Mercredi 08 Mai 2024
MONT DE MARSAN
Vendredi, 21 Juillet 2023
jec21pk
 
De piètres Cebada Gago et une oreille pour Colombo…
 
Troisième corrida de feria, arènes quasi combles, soleil et nuages, température agréable, deux heures vingt-cinq de spectacle. Six toros de Cebada Gago, bien faits, sans excès de poids et correctement armés. Tous deux piques, sauf le cinquième, trois châtiments, certains s’éteignant rapidement. Le troisième et le quatrième sifflés à l’arrastre, souvent sosos à la muleta.
 
Domingo López Chaves (rouge fané et or) : au premier, une entière, silence ; au quatrième, une entière, silence.
 
Fernando Robleño (moutarde et or) : au deuxième, demi-lame et un descabello, silence ; au cinquième, demi-lame et trois descabellos, vuelta.
 
Jesús Enrique Colombo (bleu marine et or) : au troisième, une entière, une oreille ; au dernier, un pinchazo et une entière, vuelta.
 
Président : Bernard Sicet.
 
Cette troisième course de la feria de La Madeleine a été trahie par les toros de Cebada Gago. Déception d’autant plus grande que l’on était face à un élevage qui déçoit rarement et qui avait été très présent à Pampelune. Ils furent le plus souvent ternes, refusant parfois le combat, fuyant souvent vers les planches, difficiles à les intéresser au cheval. Pour certains plus mobiles et plus compliqués, c’est la technique qui faisait défaut chez les toreros.
 
En fait, la grande respiration nous vint au troisième avec un Jesús Enrique Colombo qui sur un éclair d’inspiration dans un geste éminemment taurin débordant de fougue et de jeunesse relançait la course qui s’endormait. Auparavant, il avait été obligé d’arracher les passes pour de petites séries et soudain, terminant un muletazo sur la main gauche, s’enroule dans l’étoffe, se retourne, avec courage fait face aux cornes et dans la seconde enfonce l’épée jusqu’à la garde. Le toro tombe, l’arène exulte et exige l’oreille. En quelques secondes, le mouchoir blanc tomba du palco.
 
Le Vénézuélien pensait bien avoir, une nouvelle fois, cette réussite avec l’acier pour terminer. Il avait livré une toreo que l’on peut qualifier de baroque, avec des naturelles très classiques côtoyant des muletazos étranges et des ronds complets. Pour se sauver, il lui fallait un nouvel exploit. Il tenta un recibir et échoua. A la seconde tentative, l’oreille se mua en vuelta.
 
Domingo López Chaves, après vingt-cinq ans de carrière, faisait ses adieux à l’aficion. L’événement fut célébré par les cadeaux de la commission taurine. Mais le diestro aurait sûrement préféré un adversaire de qualité plutôt que ce toro fuyant, cherchant les planches plus que le combat. Toutefois, il réussit quelques belles séries à gauche, mais malgré cela, ce ne fut pas très convaincant. Il avait brindé cette première sortie à Christophe Andiné, président de la commission taurine. Quand il revint, il s’adressa au public dans un long et chaleureux brindis. Mais très vite son adversaire se montra réservé et pratiquement intoréable, même si Domingo s’efforça de lui arracher quelques passes. Il fallait en terminer rapidement et celui pour qui ce devait être la fête « écouta » un second silence.
 
Fernando Robleño entra sur le sable avec sept énormes capotazos et termina avec une somptueuse demie. Mais cette vibrante entrée en matière tourna court. Pourtant, en début de faena, on espérait toujours avec ces muletazos de châtiment, genoux pliés, dans de longues séries à droite et quelques gauche aidées de l’épée, mais l’apathie du toro donna une séquence sans profondeur. Avec le second adversaire, Robleño força son pouvoir et son début de faena réveilla l’intérêt de l’arène. Il réussit à dessiner un ensemble complet et très classique. Un toreo de volonté.
 
Cette troisième journée demeurera marquée par la déception des Cebada Gago, à peine ombre de leur réputation.
 
(Jean-Michel Dussol – corridasi - Photo : Bertrand Caritey)