Vendredi 03 Mai 2024
RUFO
Mercredi, 06 Décembre 2023
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Rencontre à Nîmes avec le matador Tomás Rufo, venu à l’initiative de sa Peña pour une courte mais dense incursion sur nos terres taurines…
 
Après une journée intense en visites diverses mardi dernier, Tomás est revenu sur Nîmes en soirée, notamment pour découvrir l’Espace Pablo Romero et son superbe musée taurin. C’est là que j’ai pu le rencontrer pour une entrevista, avant qu’il ne soit invité, à quelques pas de là, à terminer la soirée à la Bodega Macarena où l’attendaient les membres de sa peña…
 
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Avec le président Vincent Roger
 
A Nîmes, le dimanche des Vendanges 2023, après son triomphe et un indulto lors de la Pentecôte 2022, Tomás Rufo s’est encore illustré lors de la substitution de Morante de la Puebla en sortant a hombros par la Porte des Cuadrillas après avoir réalisé un faenón face à son premier toro de Victoriano del Río. Une course historique avec la despedida d’El Juli et l’alternative de Solalito, mais aussi avec un Tomás qui réussit particulièrement bien dans l’amphithéâtre romain… 
 
 
- Pepino, Talavera, Toledo, d’où viens-tu exactement ?
 
Pour clarifier, je suis né à Talavera de la Reina, mais j’ai vécu avec mes parents à Pepino, ces deux communes appartenant à la province de Tolède. Je vis toujours dans ce pueblo où je me sens bien et où je peux m’entrainer au campo comme je le souhaite. Concernant mon inclination pour les toros, sans que je puisse dire que je suis sorti d’une famille taurine, le plus proche était mon père qui avait pour fonction d’aller chercher les toros de corrida. Mais quand j’étais petit, je voulais avant tout devenir footballeur ! J’ai joué à Talavera, mais j’ai eu envie de m’essayer au toreo et la passion m’a fait incliner vers ça. J’ai alors fréquenté l’école taurine de Tolède pendant trois ans puis tout s’est enchainé. 
 
 
- Quand et où as-tu débuté en novillada non piquée puis en piquée ?
 
- J’ai débuté en sans picadors à Talavera alors que j’avais seize ans. Et pendant deux ans, j’ai toréé pas mal de non piquées. A dix-huit ans, je suis passé en piquée pour les deux ans qui ont suivi, pandémie incluse.
 
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- Ta carrière de novillero a compris quelques triomphes majeurs, comme j’ai pu m’en rendre compte pour la novillada de Fuente Ymbro lors de la Feria de Otoño 2019 à Las Ventas à l’issue de laquelle tu es reparti par la Puerta Grande…
 
Oui, j’ai aussi coupé trois oreilles à Vistalegre qui est un peu comme une mini San Isidro, avec aussi des triomphes au Puerto de Santa María, Bayonne et quelques autres, avec en vérité une carrière dans cette catégorie très intense.
 
 
- L’alternative s’est alors profilée, mais à cause de la situation sanitaire, ça ne t’a pas été possible de la prendre à Mont de Marsan ! 
 
- A cette époque, c’est l’empresa de Madrid qui m’apodérait et on m’a alors proposé de la prendre à Mont de Marsan avec une corrida de Jandilla et Talavante et Roca Rey au cartel. Mais cette année, j’avais toréé une novillada à Olivenza puis tout est devenu compliqué et la chose qui me restait à faire, comme pour mes compañeros, c’était de continuer à me préparer au campo !
 
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- En définitive, après cette triste période passée, tuas pu la prendre… à Valladolid !
 
- Oui, en septembre 2021, parrain El Juli et témoin Manzanares. Cette tarde a représenté pour moi un réel impact, ayant coupé quatre oreilles aux toros de Garcigrande. Cette course mémorable m’a effectivement servi pour attaquer la temporada suivante dans les meilleures conditions, je suis d’ailleurs entré pratiquement dans toutes les ferias. 
 
