Mercredi 08 Mai 2024
PATRICE
Jeudi, 06 Avril 2023
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Le boudin noir de «L’Imperator»…
 
Nous sommes en mai 2005.
 
Nous sommes à Nîmes.
 
C’est la Pentecôte.
 
 
 
Et Rimbaud vient au quite:
 
« Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles. »
 
 
 
Tout allait bien.
 
Alain Clément avait réalisé l’affiche ; le mercredi, Jonathan avait pris l’alternative avec les Victoriano ; jeudi, Denis avait tué les Baltasar ; vendredi, Sébastien les Hnos Gutiérrez Lorenzo ; samedi, Jean-Baptiste les toros du Pilar ; le dimanche matin, Marie-Sara d’autres Hnos Gutiérrez et ce dimanche après-midi, Stéphane tuerait les Palha.
 
 
 
Mon copain Cédric Bourges, périgourdin de pura cepa, m’avait rejoint pour la Feria.
 
Le premier soir, après que Cédric eut refusé les avances coquines d’une femme qu’on ne connaissait pas, nous avions dormi à Castanet, au mazet de mon ami Georges Philibert «Beb», ancien professeur, psychanalyste récent, adepte des produits de «La Vie Claire» et de la macrobiotique, aficionado à ses heures perdues et qui nous avait hébergés pour la nuit.
 
Avant de quitter sa Dordogne natale, Bourges s’était essayé à faire du boudin et en avait emmené un morceau que nous avions goûté ensemble, laissant le reste dans le frigo.
 
Le lendemain, la féria commençait ; les jours passant et la locura nimeña aidant, nous avions oublié «Beb» et le boudin.
 
Jusqu’au dimanche où Cédric et moi convînmes d’aller faire l’apéro de midi à «L’Imperator».
 
 
 
Grand salon, superbe terrasse, somptueux jardin, serveurs en tenue et nœud papillon con servilleta en el brazo, serveuses en jupe noire et blusa blanca.
 
Des señoritos gominés en jeans et chemisette à 375 euros, des bimbos aux grosses lèvres et aux nichons siliconés, des intellos bavards, quelques homos, des artistes de cinoche et des socialistes barbus, une exposition de peinture taurine, le tout dans une odeur de savonnette et d’eau de toilette.
 
 
 
Champagne et petits fours.
 
Babil mondain y cuento assorti.
 
 
 
Avec Bourges, on s’était installé en terrasse avec quelques amis.
 
Enrique Ponce était passé près de nous pour rejoindre l’équipe de «Face au Toril» de Jacobi qui avait programmé de l’interviewer.
 
Il avait trente-quatre ans.
 
Ici même, en 1996, il avait été énorme devant «Sangroso », de Samuel Fores ; ici même, en 2001, il avait gracié le « Descarado » de Victoriano et en 2004 le « Anheloso » de Juan Pedro.
 
Le lendemain matin, compartiendo cartel avec Morante et Conde, il devait toréer la corrida de Sánchez Arjona.
 
La course fut suspendida à cause de la pluie.
 
Figura maxima du toreo, sa discrétion et sa réserve en Lacoste rose renvoyaient au montón de l’impudeur les señoritos hâlés et les señoritas lippues.
 
A cette époque-là, à Almería, Ana Soria était en barboteuse.
 
 
 
Notre table avait commandé une quille de «Costières de Nîmes» blanc que le camarero en nœud papillon nous avait apportée accompagnée d’une petite assiette embouteillée de six chips délicatement posées sur un napperon en papier.
 
Cédric et moi repensâmes alors à  «Beb» et au boudin en se disant que, ma foi….
 
 
 
Un coup de téléphone régla l’affaire ; l’ancien professeur, psychanalyste récent, adepte des produits de «La Vie Claire», de la macrobiotique et aficionado à ses heures perdues nous rejoignit avec la morcilla périgourdine dûment préservée dans un sac plastique estampillé «Casino».
 
