Jeudi 09 Mai 2024
PATRICE
Mercredi, 13 Décembre 2023
 per13px
 
Charlotte, el papagayo…
 
Dans «Un cœur simple», Flaubert met en scène la vie de Félicité, traversée par les malheurs et les déceptions.
 
Félicité synthétise tout ce qu'est une créature opprimée.
 
Elle reçoit en cadeau le perroquet Loulou.
 
A la mort de Loulou, elle le fait empailler et il devient l’objet de sa vénération, seul objet apportant à son existence réconfort et poésie.
 
Un "soupir dans un monde sans cœur".
 
Le perroquet de l’hôtel «Amatcho» à Bayonne ne s’appelait pas Loulou, mais Charlotte.
 
C’était un ara, rouge et vert et il nichait dans le coin de la salle à manger, à gauche en entrant.
 
J’aimais cet oiseau et j’aimais l’«Amatcho » au 27 avenue du Maréchal Soult.
 
Ma première rencontre avec Charlotte remonte au mois de juillet de l’année 1974 quand sur les bords de l’Adour, Lucien Orlewski «Chinito» vint dans la ville du chocolat, de Lapébie et de Didier Deschamps pour y tuer deux pencus de La Guadamilla compartiendo cartel avec Sébastián Cortés et Pedro Somolinos.
 
C’est à cette occasion que j’appris que l’oiseau habitait à l’«Amatcho » depuis son ouverture en 1958.
 
Et quand j’imaginais le nombre de matadores de toros, de novilleros, de banderilleros, de picadores, de mozos de espadas, d’apoderados, d’empresas et de journalistes de tout crin et de tout poil qui avaient déjeuné ou diné dans la salle à manger où elle vivait depuis 1958, je me disais que si on mettait bout à bout tout ce que Charlotte avait pu entendre, elle aurait aisément pu concurrencer Del Moral pour la reseña, Wolff pour les pensées altières, Robert Piles pour les chistes et en concluais, qu’à ces motifs, Charlotte ne pouvait être qu’aficionada.
 
C’est donc dans cet univers de toros que je rencontrai Charlotte et que Charlotte grandit.
 
Le temps passa…
 
Et Charlotte était toujours là.
 
Un matin de juin 1975, je prenais mon petit déjeuner à l’«Amatcho».
 
En face de moi, Paco Bautista que je ne connaissais pas.
 
Dans ce langage de plage dont on ne se rappelle jamais, je lui parlais de tout et de rien.
 
Charla d’aficionado.
 
Charlotte me regardait d’un drôle d’air et Bautista ne m’écoutait pas, comme si son esprit était ailleurs.
 
En me quittant, il s’excusa de son manque d’intérêt pour ce que je lui racontais en me disant que deux ans avant, le 3 juin 1973, il toréait à Barcelone quand «Curioso» un toro d’Atanasio avait tué Joaquín Camino.
 
J’eus honte de l’insignifiance de mes propos ; je crois que Charlotte avait senti la chose et qu’elle avait essayé de me prévenir.
 
Car elle était brave, Charlotte.
 
Et c’est logique puisque «Amatcho » en basque, ça veut dire mamie ou un truc qui connote l’affection, la gentillesse.
 
J’aimais l’«Amatcho».
 
J’aimais Charlotte.
 
Et la Ste Charlotte échoit le 17 juillet.
 
Presque pendant les fêtes de Bayonne.
 
C’est drôle les toros.
 
« Un soupir dans un monde sans cœur » écrivait Flaubert.
 
Datos 
 
Francisco Bautista Cruz, « Paco Bautista », nacido en Quesada (Jaén) el día de San Francisco del año 1945; debuta de luces en la Plaza de Vista Alegre de Madrid, con caballos lo hace el 9 de septiembre de 1967 en Palencia. Toma la alternativa en el Coso de Santa Margarita, de Linares, un 27 de agosto de 1972 siendo padrino Diego Puerta y testigo Francisco Rivera “Paquirri”.
 
Joaquín Camino Sánchez (Camas, noviembre de 1943 - Barcelona, 5 de junio de 1973) fue un banderillero y novillero español, hermano del torero Paco Camino.
 
Inició su carrera en novilladas sin picadores en el año 1961 y con picadores en 1963. Debutó como novillero en la Plaza de las Ventas de Madrid en junio del año 1965, abandonando poco después sus pretensiones de tomar la alternativa, pasando a formar parte de la cuadrilla de su hermano Paco Camino. En total actuó como novillero en 65 ocasiones y fue miembro de la cuadrilla de su hermano durante siete años.
 
El 3 de junio de 1973, mientras participaba como subalterno en una corrida celebrada en la Plaza de toros Monumental de Barcelona, el toro « Curioso », perteneciente a la ganadería de Atanasio Fernández, le infligió dos cornadas muy graves en el momento de colocar las banderillas, como consecuencia de las heridas sufridas falleció dos días después, el 5 de junio a la una de la tarde. Fue enterrado en la localidad de Camas, muy próxima a Sevilla, donde tiene dedicada una calle.
 
Patrice Quiot