merde !!! Ce que les gens ne savent pas, c’est que pour lui comme pour moi, quand on descend de la voiture et qu’on va au tracteur, qu’on entend les oiseaux chanter, les vaches réclamer à bouffer, on éprouve un plaisir indescriptible. Je dois remercier Guillaume parce qu’il m’a fait toucher de près quelque chose que je n’aurais pas soupçonné… Ce n’est pas facile, il faut faire des sacrifices, tout le monde met la main à la patte, mais c’est comme ça qu’on est heureux…

Ça a donné une deuxième vie à Guillaume, et pour nous, vous imaginez bien que c’est le plus important ! Le reste, à côté, nous parait bien dérisoire…"

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On le voit, tout ça n’est qu’une histoire de passion, d’aficion, et dans le cas présent, d’amour filial ! Et mon petit doigt me dit qu’on n’a pas fini de reparler de Casanueva…

Ganaderia CASANUEVA

Guillaume - José BATS

1580 Chemin d'Ous Sparres

40500 MONTSOUE

Tél./ Fax : 05 58 06 84 74

Portable : 06 88 97 08 48 -  Courriel : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.