Jeudi 09 Mai 2024
BAYONNE
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Cinq oreilles pour un final en triomphe…
Troisième et dernière corrida de la feria de l’Atlantique, entrée soutenue, temps légèrement ensoleillé, température agréable, deux heures quarante de spectacle. Six toros de Zacarias Moreno, bien présentés, de 566 à 533 kilos, bien armés et d’une honnête bravoure à la pique. Tous deux châtiments, plutôt collaborateur à la muleta, le sixième renverse le cheval.
Alejandro Mora (blanc et or) qui prenait l’alternative : au premier, une demi-lame, avis, salut ; au dernier, une entière foudroyante, deux oreilles.
Manuel Escribano (noir et or) : au deuxième, une entière, une oreille ; au quatrième, une entière, une oreille avec forte pétition de la seconde.
Emilio de Justo (noir et or) : au troisième, une entière, une oreille ; au cinquième, un pinchazo, une entière, silence.
Président : Christophe Robin (Cercle taurin bayonnais), assesseurs, Bertrand Adoue (cercle taurin bayonnais) et Benoît Bacot (Cercle taurin bayonnais).
 
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Alejandro Mora repart de Bayonne avec deux oreilles pour sa corrida d’alternative. Coupées à son second toro, mais détaché du poids de responsabilité de l’alternative, il a donné une belle leçon de tauromachie. Pour lui, cette course avait commencé avec un tercio de cape où l’essentiel de son travail fut de sortir le toro des « tablas ». Puis vint l’heure de la cérémonie… avec l’officiant, Manuel Escribano, le témoin Emilio de Justo et pour certifier, son oncle, Juan Mora en costume trois pièces.
Une cérémonie différente de beaucoup d’autres et dont l’importance a dû peser sur les épaules du garçon. On le sentait crispé dès ses premières passes de châtiment, même s’il prenait le large dans de longues séries sur la main droite, terminées à gauche avec de spectaculaires pechos. Une faena avec d’excellents moments, mais il eut le tort de faire durer. Malheureusement, il tua mal.
Mais pour conclure, avec le sixième, ce fut un torero totalement transfiguré qui apparut sur le sable des arènes. Très vite, après avoir brindé au public, il entre dans la faena et lance une très longue série à droite qu’il remate à la perfection, d’un pecho de maître. Il paraît avoir tout dit, mais le toro retrouve un fond de force et lui conteste sa domination. Le soldat Alejandro Mora repart au combat et s’impose définitivement par une dernière série sur la main gauche. Son estocade est fulgurante.
 
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Manuel Escribano venait à Bayonne pour remplacer Daniel Luque. Contrat parfaitement rempli… qu’il dépliait par une première larga à genoux avant de prendre les banderilles. Un jeu où il excelle, gratifiant son public d’un premier quiebro qui fit se lever les arènes. A la muleta, il n’y avait pas grand-chose à lui reprocher dans ses belles et longues séries sur les deux mains. Rien à contester à l’acier avant que ne tombe un trophée. Il voulait revenir encore plus fort et il monta d’un cran avec une porta gayola qui ouvrait un tercio de cape volontaire, mais parfois chiffonné. Dommage.
Son dernier toro de la course, il le dédia à Juan Mora à l’issue d’un nouveau tercio de banderilles éclatant d’émotions. Maintenant il accrochait le cœur des spectateurs par une série de passes de la droite, dessinées à genoux, au centre de la piste… Il allait poursuivre par un enchaînement de naturelles esthétiques, données avec lenteur et profondeur. Manuel Escribano avait dit l’essentiel de son art…
 
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Il n’y a pas grand-chose à reprocher à Emilio de Justo, il fut souvent trop sage, auteur d’une tauromachie très classique. Tout le monde a apprécié ses naturelles sculpturales. Avec son second toro, il insista sur ce style… mais cette fois sans grande conviction. On avait l’impression que le torero s’ennuyait. Pourtant son toro paraissait séduisant.
Avec la sortie en triomphe de Manuel Escribano, accompagné sur les épaules des porteurs par Alejandro Mora, cette dernière course a donné une nouvelle dimension à une feria qui avait dû affronter au milieu de son déroulement une météo compliquée. Tout se termine parfaitement, laissant augurer une excellente prochaine édition.
Jean-Michel Dussol – Photos : Bruno Lasnier.
Matin : Novilladas sans picadors. 
Etonnants novillos de J.-F. Majesté. Pedro Luis emporte le concours…
A l’issue de la finale des novilladas sans picadors, Pedro Luis, Péruvien de l’école taurine de Tolède, croulait sous les récompenses. Du trophée du meilleur toreo de cape à la meilleure estocade jusqu’au trophée de la ville de Bayonne, le garçon a tout raflé. On peut écrire que cette finale s’est déroulée en deux temps, des éliminatoires avec les novillos d’Alma Serena et du Camino de Santiago et la finale avec la Espera. Les novillos de Jean-François Majesté ont soudainement transformé le concours avec deux exemplaires, très mobiles, agressifs, débordant de caste qui ont rappelé aux novilleros que la tauromachie est surtout un exercice de courage, parfois une danse, mais aussi un combat.
 
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Andoni Verdejo avait ouvert la matinée et à l’issue pouvait méditer le vieil adage latin : « le Capitole est proche de la roche tarpéienne… ». Coupant une oreille lors de sa première sortie, il entendait les trois avis avec le La Espera de la finale. Pourtant, l’élève de Richard Milian, avec le novillo d’Alma Serena (famille Bats) avait été parfait à la cape, maîtrisant totalement une faena très douce et harmonieuse. Sélectionné pour la phase finale, il allait être complètement dépassé et souvent mis en déroute par le novillo très compliqué de La Espera. Un très mauvais souvenir, mais l’occasion de s’accrocher et de repartir.
 
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Fran Fernando, lui aussi face à un Alma Serena, après avoir brindé au public commençait dans un bon registre avec un toreo naturel et des moments de lutte avec une muleta très basse. Mais en fin de faena, il « perdait les papiers » et devenait très brouillon.
 
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Pedro Luis se présentait alors devant un Camino de Santiago (Jean-Louis Darré) applaudi à son entrée en piste. On découvrit un garçon très stylé dans ses passes de châtiment, reculant parfois, mais toujours très présent. Après avoir été qualifié pour la finale, il poussera ces qualités au maximum. Il multipliera alors les passes changées dans le dos, changera de main au cours de chacune de ses séries et démontrera chaque fois une grande maîtrise.
 
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Diego Mateos qui complétait le groupe de départ resta dans un répertoire très classique. Mais il sera trop souvent parallèle et loin du novillo. Il était nettement en dessous de ses compagnons de cartel.
Une novillada qui a confirmé l’élevage landais de Jean-François Majesté avec la vuelta accordée au dernier novillo de Pedro Luis. Le dernier né des ganaderos du Sud-Ouest est en train de brûler les étapes. Cette belle réussite à Bayonne pèsera lourd pour la suite.
Jean-Michel Dussol - Photos Philippe Gir Mir.