Mercredi 08 Mai 2024
PATRICE
Mardi, 09 Janvier 2024
thot09pq
 
Thot…
 
Ce matin.
 
Je ne trouvais pas les mots.
 
Ils ne venaient pas.
 
 
 
Fermés.
 
Ils me narguaient.
 
De leur indifférence.
 
 
 
Hautains.
 
Ils me manifestaient.
 
Leur dédain.
 
 
 
Immobiles.
 
Indifférents
 
Ils me regardaient.
 
 
 
«Hi, mot ! Hi, mot !»
 
En vain.
 
Je les appelais.
 
 
 
«Venga, mot ! Venga, mot bonito !»
 
En vain de loin ou de près.
 
Je les citais.
 
 
 
Grattant le papier blanc.
 
De leurs lettres noires.
 
Ils se refusaient.
 
 
 
Me montrant.
 
Leur cul.
 
Souillé de merde.
 
 
 
Ils me renvoyaient.
 
Le désespoir.
 
De ne pas pouvoir écrire.
 
 
 
Cachés dans leurs secrets.
 
Ils m’échappaient.
 
Me laissant sans recours.
 
 
 
Rien n’y faisait.
 
Je ne trouvais plus les gestes.
 
Et ma main tremblait.
 
 
 
J’étais seul et ridicule
 
Et eux.
 
Innombrables et immenses.
 
 
 
Je pensais.
 
Deviner.
 
Leur sentiment.
 
 
 
D’amis de toute la vie.
 
Ils étaient soudain devenus.
 
Ennemis irréconciliables.
 
 
 
Me rendaient-ils.
 
Le mal.
 
De les avoir trop obligés ?
 
 
 
M’en voulaient-ils.
 
Du bien.
 
Que je ne leur avais pas assez fait ?
 
 
 
Je.
 
Ne savais.
 
Plus.
 
 
 
Un trou.
 
Le vide.
 
Rien.
 
 
 
Et
 
La page blanche.
 
Comme linceul.
 
 
 
Depistado.
 
Je sentais que j’allais
 
Au fracaso.
 
 
 
Je souhaitais.
 
Que tout.
 
En finisse.
 
 
 
Honteux.
 
Tête baissée.
 
Imaginant déjà ma retirada définitive.
 
 
 
J’allais.
 
Au burladero.
 
De la fenêtre de mon bureau.
 
 
 
Y boire.
 
La timbale d’eau.
 
D’un ciel gris.
 
 
 
Mais, là, tirant du fundón du lexique.
 
L’épée de Luna.
 
Aux trois canaux.
 
 
 
«Tue-les, tue les, corto y rápido !».
 
Me dit Thot.
 
Le dieu lunaire.
 
 
 
Le scribe des dieux.
 
Au savoir.
 
Illimité.
 
 
 
«Tue-les, tue-les, corto y rápido !».
 
Me dit Thot.
 
Mi fiel mozo.
 
 
 
Alors, relevant la tête.
 
Pour les regarder.
 
En face.
 
 
 
Les obligeant.
 
A enfin.
 
Embestir.
 
 
 
Les obligeant.
 
A enfin.
 
M’obéir.
 
 
 
C’est.
 
Exactement.
 
Ce que je fis.
 
 
 
Et sans miséricorde.
 
Sans indulgence.
 
Presque avec haine.
 
 
 
Tous.
 
Ensemble.
 
Je les occis.
 
 
 
Comme pour me défaire.
 
Du sortilège.
 
D’un cauchemar d’espejo.
 
 
Datos 
 
Thot est dans la mythologie égyptienne le dieu lunaire en Moyenne-Égypte. Représenté comme un ibis au plumage blanc et noir ou comme un babouin, Thot capte la lumière de la Lune, dont il régit les cycles.
 
Le respect que Thot inspire lui vient de son savoir illimité. Toutes les sciences sont en sa possession : Il connaît tout et comprend tout. En tant que détenteur de la connaissance, il est chargé de la diffuser. C'est pourquoi il a inventé l'écriture. Les anciens égyptiens pensaient que le savoir et la connaissance leur avaient été transmis par des livres et des écrits que Thot avait volontairement abandonnés dans des temples. Cependant, la conscience aiguë qu'il a de sa supériorité intellectuelle le rend ennuyeux, présomptueux et pompeux. Il aime les discours soignés, les formules alambiquées et affecte les tons empruntés. Souvent il agace les autres divinités qui ne manquent pas de le lui faire remarquer. Ses compétences s'étendent aussi au domaine des mathématiques dans lequel il excelle.
 
Il préside à l'audition des morts au tribunal d'Osiris, et c'est Anubis qui pèse et juge les défunts en comparant le poids de leur cœur.
 
Patrice Quiot