Mercredi 08 Mai 2024
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Dimanche, 21 Janvier 2024
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Un torero über alles : Franz «El Káiser»...
 
20 juin 1976 au stade de l’Étoile rouge de Belgrade…
 
La RFA dont il est le capitaine vient de perdre la finale du championnat d’Europe.
 
Tête haute.
 
Aristocratique dans la défaite.
 
Franz Beckenbauer est magnifique de clase torera.
 
 
 
Un Lord Byron en crampons.
 
Un Luis Miguel en short blanc.
 
 
 
A la fin de cette année.
 
A 31 ans.
 
Il sera Ballon d’or, son second après celui de 1972.
 
Et remportera la première Coupe intercontinentale avec le Bayern.
 
Derniers exitos de la figura qu’il était depuis la Coupe du monde 1966.
 
 
 
L’année où Michel Platini signait sa première licence en pupille à l’AS Joeuf.
 
L’année où Francisco Camino Sanchez finissait leader de l’escalafón avec 95 corridas de toros.
 
 
 
Né en 1945, Franz est un damnificado de la défaite.
 
1945.
 
Allemagne en ruines.
 
1945
 
Allemagne année zéro.
 
 
 
Zéro comme cette même année à Palma del Rio.
 
L’était Manuel Benitez Pérez.
 
 
 
C’est à Giesing, dans son pueblo dévasté, que Franz a commencé à taper dans un ballon.
 
Le miracle de Berne du 4 juillet 1954 quand l’équipe de RFA remporta la Coupe du monde face aux Hongrois de Puskás fut sa révélation, son chemin de Damas.
 
«Soudain, être allemand, c’était redevenir quelqu’un. Berne nous fut une extraordinaire inspiration. Tout un pays avait regagné l’estime de soi.»
 
En 1954, Franz signe sa première licence au SC 1906 de Munich.
 
Il a neuf ans.
 
 
 
“Si un chico tiene sentido del temple y de la colocación puede ser un gran torero” disait Manolo Camará.
 
Franz : Un chico de cet acabit ; un José Gómez Ortega du balompié.
 
 
 
A 14 ans, en 1959, il rejoint le Bayern Munich, un club de secundón. 
 
Trois ans plus tard, d’agente de seguros il devient footballeur professionnel.
 
Ses 18 buts lors de la saison 1964-1965.
 
Promeuvent le Bayern de la Regionalliga à la Bundesliga.
 
Franz a dix-neuf ans.
 
 
 
L’année où Francisco Franco Bahamonde garrote l’Espagne depuis vingt-cinq ans.
 
L’année où Santiago Martin «El Viti » finit en tête de l’escalafón avec soixante-dix-sept corridas de toros.
 
 
 
Sa temporada suivante est de luxe.
 
Le Bayern gagne la Coupe d’Allemagne et Franz est appelé en sélection pour le Mondial de 1966 en Angleterre.
 
Contre l’URSS en demi-finales, il est phénoménal.
 
Rendant fou Lev Yachine, «L’araignée noire».
 
En finale, la Mannschaft est battue par les anglais après un but incertain de Geoff Hurst.
 
Franz a vingt ans.
 
 
 
L’âge de Rimbaud quand il cesse d’écrire.
 
L’âge d’Emilio, quand en 1982, matador de toros, celui de la calle Pureza fit cinquante-sept fois le paseo.
 
 
 
Son nom commence à sonner.
 
Le Bayern accumule les succès : Coupe d’Allemagne et Coupe des coupes 1967, premier titre de champion d’Allemagne en 1969, l’année où il en devient capitaine.
 
Dans un style que la Gazzetta dello Sport qualifiera de «Vivere a testa alta», «Vivre tête levée».
 
Avec Sepp Maier, Hans-Georg Schwarzenbeck, Paul Breitner, Franz Roth, Uli Hoeness et Gerd Müller.
 
Il entre dans la légende.
 
 
 
Comme Francisco López Romero.
 
Est devenu «El Faraón», Franz devient «Der Kaiser».
 
 
 
Et c’est en empereur qu’il règne.
 
Preux au bras en écharpe lors du match Italie-RFA en demies du Mundial 1970.
 
Et Cid Campeador en 1974.
 