On s’enquit d’une assiette, d’un couteau, d’un peu de moutarde, on découpa le boudin en tranches et on s’y attaqua goulûment.
 
 
 
Goguenards, les señoritos, les bombasses, les intellos, les homos et les socialistes observaient cette ripaille qui était pour nous ce que l’évasion est au prisonnier ou l’insurrection à l’opprimé.
 
Néanmoins, on leur en proposa et je fis le tour de la terrasse reseñant la charcutaille vernaculaire d’un «Criado y echo par Cédric Bourges, au Coux et Bigaroque, Dordogne ».
 
A l’exception de Varela qui considéra la chose comme indigne du lieu et de son statut, ils en prirent tous, certains deux fois ; Michel Paulin, lui, y revint à quatre occasions.
 
 
 
Le campo s’était invité à «L’Imperator» et le sang de cochon faisait la nique aux bulles guindées des bobos hors-sol des barreras de primera fila.
 
Ce fut un moment de perlas finas et Bourges commanda une deuxième quille.
 
 
 
Après, après, après…
 
Si un jour vous le rencontrez, Bourges vous racontera :
 
 
 
Son alternative d’aficionado devant les arènes, Agnès Peronnet allant de testigo et moi de padrino, les profiteroles à la brandade chez «Nicolas», la rencontre avec Denis Loré et la discussion entre Cédric et lui sur la meilleure façon de taquiner le brochet, l’armagnac de 1945 et le Havane Montecristo n°3 dans les salons du «Lisita», la chemise qu’il m’avait achetée et celle que je lui avais offerte, la chambre du général partagée au mess des officiers, le soleil et les arènes pleines, la musique, la rencontre avec Pepe Linares au «Prolé», Jean-Paul Journot et un ami à lui qui buvaient du thé et qui nous imaginaient ensemble, le retour de Cédric et sa soirée à Montpellier avec cette gachi qui était venue lui dire bonsoir d’une drôle de façon…
 
… Et «Beb», Varela, Paulin et JP Journot qui sont morts.
 
 
 
Tout ça si loin.
 
Et pourtant si proche.
 
« Un conte sans amour est comme du boudin sans moutarde ; c'est chose insipide ! » écrivait Anatole France.
 
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Datos 
 
Nîmes/Pentecôte /2005 / Carteles
 
Miércoles 11 de mayo, corrida con Fernando Cepeda, José Ignacio Uceda Leal y Jonathan Veyrunes (alternativa). Reses de Victoriano del Río.
 
Jueves 12 de mayo, corrida con “El Fundi” y Denis Loré, mano a mano con toros de Baltasar Ibán.
 
Viernes 13 de mayo, corrida con El Cid, Sebastián Castella y Miguel Ángel Perera. Toros de Hnos. Gutiérrez Lorenzo.
 
Sábado 14 de mayo, matinal, corrida mixta con Pablo Hermoso de Mendoza, José María Manzanares, padre y Julio Benítez “El Cordobés” con astados de Gutiérrez Lorenzo para rejones y de Alcurrucén para la lidia a pie.
 
Sábado 14 de mayo, por la tarde, corrida con Juan Bautista, Matías Tejela y Eduardo Gallo que lidiarán toros de El Pilar.
 
Domingo 15 de mayo, corrida matinal de rejones con Joao Moura, padre, María Sara, Andy Cartagena y Joao Moura hijo (alternativa) ante reses de Hnos. Gutiérrez Lorenzo.
 
Domingo 15 de mayo, por la tarde, corrida con Fernández Meca, Pepín Liria y Juan José Padilla que lidiarán un encierro de Palha.
 
Lunes 16 de mayo, corrida matinal con Enrique Ponce, Javier Conde y Morante de la Puebla con toros de Sánchez Arjona.
 
Lunes 16 de mayo, por la tarde, corrida con César Rincón y El Juli mano a mano ; toros de Daniel Ruiz.
 
Patrice Quiot