Samedi 27 Avril 2024
PATRICE
Mardi, 12 Mars 2024
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Souvenir Victoria…
 
 
Madrid.
 
 
 
Un samedi soir.
 
Terrasse de l’hôtel Victoria.
 
 
 
A la vue, le Teatro Real.
 
Et le cadran de l’immeuble de la Poste.
 
 
 
Calderón de la Barca.
 
Et les timbres colorés à l’effigie chauve et joufflue de Francisco Franco Bahamonde.
 
 
 
« La vie est un songe » de Pedro le Madrilène.
 
Et les fosses communes des fusillés rouges de celui d’El Ferrol.
 
 
 
En fond, une sirène de voiture de police.
 
Et la circulation en un léger murmure.
 
 
 
Runrun.
 
De gas-oil.
 
 
 
Chambre au plafond blanc.
 
Couleur sable du cuarto de baño et abricot des rideaux et du couvre lit.
 
 
 
Luis Miguel et Ava.
 
Toreo y belleza.
 
 
 
Couloir aux nuances.
 
De rouge et de brun.
 
 
 
Kitsch et mauvais goût.
 
Gourmette et montre en or des parvenus du mundillo.
 
 
 
Moquette.
 
Au motif de sortes d’insectes se faisant face.
 
 
 
« La métamorphose» de Franz Kafka.
 
Et le costume aux abeilles de Curro.
 
 
 
Escalier rampe en laiton.
 
Ou ascenseur.
 
 
 
De abajo hacia arriba.
 
De maletilla a figura.
 
 
 
Marbre, patine.
 
Poulies.
 
 
 
Rien ne bouge.
 
Mocassins vernis débarrassés de la poussière des ruedos.
 
 
 
Hall et dôme de lumières.
 
Murs roses, arrangements floraux.
 
 
 
Ordre bourgeois.
 
Celui de Santiago Martín de Salamanque.
 
 
 
Bustes de la Reine Victoria.
 
Fauteuils profonds, tentures empesées.
 
 
 
Effluve de décadence.
 
Celle de Proust.
 
 
 
Art taurin.
 
De peintres pompiers.
 
 
 
Galerie du convenu.
 
Sous les néons du vide.
 
 
 
Bar «Manolete», oficina de «Gonzalito»..
 
Exposition permanente de photos de Cano et deux factures signées par le Monstre.
 
 
 
Noir et blanc.
 
Ombre et lumière.
 
 
 
Et la chambre 406
 
Celle de l’attente, la sienne.
 
 
 
Pas de Wifi. Pas de lounge.
 
Un monde ancien.
 
 
 
Celui des ganaderos des fincas aux deux mille hectares.
 
Hautains de leur lignée.
 
 
 
Dans le lobby de l’entrée, la banque Simeón.
 
Et un magasin de fringues d’occase.
 
 
 
Espagne des contraires.
 
De la Real Maestranza à la portative.
 
 
 
Des ombres passent devant les portes.
 
En transparence de verre.
 
 
 
Un monde d’ailleurs.
 
Ignorant des secrets.
 
 
 
Dehors, la Plaza del Ángel.
 
Et les pigeons.
 
 
 
A côté la «Burgalesa », la« Viña P », la « Cervecería Alemana ».
 
Dont les céramiques finiront dans les résidences de luxe des « ladrilleros ».
 
 
 
Rue de Sevilla, plaza de Canalejas, calle de la Cruz ou calle Echegaray,
 
Odeurs de friture.
 
 
 
Qui rappellent à certains, ce d’où ils viennent.
 
Et à d’autres, ce qu’ils n’ont jamais connu.
 
 
 
C’était l’hôtel Victoria.
 
Il y a longtemps.
 
 
 
Il était là depuis 1923, l’année du coup d’état de Primo de Rivera.
 
L’année du « Diable au corps » de Radiguet et celle où, en prison, Hitler rédige «Mein Kampf».
 
 
 
C’était l’hôtel Victoria.
 
Plaza de Sta. Ana, 14, 28012, Madrid.
 
 
 Datos 
 
La construction du Grand Hôtel Reina Victoria a commencé en 1919 sur le site occupé par le palais du comte de Teba, où Prosper Mérimée a commencé à écrire « Carmen » et où a grandi Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III.
 
Construit par l’architecte moderniste Jesús Carrasco y Encina, l’hôtel est un bâtiment historique de ce mouvement architectural. Depuis son ouverture en 1923, le Grand Hôtel Reina Victoria, ainsi nommé en l’honneur de l’épouse du roi Alphonse XIII, a été considéré comme un symbole d’élégance et de luxe dans la capitale d’Espagne.
 
Avec l’avènement de la République en 1931, l’hôtel a perdu son titre royal, qu’il n’a pas retrouvé avant d’être rebaptisé en tant qu’hôtel Tryp Reina Victoria en 1989.
 
Mais cela n’a pas empêché les célébrités de continuer à venir dans cet hôtel emblématique. Il est devenu le centre du monde de la tauromachie. Manolete logeait dans la chambre 406. Luis Miguel Dominguín, Florentino y Flores, Joselito, Ruiz Miguel, Palomo Linares, Rafael de Paula, Bombita, Pedrés, Mazzantini, Arruza, Antoñete, El Viti, Ruiz Miguel et Víctor Mendes, entre autres, ont fait de l’hôtel leur sanctuaire privé.
 
Hemingway a séjourné à l’hôtel plusieurs nuits et l’a mentionné dans un de ses livres. Ava Gardner a également été fascinée par son atmosphère.
 
Patrice Quiot