Samedi 27 Avril 2024
PATRICE
Mercredi, 06 Mars 2024
esp06ph
 
Août 1996 : La route de Memphis d’Enrique…
 
« J'écoutais le disc-jockey
Dans la voiture qui me traînait
Sur la route de Memphis
Sur la route de Memphis…. »
 
Pour Enrique Ponce qui a vingt-cinq ans et six ans d’alternative, ça commence là-bas, en Basse Andalousie, le 1er au Puerto de Santa María au pied du château St Marc des Ducs de Medinacelli.
 
Folie des phares de la route de la nuit et le 2, on le retrouve à Azpeitia, là-haut dans le Nord ; puis le 3, sur l’estuaire du Río Tinto, Enrique est à Huelva, détruite complètement par le tremblement de terre qui secoua Lisbonne le 1er novembre 1755. Le 5, Alicante et sa plaza de toros en haut de la ville, à l’opposé de l’Esplanada de España qui longe la mer, l’accueillent.
 
Hôtel, equipaje fait et défait pour Vitoria, capitale de la carte à jouer le 6 ; La Coruña de la Galice franquiste l’attend le 7, puis, pas loin de St Jacques de Compostelle, Pontevedra le 8 avec, dans le ruedo à côté de l’église San Roque, les toros d’Alcurucén.
 
« Et la radio me vantait
Un truc débile qui m'endormait
Sur la route de Memphis
Sur la route de Memphis... »
 
Cuadrilla entassée pour à nouveau Vitoria et la Virgen Blanca le 9 ; cuadrilla fatiguée jusqu’à Benidorm blanche comme Alger le 10 ; cuadrilla éreintée jusqu’à Huesca, ancienne capitale de l’Aragon qui fera sonner sa cloche pour lui le 11.
 
Gijón, la ville de Jovellanos, l’un des esprits les plus éminents du XVIIIe siècle, l’accueillera le 12 dans le cadre de la «Semana Grande» organisée par Justo Ojeda. Embouteillages à la frontière et Béziers le 13 ; embouteillages encore pour rejoindre Bayonne le 14 et embouteillages toujours pour retrouver les toros de Samuel Flores à Dax le 15.
 
« Sur le siège avant, le chauffeur
Buvait de la bière en regardant l'heure
Sur la route de Memphis
Sur la route de Memphis…»
 
Bilbao, où est né Miguel de Unamuno, l’attend le 16, et, en prenant par Quintana de la Orden, Enrique rejoindra Villarobledo le 17 pour y retrouver dans leur province Dámaso et Caballero.
 
Autopista, recoge su ticket et le voilà, chez lui ou presque, à Játiva le 18 sans avoir le temps de penser à José de Ribera «Lo Spagnoletto» qui y vit le jour en 1591 ; Bilbao otra vez le 19 et la Málaga de Picasso les 20 et 21 avant les trois oreilles d’Antequera le 23 et le mano a mano du 24 à Cuenca.
 
« À la place du mort, un chien-loup
Me jetait un regard un peu fou
Sur la route de Memphis
Sur la route de Memphis… »
 
Et le 25 août à Cieza, à 19h52, un toro de Viento Verde blessa gravement Enrique Ponce.
 
« J'ai le droit de me taire et fumer
En gardant mes menottes aux poignets
Sur la route de Memphis
Sur la route de Memphis… »
 
12445 km et 21 corridas de toros en 24 jours !
 
Locura torera, direz-vous.
 
Mais alors, dites-moi aussi : Pourquoi, tous, becerristas, novilleros sin caballos, novilleros con caballos, matadores, pourquoi tous, rêvent-ils de cette merveilleuse folie estivale ?
 
« J'écoutais le disc-jockey
Dans la voiture qui me traînait
Sur la route de Memphis
Sur la route de Memphis... »
 
Datos 
 
- Cette année-là (1996) Jesús Janeiro Bazán « Jesulín de Ubrique » finira leader de l’escalafón avec 121 corridas de toros.
 
L’année suivante, Ponce en occupera le premier poste avec 108 corridas de toros.
 
Sur la route de Memphis est l'adaptation française par Eddy Mitchell de la chanson That's How I Got to Memphis de l'auteur-compositeur-interprète américain Tom T. Hall. Enregistrée à Nashville, en 1976, elle sort, la même année sur un album auquel elle donne son titre…
 
Patrice Quiot