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PATRICE
Vendredi, 03 Novembre 2023
beirut03pk
 
1er octobre 1961 : Toros en Beirut (1)…
 
« Sous le soleil du Moyen-Orient, Julio Aparicio, Juan Bienvenida et Mondeño ont fait le paseo sous les applaudissements de 60.000 spectateurs au son des notes d'un pasodoble exécuté par un orchestre composé de treize garçons ; tous des espagnols qui travaillaient dans l'un des cent quarante cabarets de Beyrouth.
 
Le stade «Camille Chamoun», au bord de la Méditerranée, présentait un aspect impressionnant. A son sommet flottait le drapeau espagnol et dans les tribunes, un public composé d'Arméniens, de Byzantins, de Maronites, de Sumites, de Hittites, de Druzes, de Coptes, de Latins, toutes religions confondues por la gracia de unos españoles.
 
Il est trois heures et demie l'après-midi. Le soleil chauffe. Et il y a douze toros dans les corrales car dimanche prochain il y aura encore corrida de toros à Beyrouth. 
 
Les toreros, désireux de gagner le respect et l'admiration du monde arabe, ont accepté de se présenter con los seis toros más lucidos. 
 
Les douze toros sont dans le poids réglementaire exigé par toute plaza espagnole et le hasard fait que le premier toro combattu au Liban porte le numéro 1 ; comme le deuxième et le troisième, il provient de l’élevage andalou d'Hidalgo Rincón ; les trois derniers de la ganadería de Quesada, qui, la temporada prochaine, s’annoncera sous le nom de Julio Aparicio.
 
Le premier toro de l’après-midi entra en piste. Un étrange murmure l'accueillit, pero el bicho defrauda a los libaneses. 
 
Cela ne démarrait pas comme ils l’espéraient. 
 
Lors de la première rencontre, le toro renversa le cheval contre l’estribo. Une partie du public s’en réjouit ; une autre protesta ; peu applaudirent. A la seconde pique, le cheval alla à nouveau au sol. 
 
Plus personne n’applaudit.
 
Aparicio le toréa con buen aire y lo mata estupendamente de una estocada. 
 
J'assistais à la corrida dans la loge des autorités en compagnie d’Emilio García Gómez, notre ambassadeur au Liban, et de son épouse.  Quand le toro roula au sol, cette dernière me demanda : « ¿Hay mulillas? » et je lui répondis : « Ahora lo vamos a ver, señora ». 
 
Et on vit apparaître un camion qui arrastra le premier toro tué dans cette plaza.
 
Au quatrième toro, resplendirent l'art et la maîtrise d'Aparicio. Le public, devenu soudain aficionado, savoura la faena du Madrilène. 
 
El toro cae de una estocada y la plaza se cuaja de pañuelos. 
 
Esto iba tomando color.
 
Le premier toro de Juanito Bienvenida sortit avec du gaz et la chose satisfit le public, pero como zarandea y acuesta dos veces al caballo, la clameur s'apaisa. 
 
Bienvenida commença la faena assis sur l’estribo, amena le toro au centre, y se adorna. 
 
Demi-estocade et descabello.
 
Le toro fut arrastré par une grue.
 
En su segundo, Bienvenida toma los palos y prende tres pares con el salero de la casa. Juanito ha acertado con el gusto de los libaneses. Faena variada, vistosa, artística, en los medios. 
 
Il tua d’une demi-lame et de deux coups de descabello. 
 
La femme de notre ambassadeur me demanda: « Oiga usted, ¿ hay enfermería ? ». « No señora ; hay un equipo de ambulancias dispuesto a la puerta de cuadrillas », la contestó.
 
Mondeño [qui fut torero avant d'être moine] accueillit le troisième par véroniques. El toro aprieta en la suerte de varas, pero el caballo se mantiene en pie. Applaudissements.
 
Les banderilleros furent également applaudis.
 
Mondeño hace la estatua. El toreo de Mondeño causa estupor en Beirut.
 
Pinchazo et descabello.
 
Au sixième, à droite, Mondeño dio pases escalofriantes y hace nuevamente la estatua. Le torero aguanta sans se laisser intimider par les voyages codiciosos du toro. 
 
Enthousiasme général. 
 
Pinchazo, media y descabello.
 
La corrida a duré exactement une heure et quarante-cinq minutes. Les toreros ont coupé les oreilles de tous les toros, mais cela n'est pas le plus important. 
 
Ce qu'il convient de dire, c’est que la corrida a été présentée avec sérieux et a suscité de l’intérêt.
 
El espectáculo ha sido digno, decente.
 
Et pas un seul spectateur ne quitta son siège avant la fin. »
 
A suivre…
 
Reportage de Santiago Córdoba adressé à ABC et publié le 3 octobre 1961…
 
Patrice Quiot