Mercredi 08 Mai 2024
PATRICE
Samedi, 09 Décembre 2023
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Despedirse…
 
"Me rebelo contra los que quieren quitarme lo que es mío, mi vida” (Santiago Martín, «El Viti»).
 
 
Ça vient peu à peu.
 
D’une façon sournoise.
 
 
 
Dissimulée.
 
Mais lancinante.
 
 
 
Secrète.
 
Mais révélée.
 
 
 
Avec la force sourde.
 
De l’inéluctable.
 
 
 
On la sent.
 
Tapie au fond de soi.
 
 
 
Sans oser.
 
Se l’avouer.
 
 
 
On essaye en vain.
 
De reculer l’échéance.
 
 
 
Mais la réalité.
 
Annihile le raisonnement.
 
 
 
Enfiler le costume.
 
Porte presque peine.
 
 
 
Il n’a plus.
 
La même couleur.
 
 
 
Parait.
 
Trop étroit.
 
 
 
Et pèse.
 
Lourd.
 
 
 
Le miroir de la sorcière.
 
Renvoie.
 
 
 
Un visage.
 
Creusé des rides du doute.
 
 
 
Et des yeux qui clignent.
 
Au rythme trop rapide du cœur.
 
 
 
Les jambes et les bras.
 
Ont moins de certitude.
 
 
 
Le poignet et la main.
 
Aussi.
 
 
 
On appréhende.
 
Leur tremblement.
 
 
 
Le capotazo.
 
Est moins léger.
 
 
 
Le muletazo.
 
Plus atrás.
 
 
 
Le coup d’épée.
 
Moins joyeux.
 
 
 
L’oficio.
 
Masque l’envie.
 
 
 
Les recours.
 
La vérité d’un pathétique.
 
 
 
Le toreo qu’on donne à voir.
 
N’est plus celui qu’on aime.
 
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On est tenté.
 
Par le fuera de cacho.
 
 
 
Les passes.
 
Ne sont plus les mêmes.
 
 
 
On ne dit plus.
 
Les mêmes choses.
 
 
 
L’hypothèse de l’échec.
 
Prend le pas sur celle du triomphe.
 
 
 
Ses cornes.
 
Semblent plus grandes.
 
 
 
Sa charge.
 
Pèse davantage.
 
 
 
On rompt
 
Plus souvent.
 
 
 
Et on s’en veut.
 
De moins pouvoir.
 
 
 
On sait que même.
 
S’ils ne disent rien.
 
 
 
Les compañeros.
 
Le sentent.
 
 
 
Et le troisième.
 
Sur l’affiche.
 
 
 
N’était pas né.
 
Le jour où on débutait.
 
 
 
On sait qu’on partira.
 
De nous-même.
 
 
 
Avant.
 
Que l’ordre nous le signifie.
 
 
 
On sait.
 
Que le même ordre.
 
 
 
Nous rendra grâce.
 
En paroles et standing ovations.
 
 
 
On sait aussi
 
Que le jour où ça arrivera.
 
 
 
Et que l’ami.
 
Coupera pour toujours le postiche.
 
 
 
Presque tout.
 
Se finira.
 
 
 
Une rupture.
 
Amère.
 
 
 
Un arrachement.
 
Inévitable.
 
 
 
Que les mots.
 
Ne suffiront jamais à dire.
 
 
 
Despedirse.
 
Ça s’appelle.
 
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Datos 
 
Lorsque le torero quitte la profession en mettant un terme à sa carrière, il fait sa «despedida».
 
En général, il se fait couper d'une manière symbolique la coleta, le petit chignon qu'il porte.
 
Patrice Quiot
 
(NDLR : Photos de la despedida de José Mari Manzanares avec un très émouvant « corte de la coleta » par son fils… José Mari !!! Séville, 1er mai 2006. Un souvenir vécu sur place qui, rien qu’en l’évoquant, me donne encore la "carne de gallina", comme ce fut le cas lors de sa sortie a hombros par la Porte du Prince avec Morante comme costalero, entouré notamment de Padilla, Ponce, Litri, El Cid, A. Barrera, Rivera Ordóñez et... tantos otros  !!! PH)