Mercredi 08 Mai 2024
PATRICE
Mardi, 17 Octobre 2023
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Les mouches…
 
Los toros tienen que ser a las cinco de la tarde con sol, calor y moscas” (Bartolomé Coll)
 
« Mouches familières,
inévitables et goulues,
mouches vulgaires, vous
évoquez pour moi toutes choses.
 
Oh ! vieilles mouches voraces
comme abeilles en avril,
vieilles mouches tenaces
sur mon crâne chauve d'enfant !
 
Mouches du premier vague à l'âme
dans le salon familial,
en ces claires soirées d'été
quand je commençais à rêver !
 
Et à l'école détestée,
mouches folâtres et rapides,
poursuivies
par amour de ce qui vole,
 
-car tout n'est que vol - bruyantes,
rebondissant sur les vitres,
les jours d'automne…
Mouches de toutes les heures,
 
d'enfance et d'adolescence,
de ma jeunesse dorée,
de cette seconde innocence
qui se targue de ne croire en rien,
 
de toujours… Mouches vulgaires,
si familières que nul ne saura
dignement vous chanter :
je sais, vous vous êtes posées
 
sur le jouet enchanté,
sur le bouquin fermé,
sur la lettre d'amour,
sur les paupières glacées
des morts.
 
Inévitables et goulues,
non pas diligentes comme les abeilles,
ni, comme les papillons, brillantes;
petites, espiègles,
vous, mes vieilles amies,
évoquez pour moi toutes choses."
 
Antonio Machado.
 
Extrait de "De soledades. Galerías. Otros poemas" (1907).
 
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Datos  
 
Antonio Cipriano José María Machado Ruiz, plus connu sous le nom dʼAntonio Machado, né le 26 juillet 1875à Séville et mort le 22 février 1939 à Collioure est un poète espagnol, l'une des figures du mouvement littéraire espagnol de la Génération de 98.
 
Lorsqu'éclate la Guerre civile d'Espagne, en juillet 1936, Antonio Machado est à Madrid. Il se trouve séparé pour toujours de son frère, qui vivait en zone nationaliste et avait choisi de soutenir le camp franquiste.
 
Antonio, lui, met sa plume au service du parti républicain.
 
Il écrit un poème évoquant l'exécution de Federico Garcia Lorca (El crimen fue en Granada). Machado est évacué avec sa mère, Ana Ruiz, et deux de ses frères, Joaquín et José, à Valence, puis en 1938 à Barcelone.
 
A la chute de la Seconde République espagnole, ils sont contraints de fuir vers la France. Arrivé à Collioure, à quelques kilomètres de la frontière, épuisé, Antonio Machado y meurt le 22 février 1939, trois jours avant sa mère.
 
"De soledades. Galerías. Otros poemas" : «En el Machado de esta primera etapa, anterior al tema de Soria y del paisaje castellano, ya se perciben algunos de los elementos que iban a presidir su obra: determinadas metáforas, gratas al poeta, temas de una concreta vibración personal y esa reconocible altura poética y tono diáfano que le acompañó desde el principio ». (La Casa del libro).
L’ouvrage le plus connu d’Antonio Machado est « Champs de Castille».
 
Dans le prologue de 1917 de l’opus, Antonio Machado résume ainsi sa vie :
 
« Je suis né à Séville une nuit de juillet de 1875 dans le célèbre Palacio de las Dueñas, situé dans la rue du même nom. Mes souvenirs de ma ville natale sont tous enfantins car à huit ans je m’en fus à Madrid où s’installèrent mes parents et je fus élevé à l’Institution libre d’Enseignement. Mon enfance et ma jeunesse sont madrilènes. J’ai voyagé un peu en France et en Espagne. En 1907, j’obtins une chaire de langue française à Soria… »
 
L'installation à Soria, en Castille, son mariage avec Leonor Izquierdo, en 1909, un séjour à Paris en 1911, tels sont les événements qui précédent la publication en 1912 de Champs de Castille. 
 
Des corridas de toros, Machado disait « "Por esto las corridas de toros, que, a mi juicio, no divierten a nadie, interesan y apasionan a muchos. La afición taurina es, en el fondo, pasión taurina; mejor dicho, fervor taurino, porque la pasión propiamente dicha es la del toro."