Mercredi 08 Mai 2024
PATRICE
Lundi, 06 Novembre 2023
nov05pq
 
Novembre…
 
« Voici que la saison décline, 
L’ombre grandit, l’azur décroît, 
Le vent fraîchit sur la colline, 
L’oiseau frissonne, l’herbe a froid. »
 
Dernière gerbe.
 
Victor Hugo (1802/1885).
 
 
C’en est fini.
 
D’une autre temporada.
 
 
 
Il pleut.
 
Sur les toros de la carretera.
 
 
 
Un vent aigre cogne.
 
Aux portes fermées des plazas.
 
 
 
Un corbeau noir.
 
Est perché sur la barrera.
 
 
 
Le ciel bas.
 
Touche l’andanada.
 
 
 
Les flaques.
 
Noient le sable du piso.
 
 
 
La brume.
 
Fait la queue aux taquillas.
 
 
 
Sanlúcar.
 
Devient Londres.
 
 
 
La calle Iris.
 
White Chapel.
 
 
 
Machado.
 
Devient Dickens.
 
 
 
L’été de Joaquín Sorolla.
 
Le froid de Brueghel le Vieux.
 
 
 
Tombent les feuilles mortes.
 
Sur les esportones en peine.
 
 
 
Et le gris des nuages.
 
N’est pas celui.
 
 
 
Du plomo de Giorgio Armani.
 
Habillant à Ronda, Antonio Cayetano Rivera Ordóñez.
 
 
 
Comme un sobresialente.
 
Le soleil rarement vient au quite.
 
 
 
Avant de retourner.
 
Au matadero du solstice.
 
 
 
Et au fond des armoires.
 
Fijos sont les trajes de luces.
 
 
 
La nuit de fin d’après-midi.
 
Masque le soleil de las seis.
 
 
 
L’heure qui change.
 
Laisse indifférente la pendule aux aiguilles mortes.
 
 
 
Le froid apprenti.
 
Remplace la chaleur émérite.
 
 
 
Les gants.
 
Empêchent d’applaudir.
 
 
 
Les parapluies.
 
Ne sont pas ceux du «Se da ! Se da !».
 
 
 
Les grimaces d’Halloween.
 
Ternissent les carteles sur les murs de chaux.
 
 
 
La suie des cheminées.
 
Ignore la couleur du jasmin.
 
 
 
Les écharpes se nouent.
 
Au cou des toros.
 
 
 
Les chrysanthèmes.
 
Evincent œillets et damas de noche.
 
 
 
Le cimetière du Pont de Justice.
 
Celui de San Fernando.
 
 
 
La soupe épaisse.
 
Ignore la manzanilla d’albariza et de voile de fleur.
 
 
 
« Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
 
 
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ? »
 
 
 
Approche la solitude.
 
D’un long hiver.
 
 
 
Y hasta de mi alma.
 
Caen hojas.
 
 
 
Mais, dans l’accablement d’un mois.
 
Où seuls fleurissent les premiers apretones de manos.
 
 
 
Qui scellent un passé.
 
Ou promettent un avenir.
 
 
 
On peut, comme le reflet d’un lucero escondido.
 
Quelquefois apercevoir dans la triste boue des chemins.
 
 
 
Le blanc et le rose.
 
Des amandiers de la primavera.
 
 
 
Quand la neige fondue de la sierra de Grazalema.
 
Colore d’azul purísima le cours du Guadalete.
 
 
 
Et retrouver dans le café brûlant.
 
D’un sombre matin de Toussaint.
 
 
 
Le goût des torrijas de leche.
 
De la madrugada del Jueves Santo.
 
 
 
L’odeur de cire des cierges de l’Alameda.
 
Et la douceur du visage d’une vierge aux maraquillas.
 
 
Patrice Quiot