En su tierra, menant les siens à la victoire.
 
Face à ceux de Johan Cruyff.
 
 
 
« Ne dédaignons pas trop la gloire : rien n'est plus beau qu'elle si ce n'est la vertu. » écrivait Chateaubriand.
 
Franz avait les deux.
 
 
 
Usé.
 
Blessé.
 
La temporada 1976/1977.
 
Marque sa première retirada européenne.
 
Au printemps, il part au-delà du «charco», au New York Cosmos.
 
 
 
Au Giant Stadium avec 47 passes décisives et 19 buts.
 
Au night-club «Studio 54» avec Pelé, Chinaglia, Carlos Alberto.
 
Comme «Manolete» avec Gitanillo de Triana, Manolo Caracol et Lola Flores au «Café Chicote».
 
Partout.
 
Il enchante.
 
 
 
Et comme le Cordobés ou José Tomás, cobra mucho :
 
342 millions de pesetas en quatre ans il prit aux ricains.
 
 
 
Il se rapatrie en 1980.
 
Au Hambourg SV.
 
Pour un dernier titre de champion d’Allemagne 1982.
 
Avant de raccrocher.
 
Après une ultime réapparition au New York Cosmos.
 
 
 
En 1984, il est sélectionneur de la Mannschaft. 
 
Maestro du collectif.
 
Et perfection de management.
 
Sabiduria.
 
Y pespectiva.
 
 
 
Un Mao Tsé-toung de la révolution footballistique.
 
Un Manolo Chopera derrière la ligne de touche.
 
 
 
Finaliste du Mundial 86.
 
Contre l’Argentine de Maradona.
 
Demi-finaliste de l’Euro 1988.
 
Vainqueur de la coupe du monde 1990 contre l’Argentine.
 
Il ne trouve pas ses marques à l’OM dans la cuadrilla du Tapie d’Adidas où il reste 103 jours.
 
 
 
Avant d’enfiler le traje de dirigeant.
 
Président du Bayern.
 
Président de la Fédé allemande.
 
Membre du comité exécutif de la FIFA.
 
Ordre bavarois du Mérite, Grand-croix de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne.
 
 
 
De Giesing à Zurich.
 
Un niño devenu prince.
 
De abajo a arriba.
 
 
 
Franz Beckenbauer.
 
Un monstruo du style.
 
Une légende de l’élégance et de la grâce.
 
Un torerazo du balompié, un artista.
 
Un genio.
 
 
 
Mort.
 
A l’âge.
 
De Pierre Corneille.
 
Au pays.
 
De Wolfgang Amadeus Mozart.
 
 
Datos 
 
Franz Beckenbauer, né le 11 septembre 1945 à Munich et mort le 7 janvier 2024 à Salzbourg en Autriche,
 
Grand nom de l'histoire du football au poste de libéro, Beckenbauer signe sa domination au plus haut niveau international en remportant en tant que capitaine de l'équipe d'Allemagne de l'Ouest le Championnat d'Europe de 1972 et la Coupe du monde deux ans plus tard. En plus de ses succès internationaux, Beckenbauer mène également son club du Bayern Munich au triplé en Coupe des clubs champions européens (1974-76) et est élu deux fois Ballon d'or, en 1972 et 1976 (il est à ce jour l'un des trois seuls défenseurs à avoir décroché la récompense avec son compatriote Matthias Sammer du Borussia Dortmund en 1996 et l'Italien Fabio Cannavaro de la Juve en 2006).
 
427 matchs de championnats avec le Bayern Munich.
 
Il connait sa première sélection le 26 septembre 1965 et la dernière le 23 février 1977.
 
103 sélections internationales avec l'équipe de RFA.
 
Il fait partie du cercle symbolique mais très fermé des joueurs aux plus de 100 capes. Durant tous ces matches, il marque 14 buts et porte le brassard de capitaine durant 50 parties.
 
Le Bavarois devient ensuite sélectionneur de l'Allemagne et remporte notamment la Coupe du monde 1990.
 
Il est considéré, avec Paolo Maldini, Franco Baresi et Bobby Moore comme l'un des meilleurs défenseurs centraux de l'histoire du football.
 
 
Patrice Quiot