Samedi 27 Avril 2024
PATRICE
Lundi, 18 Mars 2024
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Nîmes : Paseo littéraire… (1)
 
Marc Bernard (1900 – 1983)
 
« À l’âge de huit ans, je quittai la Croix-de-Fer, pour aller habiter rue du Chapitre, dans une très vieille maison […] À la sortie de l’école, je m’asseyais devant le couloir, sur une des bornes charretières, tandis que la nuit descendait lentement dans notre rue étroite ; j’attendais le retour de ma mère. La cloche de la cathédrale sonnait dans le silence : le son venait de très haut, il passait au-dessus des toits, me semblait-il, sans descendre. »  
 
Pareils à des enfants, prix Goncourt 1942.
 
« Dans les quartiers populaires, les Nîmois prennent le frais sur le seuil de leur porte. Ils ont sorti les chaises de la cuisine, à la paille rouge et blanche, et boivent l’air comme des poissons. Pas besoin de faire des manières, on est entre soi, en pantalon bleu, chemise ouverte, pieds nus dans les sandales de cordes, côté hommes, et en jupon léger ou peignoir de pilou, jambes nues chez les femmes. »
 
Une journée toute simple, 1950
 
 
Christian Liger (1935 – 2002)
 
« Si vous avez perdu votre partenaire dans la vieille ville, allez vous assoir au café des Beaux-Arts, place de la Cathédrale, et attendez qu’elle passe. Car elle passera. Six rues capitales, six ruelles tortueuses, six parcours commerçants aboutissent ici. La place de la Cathédrale, c’est le cœur du cœur depuis plus de mille ans [...] Là se tenait le grand marché aux légumes où depuis le Moyen Age venaient converger les produits des vergers et des jardins : d’où son nom de place aux Herbes. On voit encore dans la façade de la cathédrale les trous carrés dans lesquels s’engageaient les boiseries des étals des marchands. L’ensemble de la place était protégé par des tentes suspendues. Et tout autour s’ouvraient des échoppes, avec leurs bancs de pierre avancés, et leurs façades voûtées. »
 
« Ne pas se laisser détourner : à la Source ! à la Source ! Elle est là, d’ailleurs, tout près, coincée, ou plutôt tapie dans un creux au pied de la colline : un bassin d’eau verte, dont le centre ne bouillonne qu’après les gros orages. Quelques marches s’enfoncent sous ces eaux, accentuant encore l’impression d’un univers mystérieux et mortel où l’on serait tenté de descendre : deux demi-cercles de pierre qui ne mènent à rien. De l’autre côté de l’eau, contre la colline, un mur de dalles, d’autres terre-pleins, d’autres escaliers… comme si les architectes rationalistes du siècle des Lumières avaient tenté de maîtriser cette résurgence, cette eau venue du cœur de la montagne, cette origine mystérieuse de la ville. »
 
Nîmes sans visa : portrait d'une ville, 1987.
 
 
Valéry Larbaud (1881- 1957)
 
« La richesse et la magnificence de Nîmes résident moins dans ses monuments antiques et ses palais que dans le trésor de verdure et d’eau qu’elle enserre, reine d’un pays sec et sans ombrage. Eaux précieuses, profondes, superbement prodiguées, étalées, intronisées dans les jardins qu’elles vivifient, tombantes, bondissantes, couronnées de lauriers, offertes en spectacle, inépuisables sur leurs décors de ramures, jaillissantes sur les marches de leurs palais, endormies dans leurs conques, leurs vasques, leurs canaux ; couchées sur les autres jardins qu’elles nourrissent –sous les reflets du ciel et des branches - dans leurs profondeurs transparentes. »
 
Septimanie, dans Œuvres complètes, 1958.
 
Maurice Chauvet (1898 – 1972)
 
 « […] et si par une fin d’après-midi d’octobre, […], aller contempler la Maison Carrée quand les rayons obliques du soleil glissent comme une gamme musicale au long des rinceaux de la frise et palpitent aux pointes des acanthes où s’accrochent des feux vermeils. »
 
Le Languedoc méditerranéen, 1971.
 
Jean Reboul (1796 –1864)
 
« Le nîmois est à demi romain 
Sa ville fut aussi la ville aux sept collines
Un beau soleil y luit sur de grandes ruines
Et l’un de ses enfants se nommait Antonin. 
 
Ernest Daudet (1837-1921)
 
 
« C’était la vigne, petite propriété située aux portes de la ville, parmi les masets épars dans les garrigues, toute rôtie par le soleil et qui ne nous offrait d’autre abri qu’un kiosque en treillage où nous avons soupé en famille durant les soirs d’été, après avoir passé de longues heures à manger des raisins, œillades et clairettes. »
 
Mon frère et moi – 1882
 
A suivre…
 
(Illustration : France Pittoresque – Nismes)
 
Patrice Quiot