Mercredi 08 Mai 2024
PATRICE
Jeudi, 12 Octobre 2023
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En 1934, Juanita Cruz fut la première torera à faire reconnaître son droit à l'égalité avec les hommes.
 
À la fin de 1933, Juanita Cruz une Madrilène qui n'avait pas encore 17 ans, adressa une requête au ministre de l'Intérieur pour demander l'abrogation du précepte du règlement taurin qui interdisait aux femmes de combattre à pied. 
 
Elle le fit dans le cadre de la Constitution républicaine approuvée deux ans plus tôt et qui reconnaissait l'égalité des hommes et des femmes.
 
Dans ses écrits, recueillis entre autres journaux par « La Luz» le 28/12/1933, Juanita soulignait que :
 
« L'article 124 du règlement taurin, en accordant un privilège légal en faveur des hommes, viole l'article 25 de la Constitution, qui précise clairement : « Le sexe ne sera pas la base du privilège légal », et en outre l'article 33 de ladite Constitution, qui dit : "Chacun est libre de choisir une profession." »
 
Juanita avait confié dans une interview que lorsqu'elle était enfant, elle avait pleuré de rage à plusieurs reprises parce qu'elle n'était pas née homme.
 
Elle avait commencé à toréer à l'âge de 15 ans à León, où elle avait tué son premier becerro. 
 
Elle put ensuite toréer dans plusieurs arènes d'Espagne grâce aux autorisations spéciales de certains gouverneurs de province alors que le ministre de l'Intérieur, Santiago Casares Quiroga, s'opposait à la modification de la réglementation en vigueur depuis 1908 qui interdisait aux femmes de toréer. 
 
Car le fait était très mal vu, même parmi les personnes aux idées libérales et avancées ; cependant, grâce à la plus grande permissivité apportée par la République « Juanita había podido participar en novilladas con el aplauso de un parte del público y el rechazo de otra. Entre los aficionados más tradicionales, las mujeres que como ella se atrevían a ponerse delante de un toro eran tratadas de forma despectiva. »
 
Parmi les opposants, en février 1934, le journal « Torerías » fit référence à Juanita en des termes que son avocat et plus tard mari, Rafael García, considérèrent comme offensants. 
 
Il adressa une lettre ouverte à toute la presse dans laquelle il affirmait «que no tolerará se roce en lo más mínimo la moralidad femenina de su poderdante, quien es, moral y materialmente, una señorita en toda la extensión de la palabra. »
 
Le mois suivant cette polémique, le magazine «Fiesta Brava» lui consacra sa couverture du 2 mars 1934, lors de sa prestation dans les arènes de Murcie devant 18 000 spectateurs.
 
Après des changements au ministère de l'Intérieur, le nouveau ministre Rafael Salazar Alonso, fut plus enclin à autoriser les femmes à toréer. 
 
Juanita était sur le point de réaliser son rêve en étant mise à pied d'égalité avec les hommes.
 
Une semaine plus tard le journal «Torerías» écrivait :
 
« Hemos leído que por la Dirección General de Seguridad se ha informado favorablemente el caso de las señoritas toreras y que todo está pendiente de que el ministro de la Gobernación autorice la actuación de las mismas. Ya tenemos, pues, el feminismo invadiendo los ruedos. Porque no podemos creer que ese ministro encuentre argumento legal para oponerse al legitimo derecho que tiene la mujer para usar de las prerrogativas que la Constitución actual les confiere. »
 
« La Fiesta Brava », l'une des meilleures revues taurines de l'époque, continua à défendre avec passion le droit des femmes à toréer avec des mots qui méritent d'être reproduits car ils reflètent les progrès réalisés dans la mentalité espagnole :
 
« Cuando a Eva se le ha reconocido el derecho al sufragio; cuando nada se opone a que esta tenga representación parlamentaria; cuando en fábricas y talleres compiten en actividades con el ‘sexo fuerte’ y pueblan las universidades cursando todo género de carreras; cuando la mujer no encuentra obstáculo para hacerse ingeniero y conducir una máquina de ferrocarril; cuando puede obtener el título de piloto aviador y vemos por esas calles infinidad de ‘autos’ conducidos por manos femeninas ¿qué razón hay para privar a una mujer de que ciña su venusiano cuerpo con la recamada ropa del lidiador y que se lance a los ruedos a disputarles a los hombres la gloria y el dinero? Ninguna. »
 
(A suivre)
 
Patrice Quiot