Dimanche 28 Avril 2024
PATRICE
Vendredi, 09 Février 2024
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Mesita de noche...
 
 
Le lisse d’une surface de verre.
 
Qui ne connait pas la poussière des chemins des fincas.
 
 
 
L’écaillé du miroir de la chambre au dernier étage des pensions.
 
Ou les chiures de mouche sur les nappes des ventas de graillon du bord des routes.
 
 
 
Une surface.
 
Contiguë au rêve.
 
 
 
D’être devenu.
 
Ce qu’aujourd’hui il est.
 
 
 
Banquette muette.
 
D’un coche de cuadrillas au luxe immobile.
 
 
 
Et aux pieds chantournés.
 
De caoba.
 
 
 
Un endroit d’intimité.
 
Pour essayer de s’endormir.
 
 
 
Etincelante.
 
Comme celle de «Guernica».
 
 
 
L’ampoule.
 
De la lampe éclaire.
 
 
 
Des revues en papier glacé.
 
Et la dernière reseña mille fois lue.
 
 
 
Dont certaines phrases.
 
Sont comme de fraîches cicatrices.
 
 
 
Le réveil.
 
Dont les aiguilles qui tournent.
 
 
 
Annoncent.
 
Celles de l’horloge du lendemain.
 
 
 
Que lui, peut-être.
 
Arrêtera.
 
 
 
L’eau.
 
De la mini bouteille en plastique.
 
 
 
Qui n’a pas le même goût.
 
Que celle du Guadalete.
 
 
 
Ou celle bue.
 
A la timbale en argent.
 
 
 
Et le cendrier avec le briquet.
 
Qui attendent la cigarette du vide.
 
 
 
La dernière avant celle.
 
Fumée dans le patio de l’ombre.
 
 
 
Et qu’il partagera.
 
Avec le confianza.
 
 
 
Sur la mesita de noche.
 
Il a minutieusement déposé les accessoires.
 
 
 
Qu’il lui a confiés sans appréhension.
 
Comme il l’aurait fait.
 
 
 
A un mozo d’espadas.
 
De métal et de bois.
 
 
 
La montre.
 
Au cadran de platine et au bracelet de titane.
 
 
 
Achetée et payée.
 
Cash en metálico le lendemain de l’alternative.
 
 
 
La clé à la lourde boule en laiton.
 
De la chambre du palace où il a ses habitudes.
 
 
 
Jamais.
 
La 406, celle du «Monstre» mais aussi celle de Tomelloso.
 
 
 
La photo de son père.
 
Qu’une vache a rendu infirme.
 
 
 
Celle de sa mère.
 
Dans la cour du cortijo où maintenant elle vit.
 
 
 
Y el móvil.
 
Dont la première génération remonte à avant sa naissance.
 
 
 
Le seul.
 
Auquel il n’ait pas ordonné le silence.
 
 
 
La nuit.
 
Est là.
 
 
 
Presque nu.
 
Avec au poignet le bracelet en crin de lama de la faena d’Acho.
 
 
 
Il ne dort pas.
 
Il ne sait que trop que hier Juan a triomphé.
 
 
 
Et que demain.
 
Son sourire et sa poignée de mains le lui rappelleront.
 
 
 
Il le sait.
 
Parce qu’il l’a souvent fait.
 
 
 
Ce monde.
 
Est ainsi.
 
 
 
Il l’a toujours été.
 
Et toujours il le sera.
 
 
 
Mais pour rien.
 
Il n’en voudrait changer.
 
 
 
La sombre clarté.
 
Qui tombe des étoiles.
 
 
 
Et qui illumine.
 
La mesita de noche.
 
 
 
Lui signifie.
 
Qu’il est matador de toros et qu’il a vingt ans…
 
 
Patrice Quiot