 
- Par qui es-tu actuellement apodéré ?
 
- J’ai été apodéré de novillero par Rafael Garrido, de Plaza1, puis début 2021, par la casa Lozano, Pablo et Juanma étant ceux qui me suivent de plus près. Je dois dire que dans ce domaine, je suis très satisfait.
 
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- Nîmes… Une arène qui te réussit plutôt bien, non ?
 
- J’éprouvais une certaine déception par rapport à cette arène car pour ma confirmation, j’y avait indulté un toro de Cortés (Victoriano), le dernier de la feria de Pentecôte 2022. Or, je n’étais pas programmé au départ cette année, mais j’ai finalement pu revenir en substitution de Morante… pour un nouveau triomphe avec un grand toro de Victoriano del Río ! 
 
 
- Comment as-tu pris le fait d’être appelé pour remplacer Morante ?
 
- Comme un grand privilège ! C’était bien sûr une responsabilité, mais je pense avoir su montrer une nouvelle fois mes capacités. Cette corrida a été très importante et je pense qu’elle va me servir pour entrer encore davantage dans les ferias françaises. 
 
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- Quels sont tes autres grands souvenirs de 2023 ?
 
- Ma Porte du Prince de Séville, évidemment, ma feria de Otoño de Madrid, Santander et je pense, beaucoup d’autres encore au cours d’une temporada que je juge très positive. 
 
 
- Comment peux-tu définir ton toreo ?
 
- Je pense que je suis plutôt un torero classique, toréant de façon naturelle, sans choses forcées, tout en réalisant des combats qui plaisent au public. 
 
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- As-tu des modèles ? 
 
- Oui, mon référent a toujours été El Juli ! Il est à présent retiré, mais quand j’étais petit, c’était mon idole et maintenant, c’est ma référence.
 
 
- As-tu des ganaderías ou des encastes préférés ?
 
- En vérité, j’ai eu beaucoup de plaisir à toréer les Victoriano del Río qui m’ont procuré de grandes tardes, notamment à Nîmes et Séville, ainsi que toutes celles que j’ai combattues qui m’ont permis de triompher, telles que Juan Pedro Domecq, Jandilla, Alcurrucén…
 
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- En toréant le plus souvent avec les figuras, comment parviens-tu à surmonter la pression ?
 
- A base d’une grande préparation. Personne ne te fait de cadeau, c’est le travail et le sérieux qui paient et qui te permettent d’avancer. Et en définitive, les choses arrivent…
 
 
- Iras-tu en Amérique pour la temporada actuelle ?
 
- Oui, je vais partir à Manizales pour deux courses, j’en suis très satisfait car c’est une feria importante. Je souhaite que ça se passe bien et qu’il y en ait d’autres…
 
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- Quels sont tes objectifs pour 2024 ?
 
Continuer à progresser comme torero, faire un pas en avant chaque jour jusqu’au point de parvenir à me hisser au sommet ! Etre bien dans les toros et dans ma vie…
 
 
- Pour conclure, as-tu une peña dans ton pays et qu’est-ce que tu penses du fait d’en avoir une ici ?
 
J’ai effectivement une peña dans mon pueblo, à Pepino, et une autre ici, à Nîmes ! C’est un luxe, pour moi, de se sentir soutenu par ces aficionados et d’une manière plus générale, je pense que le respect et l’éducation taurine que l’on ressent chez vous se trouve dans peu d’endroits ailleurs et qu’un triomphe y est très important. C’est bien pour cela que j’espère à brève échéance pouvoir être inclus dans les cartels de vos plus importantes ferias !!!
 
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Je dois dire que j’ai été franchement conquis par ce jeune diestro au cours de cette rencontre, non seulement pétri de talent sur le plan professionnel, mais aussi pour la chaleur de ses rapports humains, se montrant aussi sympathique et charismatique que sérieux. Bien entendu, on le reverra avec plaisir, en lui souhaitant un peu avant l’heure une temporada 2024 qui réponde totalement à ses attentes. Suerte, Tomás…